Expositions Vermeer/Valentin : une résolution seulement partielle des problèmes

Le nouveau système de réservation des expositions Vermeer et Valentin a été mis en place, sur le site du Louvre, aujourd’hui. Celui-ci fonctionne - nous l’avons testé. Répond-il pour autant aux nombreuses interrogations que se posent depuis près de deux semaines tous les observateurs ? Non, certainement pas. Voici les principaux problèmes qui demeurent et que le Louvre ne résout pas :

 Comme le fait remarquer par exemple Le Monde, l’exposition Vermeer ne pourra, quoi qu’il en soit, accueillir tous les visiteurs qui auraient souhaité la voir. Organiser une exposition « blockbuster » sans se donner au moins les moyens d’en profiter complètement n’est pas un signe de bonne gestion.

 Des contingentements d’entrées pour les amis du Louvre et les autres gratuités ont été instaurés ; ainsi, à l’heure où nous écrivons ces lignes (samedi 4 mars, 10 h), il n’est plus possible à eux de réserver pour aujourd’hui, ni pour dimanche, ni pour lundi. Ils ne pourront donc réserver qu’à partir de mercredi, et on peut penser que les réservations partiront rapidement (sans compter ceux qui choisiront de réserver plusieurs créneaux pour être sûr de pouvoir venir une fois, et ne se présenteront pas les autres jours, retirant ainsi une place gratuite du marché).[Correction (5 mars) : lorsque l’on clique sur une journée apparaît par défaut la plage 9 h qui indique le nombre d’entrées restant pour cet horaire, non pour la journée. En réalité, il pouvait y avoir des entrées disponibles pour des entrées gratuites, sur d’autres plages horaires. Ce que nous avons écrit juste avant est donc faux, il y avait probablement encore des places gratuites sur ces jours. Mais cela prouve en revanche que ce système de réservation n’est, en plus, pas clair, qui peut faire penser de bonne foi qu’une journée est complète, alors qu’elle l’est seulement à 9 h...].

 Parmi les visiteurs gratuits, on compte aussi les handicapés, ce qui signifie que non seulement - c’est en tout cas ce qui est écrit sur le site - ils devront encore patienter environ 45’ avant de pouvoir entrer dans l’exposition, mais surtout qu’ils doivent eux aussi réserver une place gratuite quand elles existent (et le temps que nous écrivions ce début d’article, elles ne sont déjà plus disponibles pour mercredi prochain !) alors que les visiteurs payants peuvent encore réserver pour aujourd’hui samedi. Le Louvre met donc en place un système où les handicapés sont invités à revenir plus tard, quand il restera de la place. Nous aimerions savoir ce que le secrétariat d’État chargé des personnes handicapées pense de cette discrimination (nous allons d’ailleurs l’interroger).

 Il existe désormais deux systèmes de réservation au Louvre par internet : la réservation du billet ordinaire, sans les expositions Vermeer et Valentin, qui impose également une entrée horodatée, pour le prix de 17 €, et la réservation pour les expositions Vermeer et Valentin, qui inclut également l’entrée au musée, et qui coûte... 17 €. Car en réalité, ce n’est pas l’entrée aux expositions qui donne l’entrée au musée, c’est le contraire, comme c’est écrit dans les conditions générales de vente du Louvre : « [accès] au musée du Louvre, permettant l’accès aux collections permanentes et expositions temporaires du musée du Louvre ».
Pour 17 € (en fait 15 € plus 2 € de coût de réservation en ligne) le Louvre vend un accès à toutes les expositions sans permettre celui aux expositions Vermeer et Valentin (à moins qu’il reste de la place pour le jour même, en arrivant sur place, et en attendant des heures). Que la page d’accueil de la billetterie indique que l’achat de ticket pour le Louvre seul ne comprend pas les expositions Vemeer et Valentin n’est pas recevable, puisque cette mention est contraire aux conditions générales de vente.

 enfin, le problème de l’accès à l’exposition Valentin n’est évidemment toujours pas résolu. Quand il ne restera plus aucune plage de réservation disponible sur internet car la majorité des gens veulent voir Vermeer (et pas Valentin), il ne sera plus possible à ceux qui souhaitent admirer Valentin de la visiter, à moins, comme c’était le cas encore jusqu’à hier, de venir au Louvre espérer pouvoir retirer un ticket s’il en reste, et revenir des heures plus tard, au mieux.

Si le Louvre a donc, près de deux semaines après l’ouverture de ces expositions, corrigé en partie le tir (sans bien entendu que le musée ne reconnaisse ses erreurs et ne s’excuse auprès du public), on est bien loin d’une résolution satisfaisante de cette question. Les associations de consommateurs pourraient s’interroger sur la différence entre le système de vente et les conditions générales de vente. Quant à l’accès contingenté pour les personnes handicapées, nous pensons qu’il sera forcément amené à évoluer.

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