Retour à L’Aquila (1), douze ans plus tard

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En juillet 2011, un peu plus de deux ans après le tremblement de terre qui avait frappé la ville de L’Aquila dans les Abruzzes, nous étions allé visiter les chantiers de restauration en cours (voir l’article). La cité était alors en partie interdite d’accès, et la situation ne semblait pas devoir s’améliorer rapidement, d’autant que le gouvernement de Berlusconi, comme le démontrait implacablement le documentaire Draquila, se montrait peu empressé de mener les travaux (voir l’article).


1. Via Giuseppe Garibaldi, L’Aquila, août 2023
Photo : Didier Rykner
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12 ans plus tard, nous sommes retourné sur place et avons pu constater que les craintes que nous pouvions avoir ne se sont pas concrétisées [1]. La ville n’a plus rien à voir avec celle que nous avions visitée. Si, ça et là, des bâtiments sont encore en attente de travaux, une grande partie du centre ancien a été restauré de manière remarquable (ill. 1). La vie a repris et les rues sont pleines de promeneurs, même si d’après les personnes que nous avons pu rencontrer, certaines maisons du centre ville sont encore inhabitées : une partie de la population qui avait été relogée n’est pas encore retournée vivre sur place. On y trouve néanmoins beaucoup d’étudiants et de professions libérales qui y ont établi leurs bureaux, les affaires d’Airbnb y sont semble-t-il florissantes, et la ville est très animée (ill. 2).
Tout y est d’une propreté impeccable. On ne voit quasiment pas un seul tag comme c’est hélas le cas dans beaucoup de villes italiennes (ou françaises), comme si le fait d’avoir vécu le pire, et d’en être revenu, avait fait comprendre à la population l’importance d’habiter dans un environnement préservé.


2. Corso Vittorio Emanuele, L’Aquila, août 2023
Photo : Didier Rykner
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Plutôt que de publier une seule longue enquête, nous consacrerons plusieurs articles à ce que nous avons pu voir sur place. Tant les nombreuses restaurations qui ont permis de sauver un patrimoine que l’on pensait parfois perdu que ce qui est en cours. C’est ainsi que si beaucoup d’églises, comme nous le verrons, ont été restaurées d’autres sont encore en attente de travaux, telle l’église Santa Maria Paganica, aujourd’hui exactement dans le même état qu’il y a douze ans (ill. 3 et 4). Heureusement, il semble que sa restauration soit désormais programmée et puisse avoir lieu dans les années à venir.
Nous reverrons Santa Maria del Suffragio, dont les travaux ont été menés et financés en partie par la France qui a envoyé sur place - nous en avions parlé - des restaurateurs spécialisés et un architecte en chef des monuments historiques, Didier Repellin, qui a pu notamment reconstruire à l’identique le dôme de Giuseppe Valadier qui s’était écroulé,


3. Chiesa Santa Maria Paganica
L’Aquila, juillet 2011
Photo : Didier Rykner
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4. Chiesa Santa Maria Paganica
L’Aquila, août 2023
Photo : Didier Rykner
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De même, la restauration du Duomo, dont on se rappelle que le transept, l’abside et la coupole s’étaient en grande partie effondré, vient enfin de commencer et nous lui consacrerons également un article. Nous parlerons aussi du Museo Nazionale d’Abruzzo, qui se trouvait dans le Fort Espagnol, lui aussi touché par le tremblement de terre. Le musée a trouvé refuge en 2015 temporairement dans la périphérie de la ville et reviendra dans le fort lorsque le chantier qui y est mené sera terminé. Nous avions pu voir une partie de ses collections à la fois à Celano et dans le centre de conservation et de restauration qui avait été mis en place et dont nous en avions parlé dans cet article.
Nous avons également eu la chance de visiter un palais privé, appartenant à une banque, et qui est actuellement en pleine phase de restauration : il deviendra en partie un musée où seront exposées les œuvres d’art appartenant à cette société.
Nous verrons aussi des fresques du XVIe siècle, de très belle facture, découvertes à la suite du tremblement de terre derrière une structure baroque, et les intéressantes questions que cela pose sur la manière de les présenter sans dénaturer le décor plus tardif.

Ce sera surtout l’occasion, il faut l’espérer, de montrer combien L’Aquila, finalement si peu connue du grand public, mérite indiscutablement une visite qui peut durer deux jours tant le nombre de choses à voir est important, et le sera d’autant plus dans les prochaines années une fois les restaurations terminées. S’il est impossible de s’y rendre en train, la ville n’est pourtant qu’à 120 km de Rome et il est facile de la rejoindre par l’autoroute, ou même grâce à un bus dont le trajet des plus rapides ne met qu’une heure et vingt minutes.

Didier Rykner

Notes

[1Il nous faut remercier les personnes qui nous ont aidé dans cette enquête : Didier Repellin, Agnès Chodzko, architecte au Service des Travaux et Bâtiments français en Italie qui, avec Muriel Peretti, attachée de presse et de communication à l’Ambassade de France en Italie, nous ont mis en contact avec Silvia Taranta du Segretario Regionale MIC per l’Abruzzo. Celle-ci, que nous remercions sincèrement, a pu organiser notre visite et nous a accompagné.

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