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Animaux fantastiques

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Louvre-Lens du 27 septembre 2023 au 15 janvier 2024

Diable, nous aurait-on menti ? La tête de dragon momifiée exhibée dans un cabinet de curiosités ressemble furieusement à celle d’un crocodile (ill. 1). Elle a beau provenir du Musée du Doudou, les enfants ne s’y tromperont pas ; les adultes éventuellement. Et cette corne torsadée qui ne témoigne finalement que de l’existence des licornes... de mer, autrement appelées narvals ; mais où va le monde ? Vers une réalité d’une banalité consternante. Il reste fort heureusement la carte d’Olaus Magnus publiée en 1539 qui révèle où se trouve la « hyène cétacée à trois yeux ».
Il faut de la témérité, voire une bonne dose d’inconscience, pour s’attaquer aux animaux fantastiques (ill. 2). Trois commissaires - Hélène Bouillon, épaulée par Jeanne-Thérèse Bontinck et Caroline Tureck - leur consacrent une exposition au Louvre-Lens qui entraîne le visiteur du néolithique au XXIe siècle ; à la fois savante et accessible, elle a cette qualité de s’adresser à tous les publics.


1. Vue de l’exposition : les cabinets de curiosités
Tête de dragon
Tête momifiée de crocodile champsès
Vraisemblablement Turquie actuelle, avant 1409
Mons, Musée du Doudou
Dent de narval, 1600-1700
Paris, Musée des arts décoratifs
Photo : bbsg
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Qu’est-ce donc qu’un animal fantastique ? On tâtonne pour cerner la bête. C’est un être doté à la fois d’une apparence extraordinaire, souvent hybride, et de pouvoirs surnaturels, qui se trouve à la frontière de deux mondes : entre ici-bas et l’au-delà, entre le bien et le mal, entre mythe et réalité. Michel Pastoureau dans le catalogue - fort riche, et doté de notices pour chaque oeuvre - rappelle l’étymologie du mot fantastique : « qui concerne l’imagination ». Les animaux fantastiques ne seraient donc pas réels ? Bien sûr que si. « Les rêves comme l’imaginaire ne sont nullement le contraire de la réalité, ils en font pleinement partie ». La perception que l’on a d’eux n’est évidemment pas la même selon les époques et les régions du monde. Ainsi, dragons et licornes étaient bien réels pour le Moyen Âge occidental, alors que rhinocéros et girafes n’existaient pas encore (voir l’article).
Mais un être « fantastique » ne devient-il pas « merveilleux », à partir du moment où les hommes ne croient plus en son existence ? Il perd en effet son pouvoir de susciter chez eux l’hésitation, la crainte, la stupeur, puisqu’il n’appartient plus à leur monde. Le merveilleux, lui, est un univers clos, indépendant de la réalité, dans lequel les phénomènes surnaturels sont acceptables, sont acceptés, et considérés comme normaux. Peut-être cette différence entre les deux notions aurait-elle due être abordée, notamment dans la dernière section qui souligne le besoin qu’ont nos contemporains de réenchanter le monde, sans doute parce qu’ils ne croient plus en rien. Ou peut-être aurait-il fallu proposer d’autres adjectifs pour les créatures ici retenues, comme l’ont fait Ariane et Christian Delacampagne dans leur…

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