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Au fil du sacré. Une mode en soie

Abbaye royale de Fontevraud, du 8 octobre 2022 au 30 janvier 2023

Le sujet de l’exposition est a priori rébarbatif : les vêtements liturgiques ne constituent pas un thème particulièrement racoleur. Qui n’a jamais visité le trésor d’une église où dorment dans des vitrines mal éclairées une chasuble, une aube et une dalmatique, coincées entre des calices et des ostensoirs tristement alignés sur des étagères ? Mais l’abbaye de Fontevraud a décidé d’épousseter le sujet pour en faire une exposition séduisante grâce à une scénographie audacieuse et un discours efficace.


1. Chape brodée par un atelier de Clarisses ou de Franciscaines, XVIIIe siècle ( ?) et fin du XIXe siècle
Soie, coton (?), toile, broderie au passé empiétant
Collection de l’Association diocésaine de Lille © Gautier Leblonde
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2. Chasuble Manteau du Pauvre, coton, toiles récupérées des sacs de denrées alimentaires apportés à la libération des camps de concentration d’Auschwitz-Birkenau en 1945 et des sacs de messages postaux lors de la guerre de Sarajevo. 1994
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Le choix de limiter le propos à un seul type de vêtement, la chasuble, permet de mettre en valeur l’évolution des formes et des styles, mais aussi la richesse de cette production : les matières, les décorations, les techniques de fabrication, les créateurs sont d’une diversité époustouflante. Le contraste est grand entre la chape si raffinée du XVIIIe siècle, en soie brodée de fleurs chatoyantes derrière lesquelles se cachent des animaux, et le Manteau du Pauvre réalisé à partir des sacs de denrées alimentaires apportés à la libération des camps de concentration d’Auschwitz-Birkenau en 1945, et des sacs de messages postaux lors de la guerre de Sarajevo (1992-1995) (ill. 1 et 2). Ici, un ensemble exceptionnel de vêtements liturgiques offerts à Mgr Rumeau, produit dans les ateliers de la célèbre brodeuse Marie-Anne Leroudier, est surnommé « l’ornement angélique » en raison de la multitude d’anges qui anime chacune des pièces ; là, une chasuble évoque le camouflage militaire, découpée dans un parachute américain (ill. 3 et 4). Plus loin, une chasuble du XVIIe siècle, en cuir repoussé et peint, côtoie une chasuble légère et scintillante en Lurex créée par le styliste Stefano Zanella pour Jean-Paul II. On passe aussi de pièces confectionnées par les petites mains des religieuses, à celles conçues par les brodeurs et les tisserands professionnels, pour finir avec les créations de Castelbajac pour le pape.


3. Chasuble de Mgr Rumeau, Dessins de Gaspard Poncet de Lyon, Atelier de Marie-Anne Leroudier à Lyon, 1898-1899
Association diocésaine d’Angers
Conservation départementale du patrimoine de Maine-et-Loire
Photo : Bruno Rousseau
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4. Chasuble réversible, 1945
Carentan-les-Marais, Église de Saint-Côme-du-Mont
Le tissu de nylon vert provient des récupérations effectuées sur les plages de Normandie à partir de 1945. Identifié comme celui d’un…

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