Le Louvre Abu Dhabi raye le Qatar de la carte

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Rayer littéralement un pays de la carte, prétendre qu’il n’a jamais existé, et ceci dans un espace réservé aux enfants, donc à l’éducation, dans un musée qui porte le nom de Louvre. Voilà l’immense exploit que vient de réaliser, à peine plus de deux mois après avoir été inauguré en grande pompes par le Président de la République Emmanuel Macron, le Louvre Abu Dhabi.


1. La carte géographique présentée au Louvre Abu Dhabi
où le Qatar a disparu
Photo : Simon Henderson
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2. La carte réelle, avec la péninsule du Qatar
Photo : Wikipedia (public domain)
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C’est un « think tank » américain, The Washington Institute for Near East Policy, qui étudie la politique américaine au Proche Orient, qui a révélé ce scandale dans un article de Simon Henderson paru mercredi dernier où était analysée l’opposition entre le Qatar et les Émirats Arabes Unis. Il remarque justement que cet « effacement géographique est probablement incompatible avec l’accord de la France d’autoriser Abu Dhabi à utiliser le nom du Louvre ».

Pour la « vision universelle » tant vantée par le président du Louvre Jean-Luc Martinez, cela fait un peu désordre. Il n’est pas exagéré de parler ici de révisionnisme géographique, politique et diplomatique. Alors que les tensions montent entre d’une part l’Arabie Saoudite et les Émirats Arabes Unis, et de l’autre côté l’Iran et le Qatar, le Louvre prend parti ostensiblement pour les premiers en niant l’existence même de ce dernier pays. Car rappelons-le : rien ne peut se faire théoriquement au Louvre Abu Dhabi sans l’accord du Louvre. Le musée a-t-il autorisé l’utilisation de cette nouvelle carte de la région ? On espère qu’au moins il n’était pas au courant. Depuis quand d’ailleurs cette carte est-elle exposée ?
Ce qui est certain en revanche, c’est que Manuel Rabaté, le directeur du Louvre Abu Dhabi, dont nous avions ici même critiqué la nomination à un poste pour lequel il n’a aucune compétence, est pleinement responsable de ce scandale. Cela prouve, ce que nous écrivions alors (voir l’article), cette affaire est grave, car elle engage l’image de notre pays dans le monde. Nous n’en avons eu connaissance que ce soir, samedi 20 janvier, via notamment les réseaux sociaux et des médias arabes. Le seul article en français semble pour l’instant être celui de Red’Action, un site manifestement lié au pouvoir turc. Nous n’avons donc pas pu interroger le Louvre ou le ministère de la Culture, mais nous ferons part dans un prochain article de leur réaction, s’ils le souhaitent.

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