Ville-jardin ou jardin-ville ? Recettes pour lotir le parc de Versailles

N. B. Cet article a été suivi de plusieurs autres sur le même sujet (voir ici).

1. Vue aérienne des zones à urbaniser
du domaine national de Versailles
En noir : limite de l’ancien Petit Parc, propriété de l’Etat.
En bleu : terrains attribués ou devant être attribués à l’EPV.
En rouge : terrains à urbaniser dans le projet de PLU.
Pastilles blanches : projets de nouvelles gares.
D’après une vue Google Earth, octobre 2007
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L’une des pages les plus importantes de l’histoire du domaine de Versailles, la définition du plan local d’urbanisme (ci-après PLU) de la ville, en cours de finalisation par la mairie, s’écrit actuellement dans la clandestinité. Et le seul débat organisé est malheureusement local [1], alors que Versailles appartient au patrimoine national et mondial. La page Internet de la mairie consacrée au défunt projet de Roland-Garros dans le parc (voir l’article) - sous-tendu par la révision du PLU - soulignait ainsi « l’absence de riverains souvent les plus procéduriers pour de tels projets [et rapportait que, d’ailleurs,] la concertation réalisée en décembre 2010 et janvier 2011 à l’occasion de la révision du PLU de Versailles n’a révélé aucune opposition [2] »…

Il est anormal que ce projet se déroule dans une telle opacité. Nous avons pu rencontrer François de Mazières, le maire de la ville, qui nous a assuré que son objectif était uniquement « d’essayer de protéger au maximum les lieux ». Sans mettre en doute sa bonne foi, on peut tout de même s’interroger légitimement sur ce qu’il compte faire dans cette optique. On rappellera en effet qu’une grande partie des secteurs concernés est ipso facto déjà protégée par un classement monuments historiques [3] (mais pas tous, comme on le verra plus loin) et que le PLU met très clairement en danger cette protection.
Les enjeux sont pourtant considérables. Il s’agit, ni plus ni moins, que d’empêcher une urbanisation irréversible d’une partie du domaine national de Versailles. Car c’est bien cela qu’il faut craindre, aussi incroyable que cela puisse paraître.


2. Vue aérienne des protections du domaine national de Versailles
En vert : terrains classés au titre des sites.
En jaune : terrains classés au titre des monuments historiques.
En violet : forêt domaniale.
D’après une vue Google Earth, octobre 2007
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3. Vue aérienne des terrains des Matelots et des Mortemets
Les anciennes allées (encadrées en vert) ont été, pour l’essentiel,
déjà replantées. On constate la faible densité
des bâtiments militaires à démolir.
D’après une vue Google Earth, octobre 2007
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Le projet actuel résulte en grande part du rejet d’une extension urbaine - portée par l’ancienne municipalité - à proximité de la gare des Chantiers (la fréquentation de son multiplexe fit, dit-on, peur à certains Versaillais). Le projet de développement de la ville fut par conséquent reporté dans le parc du château [4]… Rappelons, grâce à deux cartes l’emprise des terrains que l’on voudrait urbaniser (ill. 1) et les protections dont bénéficie pourtant le domaine (ill. 2). Le terrain des Mortemets (ill. 3), déjà sauvé in extremis de l’urbanisation par les Amis de Versailles en 1992, est mitoyen de la Pièce d’Eau des Suisses. Il est actuellement dans un état de déshérence évident, largement en friche, encore occupé par un dépôt de bus, deux stands de tir (l’un civil, l’autre militaire), d’anciennes installations militaires. Il est revenu depuis un certain temps déjà au Domaine de Versailles sans que celui-ci en ait pour l’instant rien fait, ce que regrette François de Mazières, à l’exception toutefois notable (voir plus bas) de la replantation presque intégrale des allées dites des Matelots et des Mortemets (ill. 3).


4. Vue aérienne des terrains de la caserne Pion
En jaune : mur édifié en 1685.
En rouge : nouvelle limite prévue pour le domaine national.
En orange : nouvelle route départementale reliant Pion aux Matelots.
Pastille rouge : nouvelle gare.
Google Earth, octobre 2007
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5. Représentation des terrains à urbaniser sur la
Vue du château de Versailles (1668) de Pierre Patel (1605-1676)
Les terrains des Matelots-Mortemets et de Pion (en rouge)
prennent en tenaille le cœur du domaine
Huile sur toile - 115 x 161 cm
Versailles, Musée national du château
D’après une photo : RMN
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Placé à l’ouest du terrain des Mortemets, celui des Matelots (ill. 3) - du nom des marins du Grand Canal qui y demeuraient - n’est pas dans un meilleur état et est encore partiellement affecté à l’armée, qui l’occupe en marge sinon en violation des textes applicables (voir plus bas). Le secteur de Pion (ill. 4), quant à lui situé encore plus à l’ouest, a la forme d’un triangle très allongé. La caserne (aujourd’hui désaffectée), se trouve au sud, tandis qu’une zone non urbanisée située du côté de la pointe du triangle jouxte l’Etoile Royale et le Grand Canal. La proximité de l’aérodrome de Saint-Cyr-l’Ecole empêche toutes constructions de logements dans cette zone. Ces terrains, prenant « en tenaille » le Grand Canal, sont parfaitement visibles dans un tableau de Pierre Patel (ill. 5). Enfin, le secteur Satory, encore largement boisé ou non construit, se trouve beaucoup plus au sud. Bien que situé sur un plateau, il fait partie intégrante de l’ancien parc du château.

