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Entretien avec Nicole Garnier : trente ans au château de Chantilly

Après trente années passées à Chantilly en qualité de conservateur général du musée Condé, Nicole Garnier a pris sa retraite en 2022.

Vous avez commencé au Musée des Arts et Traditions populaire, dans un univers très éloigné de celui de Chantilly. Pouvez-vous évoquer les débuts de votre carrière ?

Outre le diplôme de muséologie à l’École du Louvre, j’ai obtenu mon diplôme d’archiviste paléographe à l’École des Chartes en 1979. Et c’est dans le cadre de l’École des Chartes que j’ai entrepris une thèse sur Antoine Coypel et réalisé un stage au département des peintures du Louvre. Je n’étais donc pas prédisposée aux Arts et Traditions populaires ! Mais Hubert Landais, alors directeur des Musées de France, voulait « mettre un peu de chartisterie » dans l’ethnographie française, selon ses propres mots. Il était lui-même chartiste évidemment. 
À l’époque, l’Institut national du patrimoine n’existait pas ; ceux qui réussissaient le concours de conservateur - je l’ai passé en novembre 1979 - faisaient trois stages de six mois dans des établissements nationaux de spécialités différentes. J’ai commencé par un stage dans un musée qui n’existait pas encore, le musée d’Orsay. Plus précisément j’ai participé à sa préfiguration. C’est là que j’ai appris le métier, aux côtés de Michel Laclotte – disparu l’année dernière [1] - qui dirigeait le département des peintures au Louvre tout en supervisant la création d’Orsay. Nous étions alors douze jeunes conservateurs, parmi lesquels Henri Loyrette et Marc Bascou, devenu directeur du département des Objets d’art au musée du Louvre. Mon deuxième stage s’est déroulé au département des sculptures du Louvre avec Jean-René Gaborit, le troisième au musée des Arts et Traditions populaires, d’abord au département du costume, puis à l’imagerie populaire. Nous avons créé, avec les responsables de la base Joconde, un système descriptif pour les estampes, qui a été simplifié depuis avec la plateforme Pop et la nouvelle base. J’ai aussi introduit le vidéodisque pour la consultation des images alors que le DVD n’existait pas encore. En fin de compte, je suis restée dix ans aux ATP, avec une interruption à la Villa Médicis pour finir ma thèse, publiée chez Arthena. Lorsque le musée a été délocalisé à Marseille, Erlande-Brandenburg, également chartiste, décédé depuis peu [2], m’a conseillé d’aller au château de Chantilly où il y avait beaucoup à faire. Je crois que c’est le meilleur conseil qu’on m’ait jamais donné, et je lui en suis restée reconnaissante.


1. Le Château de Chantilly
abrite le Musée Condé
Photo : Institut de France
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Je suis arrivée le 2 janvier 1992 à Chantilly (ill. 1), et j’y suis restée trente ans... Je connaissais à peine ce musée. Moi qui venais d’un musée tout neuf, avec des principes muséographiques modernes, j’eus la sensation de retourner dans le passé, en plein XIXe siècle. Mais je retrouvais aussi l’art ancien, qui correspondait davantage à ma spécialité. Quand je suis arrivée, il n’y avait pas beaucoup d’expositions, pas beaucoup de publications, il faut dire qu’il n’y avait pas…

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