Beynac : malgré les condamnations, Germinal Peiro persiste et signe

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19/7/24 - Patrimoine - Beynac - On pourrait se croire dans un film d’Audiard. En effet, Germinal Peiro, le président du conseil départemental de Dordogne, ose tout. Même représenter un projet retoqué par tous les tribunaux auxquels il a été soumis, jusqu’au Conseil d’État qui avait définitivement invalidé le contournement de Beynac.
Car le projet, désormais renommé « boucle multimodale d’accès aux deux rives de la vallée de la Dordogne, au cœur du triangle d’or Les Milandes, Castelnaud-la-Chapelle, Marqueyssac et Beynac-et-Cazenac, pour de nouvelles mobilités sécurisées » (sic), est en réalité exactement le même que le précédent, maquillé sous quelques mesures supplémentaires.


1. Structure construite par le département de la Dordogne (état 2018),
condamnée à être détruite par la justice, et toujours en place
Photo : Didier Rykner
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Le projet d’origine, qu’on retrouve donc exactement identique dans cette « nouvelle » mouture, consistait à créer une route et deux ponts sur la Dordogne. Il serait catastrophique à la fois pour le patrimoine, le paysage, et la biodiversité et nous nous contenterons de renvoyer ceux qui veulent en savoir davantage aux articles que nous avons déjà publiés. Comme il est interdit de représenter un projet identique, les ajouts sont des gadgets cosmétiques qui d’ailleurs, en eux-mêmes, ne nécessiteraient pas d’enquête publique, comme la réouverture de l’ancienne gare de Castelnaud-Fayrac assortie d’un « écoparking [sic] muni d’un revêtement perméable  » ou la mise en place de navettes électriques…
S’y rajoute la mise en sens unique du village de Beynac pendant les mois de juillet et d’août qui, non content de compliquer la vie des habitants, menacera gravement la pérennité des commerces.


1. Structure construite par le département de la Dordogne (état 2018),
condamnée à être détruite par la justice, et toujours en place
Photo : Didier Rykner
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C’est donc un véritable déni de la chose jugée qu’entend mettre en œuvre ici Germinal Peiro. Le département, qui avait commencé les travaux avant que les recours soient jugés, a été condamné à de lourdes astreintes par la cour d’appel de Bordeaux pour ne pas avoir remis les lieux en état : déjà 2 millions d’euros ont été facturés au contribuable périgourdin, une somme qui augmente de 5 000 € par jour !
On ne comprend pas comment le préfet de la Dordogne a pu autoriser que ce projet déjà jugé soit à nouveau présenté, et on ne comprendrait pas plus que celui-ci donne à nouveau une autorisation une fois l’enquête publique terminée. C’est néanmoins le dénouement possible de cette affaire, avant qu’une nouvelle fois celle-ci soit portée devant la justice. Bien évidemment, il est très probable que celle-ci se prononcera dans le même sens qu’elle l’a déjà fait à plusieurs reprises. Mais on voit bien ici que Germinal Peiro, dans son jusqu’au-boutisme maladif, espère un soutien de l’État dont le préfet si accommodant n’est finalement que la courroie de transmission.

Il est donc très important, dès maintenant et avant le 9 août prochain à midi, date de fin de la consultation publique, que tous les amoureux du patrimoine, qu’il soit historique ou naturel, et tous ceux qui aiment cette magnifique région, aillent dire ce qu’ils pensent de ce projet. Le site de l’enquête publique se trouve ici.

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