François de Mazières souhaite, nous a-t-il dit, « sauver les Mortemets en utilisant les Matelots ». Une stratégie dangereuse à tout point de vue, d’abord parce que sacrifier les Matelots, un terrain classé, compromettrait définitivement le parc de Versailles, ensuite parce que le PLU tel qu’il est prévu menace aussi les Mortemets, sans même parler des secteurs de Pion et de Satory.

Le Petit Parc

Or, tous ces terrains non urbanisés ou, dans le pire des cas, construits de bâtiments légers aujourd’hui désaffectés, faisaient partie du Petit Parc de Louis XIV enserré dans un mur terminé en 1689 [5]. Cet ensemble s’est transmis intact de listes civiles en listes civiles de Napoléon 1er (qui reconstitua le Domaine) à Napoléon III. Ce n’est qu’après la défaite de Sedan - entre 1872 et 1906 - que le sud du parc fut progressivement affecté aux armées pour soutenir l’effort de remilitarisation (le plateau de Satory en 1872, la plaine des Matelots et des Mortemets en 1882, le bassin de Choisy en 1899…). La présence des militaires est alors conçue comme provisoire. On parle d’ailleurs de simples « servitudes militaires [6] »

Lorsqu’en 1902 le ministère de la Guerre tenta d’implanter une « station-magasin » sur le futur site de la caserne Pion, l’Inspecteur général des bâtiments civils et des palais nationaux voulut stopper définitivement ces empiétements successifs et rédigea à cette fin un rapport : « Je trouve vraiment désolant, Monsieur le Ministre, que l’administration de la Guerre mette tant de persistance à vouloir s’établir dans le magnifique parc de Versailles. Depuis nombre d’années je ne cesse de lutter contre des envahissements qui amènent avec eux la destruction […] Comme l’architecte, M. Marcel Lambert, il me paraît indispensable de réagir contre cet appétit féroce de l’administration de la guerre qui finirait par faire de l’admirable parc de Versailles un parc d’artillerie. L’armée est assurément digne de toute la sollicitude du Gouvernement, mais l’art a bien aussi son intérêt. [7] ». Désavoué par le directeur des beaux-arts Henry Roujon (qui autorisait au même moment la destruction des derniers vestiges de la ménagerie de Le Vau [8]), une « conférence » fut ouverte aboutissant le 6 janvier 1906 à l’affectation à la Guerre des 21 hectares de l’actuelle caserne Pion [9]. Le département de la guerre indiqua cependant que « les bâtiments à construire sont à simple rez-de-chaussée, [et] qu’ils seront vraisemblablement fortement enterrés [10] ». Il s’agira de l’ultime affectation consentie à ce ministère dans le parc.

Neuf mois plus tard, afin de mettre un terme définitif aux annexions, un arrêté du 31 octobre 1906 classa sans ambigüités le « Petit Parc et [ses] dépendances », probablement déjà protégés par un classement de 1853 [11]. Le rapport accompagnant ce reclassement précise que « Le domaine de Versailles comprend en outre des bâtiments du palais, le petit parc, le grand parc, le palais et parcs des deux Trianons, le potager du roi affecté actuellement à une école d’horticulture, et enfin de grands terrains livrés à l’agriculture. […] Notre avis est que la commission doit non seulement protéger les parties présentant un caractère artistique indéniable, mais aussi [tous] les aspects de ce Domaine unique dans le monde, afin qu’aucune note discordante ne s’y produise à l’avenir [12] ». Le « mitage » que propose la mairie de Versailles est ainsi nettement proscrit par le classement en vigueur.

Les dispositions du projet de PLU

6. Plan annexé au projet de révision du PLU de Versailles
Les légendes sont ici et ici.
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Un plan annexé au projet de PLU éclaire le dessein de la municipalité (ill. 6) (voir les légendes de ce plan ici et ici). Celui-ci doit cependant être complété par les dispositions du dossier de révision lui-même. Le projet, dans sa présentation générale, fait montre d’ambitions très modestes puisqu’il prévoit simplement de « laisser une place aux espaces en pleine terre » [13]. Il est utile, cependant, de distinguer selon les zones concernées.

 Pour les Mortemets

S’agissant du terrain des Mortemets, à proximité immédiate du château, la révision en cours du PLU prévoit : un « espace parc/jardin et activités associées (ill. 6, vert pâle) [14] ». Cette terminologie obscure et dangereuse rappelle fortement les « programmes complémentaires ou annexes » du projet Roland-Garros. Toute « activité » un tant soit peu liée à la nature pourrait y être implantée (la notion de « développement durable » offre ici des ressources illimitées). Sans même tenter de correspondre à ces prescriptions - preuve que leur rédaction peut tout autoriser - le projet de Roland-Garros détruisait des « espaces boisés classés » (ce qu’il reconnaît) pour construire une vaste « académie de tennis » avec vue sur le château ainsi que 3000 places de parking [15].

