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Deux livres publiés à l’occasion du bicentenaire de la naissance de Théophile Gautier

Auteurs : Stéphane Guégan ; Adrien Goetz

L’on a ici même déjà évoqué « l’homme au gilet rouge » de la bataille d’Hernani à propos de la réédition de son livre consacré au Musée du Louvre (voir l’article). Ah ! ce « gilet rouge » ! « On en parle encore après plus de quarante ans » déclare non sans fierté Gautier dans l’antépénultième chapitre de son livre posthume [1]. Et c’est d’ailleurs par ce même « mirifique pourpoint [2] » et tout ce qui s’y rattache que Stéphane Guégan ouvre fort naturellement sa biographie [3]. Mais, interroge non sans humour Adrien Goetz, « le gilet rouge était-il rouge ? [4] » : question qui peut faire rire mais évoque plus sérieusement en arrière-plan le parcours politique de Gautier. Car au gré des ans la teinte s’éclaircit au point de devenir… rose ! Protanomalie sénescente ? Non point, mais affirmation d’une position de refus du républicanisme qui, malgré une parenthèse lors de la Révolution de 1848 – « républicain quand même » concède Guégan [5]– n’ira que se renforçant au point de faire de lui l’un des « chantres officiels » du régime impérial.

Toutefois ce qui nous importe, plus que les positions politiques ou l’œuvre littéraire, c’est le rapport qu’entretint tout au long de sa carrière Gautier avec les arts – et singulièrement les arts plastiques, de la peinture à la sculpture. On se rappelle que son poème « L’Art » (publié en revue en 1857 et repris dans l’édition d’Emaux et Camées de 1858) fait la part belle au « peintre », au « statuaire », à l’émailleur, avant de s’achever sur cette strophe :
« Sculpte, lime, cisèle ;
Que ton rêve flottant
Se scelle
Dans le bloc résistant
 ».
On ne s’étonnera donc pas que son Histoire du Romantisme, rétrospectivement composée au bord du tombeau et non achevée (commencée en 1872, elle ne sera publiée que posthume en 1874), et plus encore les « Quarante Portraits romantiques » retenus parmi l’innombrable production de ce que Gautier nommait lui-même des « médaillons » (en référence à l’art de son ami Jehan du Seigneur et à la mode des séries figuratives du temps) comportent autant de peintres [6].

Mais il nous faut d’abord revenir à ce qui unit ces deux livres : une biographie et une forme d’autobiographie fragmentée, la seconde fournissant pour une petite part la matière de la première. Lorsqu’il entreprend la rédaction de son Histoire du Romantisme, Gautier doit concilier l’homme qu’il est devenu avec l’homme qu’il fut. Difficile travail qui passe par ce qu’Adrien Goetz nomme à juste titre « un récit légendaire » ou la « passionnante édification d’un mythe [7] ». Stéphane Guégan, quelqu’affection qu’il porte à l’auteur de Mademoiselle de Maupin, se doit de demeurer en deçà du légendaire, de la mythographie. Goetz « préface » un texte dont il explique la raison d’être, la fonction et la construction, Guégan écrit un ouvrage qui, à travers une documentation très fournie, recherche l’authenticité d’une vie et d’une figure du monde artistique. Point commun : l’un et l’autre ayant un incontestable talent…

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