La CNPA dit non au projet d’enlèvement des vitraux de Viollet-le-Duc

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1. Alfred Gérente (1821-1868)
sous la direction d’Eugène-Emmanuel Viollet-le-Duc (1814-1869
Vitrail de la chapelle Saint-Éloi, 1865
(première chapelle du bas-côté droit)
Menacée d’être déposée et remplacée par un vitrail contemporain
Photo : Janericloebe (Domaine public)
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11/7/24 - Patrimoine - Paris, cathédrale Notre-Dame - La situation politique française et l’affaiblissement politique, quel que soit le gouvernement à venir, d’Emmanuel Macron, a libéré le ministère de la Culture des diktats venus de l’Élysée. C’est ainsi que son projet de remplacement des vitraux de Viollet-le-Duc par des vitraux contemporains (voir les articles), auquel nous nous sommes opposés avec force, et avec une pétition réunissant à ce jour plus de 147 700 signatures, vient d’être refusé par la Commission nationale du patrimoine et de l’architecture. Celle-ci, qui ne devait être consultée qu’au mois de novembre après le choix d’un lauréat, s’est saisie de la question en exigeant d’être consultée rapidement. Et le résultat de la session qui s’est réunie aujourd’hui en fin de matinée, est sans ambiguïté : c’est un refus à l’unanimité de tous les votants. Les fonctionnaires, qui avaient reçu l’ordre de soutenir le remplacement des vitraux, ont été autorisés par la direction générale des patrimoines à ne pas prendre part au vote, ce qui revient de la part de cette administration d’ordinaire frileuse à une opposition.

Bien sûr, la CNPA, dont le rôle est de conseiller le ministre de la Culture (dont on ne sait pas qui il sera d’ici quelques jours) n’a qu’un avis consultatif. Mais pour un sujet qui fédère autant d’opposition, y compris les agents du ministère, on imagine mal comment le président de la République, qui a sans doute d’autres chats à fouetter, pourrait s’obstiner dans son entreprise, même si de sa part tout est possible.

Rappelons une nouvelle fois, pour ceux qui confondraient tout, que nous ne sommes pas opposés aux vitraux contemporains dans des monuments anciens, à deux conditions : que ceux-ci ne viennent pas se substituer à des vitraux déjà existants, et qu’il se montrent respectueux de l’édifice dans lequel ils sont installés.
Aujourd’hui même, au moment où la commission refusait le projet de vitraux à Notre-Dame, nous avons visité, avant sa réouverture le 21 septembre, le trésor de la cathédrale de Chartres dans la chapelle Saint-Piat derrière le chevet. La salle capitulaire, au rez-de-chaussée, où sont désormais exposés les fragments du jubé, et où les baies étaient fermés par du verre blanc, s’est vu doter de vitraux commandés, après un concours, à l’artiste coréenne Bang Hai Ja (disparue en septembre 2022). Ils sont à la fois beaux et parfaitement en harmonie avec cette salle.


2. Bang Hai Ja (1937-1922) et Atelier Peters de Paderborne
Vitraux
Chartres, cathédrale Notre-Dame, salle capitulaire de la chapelle Saint-Piat
Photo : Didier Rykner
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Nous ne savons rien pour la cathédrale Notre-Dame de Paris de la seconde condition, puisque aucun projet n’a encore été choisi. Mais la première suffit à disqualifier un tel projet puisque comme nous l’avons déjà écrit à maintes reprises, les vitraux dessinés par Viollet-le-Duc existent toujours, n’ont pas souffert de l’incendie, et ont même depuis été restaurés. Nous devons, tant que ce projet n’est pas abandonné, continuer à nous y opposer, et pour cela il n’est pas trop tard pour continuer à faire signer la pétition.

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