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Le symbolisme polonais

L’exposition qui vient de s’ouvrir au Musée des Beaux-Arts de Rennes est non seulement l’une des plus belles offertes au public en 2004 mais probablement aussi la manifestation artistique majeure de la saison polonaise (Nova Polska) en France ; si l’on doit s’en féliciter par ce qu’elle révèle de la vitalité et du courage des musées de province, on peut aussi en être surpris. A l’exception de l’exposition Mehoffer au Musée d’Orsay, intéressante mais modeste, les grands établissements parisiens n’ont, une fois de plus, pas été en mesure d’organiser un événement novateur significatif sur le plan scientifique consacré à l’art étranger ; la plupart des expositions d’art non français à Paris sont en effet des reprises clefs en main, et souvent avec une transposition scénographique désinvolte (le cas désastreux de Böcklin au Musée d’Orsay en 2001), d’événements produits hors de nos frontières sans intervention d’historiens français. Il est vrai que les conservateurs parisiens se voient contraints à des tâches administratives écrasantes et qu’ils répugnent néanmoins à faire appel aux chercheurs et spécialistes extérieurs à l’institution. Francis Ribemont, directeur du Musée de Rennes et son homologue de Poznan ne semblent pas souffrir de ce genre de blocage et c’est donc une collaboration exemplaire et une équipe scientifique bilatérale de haut niveau (alliant musées et universités, en particulier Rennes II) qui ont présidé à l’organisation de cette présentation passionnante.

Après le Symbolisme russe à Bordeaux et le Symbolisme idéaliste français (Les Peintres de l’âme) au Pavillon des arts à Paris (2000), c’est ainsi un nouveau pan méconnu de l’époque symboliste qui se trouve dévoilé. Il faut dire tout de suite que les multiples découvertes que propose cette présentation bénéficient d’un accrochage parfait ; les œuvres sont suspendues à une hauteur normale (et non pas au ras du plancher comme on en a l’habitude regrettable depuis quelques années) et chacune d’entre elles, chose rarissime, est accompagnée d’un cartel analytique et biographique, travail considérable et essentiel qu’il faut saluer. Il est difficile de ne pas évoquer le parcours de l’exposition tant il est raisonné et cohérent.
L’Ordre règne à Varsovie, gravure de Rops, inaugure la première salle et situe d’emblée la Pologne, c’est à dire ce « nulle part » invoqué par Jarry dans son Ubu roi. C’est ici une manière de rappeler la condition de ces artistes, privés de leur patrie depuis son partage entre l’Autriche, la Prusse et la Russie, occupation rendue plus insoutenable encore après l’échec de l’insurrection de 1863. L’Etoile tombante de Pruszkowski vient comme une métaphore poétique de cette nation bafouée dont la nostalgie tient une place centrale dans l’inspiration des artistes. Une série d’aquarelles de Deskur mettant en scène le Sphinx introduit la thématique symboliste et l’on a ainsi une synthèse du contexte polonais : la conjonction de préoccupations métaphysiques communes au…

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