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Imaginaire de l’Arioste, l’Arioste imaginé

Paris, Musée du Louvre, du 26 février au 18 mai 2009.

1. Pisanello (avant 1395-1455)
Coque d’un navire portée par un dragon
et esquisse d’un dragon

Plume et encre brune, lavis brun, pierre noire - 19,4 x 28,3 cm
Paris, musée du Louvre
Photo : Musée du Louvre
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Lorsque Ludovico Ariosto, dit l’Arioste, fait paraître son Orlando furioso (Roland furieux) à Ferrare en 1516, il ne se doute probablement pas du retentissement que connaîtra son œuvre en Europe jusqu’au XIXe siècle. Si les lecteurs de cette épopée-fleuve se font rares aujourd’hui, les amateurs de littérature chevaleresque ont tout de même quelque familiarité avec un récit riche en combats, idylles et trahisons. C’est bien cette optique de l’imaginaire que privilégie une telle exposition : sont évoquées aussi bien la fortune esthétique que les origines culturelles de l’œuvre littéraire de l’Arioste, formidable source d’inspiration de générations d’artistes rêvant de gloire et de drame. Jamais on ne sombre dans un catalogue ennuyeux et peu utile des œuvres illustrant le Roland furieux : impossible bien entendu de quantifier cette production, dont les musées français à eux seuls conservent de très nombreux témoignages [1]. L’idée est bien moins de prétendre à une somme des interprétations iconographiques que d’envisager les influences, l’héritage et les mutations du Roland furieux, à la fois manifeste et témoignage d’un idéal chevaleresque fantasmé à toutes les époques depuis le Moyen-Âge.

Toutefois, comme pour la plupart des expositions organisées galerie Mollien, les tableaux, dessins et sculptures présentés proviennent presque tous du Louvre, dont les collections, aussi riches soient-elles, ne peuvent donner qu’une idée très partielle du sujet. A contrario, certaines pièces capitales sont restées dans leurs salles habituelles : pourquoi se priver de l’Angélique et Médor de Toussaint Dubreuil [2] ou du Roland furieux de Jehan Duseigneur ? [3] Une exposition thématique doit-elle se limiter à, ou du moins favoriser, une seule technique artistique ? Les petits et moyens formats retenus sont pourtant loin d’être à leur avantage dans la muséographie choisie, directement reprise de Pierre Boulez. Œuvre : Fragment exposition présentée auparavant en ces mêmes lieux. Autant la mise en espace très ouverte fonctionnait bien pour les rapports entre peinture abstraite et musique contemporaine, autant elle désoriente pour un parcours qui se veut surtout chronologique.

Pierre angulaire de la littérature raffinée de la haute Renaissance, le Roland furieux n’est pourtant pas révolutionnaire : il n’est qu’un avatar, éminent mais symptomatique, de cette culture courtoise en faveur dans les milieux aristocratiques en Europe depuis le XIVe siècle. Commencer l’exposition avec des dessins de Pisanello et son entourage est donc pour le moins pertinent : encore marqués par la grâce linéaire du gothique international, ses gentes dames et preux chevaliers préfigurent néanmoins les raffinements intellectuels de l’Arioste.…

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