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Hans Haug, homme de musées. Une passion à l’œuvre

Auteurs : Collectif sous la direction de Bernadette Schnitzler et Anne-Doris Meyer

L’histoire de l’art a tant de succès qu’elle suscite à présent sa propre histoire. Et singulièrement dans le monde exaltant, voire emblématique, des musées. On ne s’étonnera donc pas, on s’en félicitera même, que paraissent des ouvrages spécialement consacrés à tel ou tel conservateur, comme celui qui célèbre Hans Haug (1890-1965), recueil d’études publiées à l’occasion d’une exposition récemment organisée à Strasbourg par les musées de sa ville d’attache et de glorieuse mémoire [1].
Encore une exposition certes, mais le bon prétexte à une instructive publication, d’un genre plutôt rare, entre histoire et éloge local, et suffisamment étoffée pour s’ouvrir à l’intérêt général. Travers habituel à ce genre de travail collectif comme on les aime de nos jours, la multiplicité des auteurs, une quinzaine pour trente contributions et plus, sans compter une utile bibliographie chronologique des écrits de Hans Haug, un jeu de notices biographiques de ses principaux collègues, connaissances et partenaires et jusqu’à une annexe généalogique [2], pourraient rendre le livre quelque peu touffu, disparate même, tous les exposés n’y étant pas forcément du même intérêt ni toujours développés à fond. Convenons cependant qu’il est à l’aune d’une personnalité extraordinairement active et rayonnante, à la subtilité courtoise, d’une brillante et tenace inventivité, esprit érudit, charmeur (Paul Ahnne a parlé à son propos de « prestidigitation » et de « désordre organisé » [3]), jamais à court de projets, nourrissant un penchant affirmé pour l’architecture, communicateur-né qui sait qu’il faut sans relâche expliquer et faire savoir [4], superbe dénicheur de chefs-d’œuvre, scientifique convaincu sans pour autant privilégier la théorie sur l’intuition, à l’aise dans tous les domaines de la curiosité artistique (ill. 1) – céramique, orfèvrerie, mobilier, peinture, sculpture – et non moins passionné par la muséographie (un « talent de metteur en scène, de décorateur et d’ensemblier », dit très bien Anne-Doris Meyer [5]), avec même un joli don d’artiste sous le nom de Balthasar [6] – voir entre autres ses plaisantes caricatures et même de jolis paysages (ill. 2). Le tout, sur un fond d’époque incroyablement troublée, on s’en doute, traversée qu’elle est par les guerres et les rivalités nationalistes exacerbées : destin d’une Alsace partagée entre sympathies françaises – celles de son milieu familial – et sérieuse culture germanique – que l’on songe ici à l’histoire de l’art portée par le fameux Wilhelm Bode, grand refondateur du Musée des Beaux-Arts de Strasbourg dans les années 1890-1900 –, une Alsace qui aura été successivement impérialisée de 1870 à 1918, re-francisée jusqu’en 1940, brutalement réannexée au Reich pendant toute la Deuxième Guerre mondiale – Haug, perdant son poste, dut se replier à Paris et Sèvres en 1941 –, pour qu’elle puisse, après la Libération, ressurgir des ruines et se reconstruire comme l’ensemble des musées strasbourgeois justement.


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