 Pour les Matelots

Le terrain des Matelots accueillera, pour sa part, un « aménagement concerté avec l’EPV [établissement public de Versailles] intégrant la tradition des jardins, le sport, l’évènementiel et les activités associées » (ill. 6, pointillés rouges) [16] ; le dossier précisant que « cet espace de projet [sic] sera composé de deux entités : un quartier à vocation d’activités tertiaires développé autour de la gare des Matelots ; des espaces voués à l’événementiel et aux activités de sport, de jardins ou de loisirs compatibles avec la nature du site et sa proximité du château. [17] »

On retrouve ici une nouvelle fois un jargon proche de celui utilisé pour le projet de Roland-Garros et dont tout indique qu’il signifie d’abord « bétonnage ». Rappelons, à titre d’exemple, qu’étaient prévus aux Matelots, dans le cadre de ce projet sportif, outre deux gigantesques stades, 30.000 m2 de « programmes complémentaires […] valorisés par l’Etablissement public de Saclay […] dans le domaine de l’hôtellerie et l’hébergement touristique […] et dans le domaine commercial », programme complété par un « centre médical ou un centre de remise en forme  », le tout à quelques dizaines de mètres du Grand Canal [18] !

Une zone (ill. 6, orange foncé) est en outre laissée par le PLU aux militaires en violation du décret de 1995, le 5e régiment du génie qui l’occupait à cette date ayant été dissout le 10 juin 2010 [19]. Le décret du 27 avril 1995 impose en effet la restitution de ces terrains à l’EPV « dès lors que les administrations qui [les] utilisent actuellement […] en modifient l’usage constaté à la date de création de l’établissement public par le décret du 27 avril 1995 » [20]. François de Mazières nous a cependant affirmé que, selon lui, l’armée ne quitterait pas les lieux.

On apprend également que le PLU souhaite « préserver les espaces boisés proche de la forêt de Satory, au sud du secteur » (ill. 6, vert foncé) [21]. Il ne s’agit, en réalité, nullement de « préserver », mais de planter les pâturages de la Pierre Platte (ill. 1) [22], invisibles pour le public et situés entre deux voies de chemin de fer. On souhaite très probablement « compenser » par ce biais l’arrachage d’arbres bien plus précieux. Le projet de Roland-Garros prévoyait ainsi aux Mortemets un « déplacement de l’espace boisé classé en proposant sur le site une surface au moins équivalente » [23].

Une nouvelle route départementale traversant les terrains de Pion (ill. 6 petits pointillés marron) et ceinturant ceux des Matelots (ill. 6, longs pointillés marron) serait même créée, débouchant entre l’Orangerie et la Pièce d’eau des Suisses, portion pourtant déjà saturée de la départementale n° 10.

« Le site des Matelots et des Mortemets [étant] situé dans le champ de compétence du domaine géré par l’établissement Public », la commune compte l’inciter à réaliser ces aménagements. Se pose alors l’épineux problème de la compétence de l’EPV, que la municipalité entend résoudre en expliquant que son « objet est la mise en valeur du château [24] ». Pourtant, si le terme « mise en valeur » figurait bien dans les statuts de l’EPV résultant du décret du 27 avril 1995, il n’apparait plus dans ceux issus du décret du 11 novembre 2010 (art. 2). La commune - outre le fait que son interprétation de la « mise en valeur » est abusive - dispose d’une version périmée des statuts ! Ce point essentiel n’a pas été relevé par le commissaire-enquêteur. Et, quelle que soit la manière dont on prend le problème, on conçoit mal que la mise en valeur du château passe par la possibilité d’accueillir dans son parc un « aménagement concerté […]intégrant la tradition des jardins, le sport, l’évènementiel et les activités associées. » L’EPV ne peut donc réaliser ces opérations, sauf à violer son décret constitutif.

A propos de la préservation du patrimoine, le même commissaire relève : « Les préoccupations environnementales ne sont pas absentes des évolutions du secteur [ce qui est la moindre des choses pour un terrain classé !]. Il sera recherchée [sic] une harmonie avec le parc du château et ses perspectives, en créant notamment, « une véritable trame verte et bleue au travers du site » et en préservant les espaces boisés près de la forêt de Satory [25] ». Fabien Ghez se paie ici de mots et se laisse prendre, comme nous l’avons montré, au piège d’une rédaction trompeuse.
Derrière les théories de la « ville jardin » qu’aime à prôner le maire se cache un projet indigent. Le PLU révisé prévoit seulement un « caractère végétalisé [sic] le long de la RD 10 [26] » (ill. 6, hachures vertes), c’est-à-dire de dresser un mur végétal masquant la plaine des Matelots [27]. On substitue une façade à la profondeur d’un parc ! Le blog de Jean-Jacques Aillagon explique ainsi que le « projet présente l’avantage […] 3) de développer le long de la RD 10, un large rideau arboré, renforçant la protection visuelle du site de Versailles [28] »

La nouvelle présidente de Versailles devra se prononcer sur ce projet de PLU. L’enquête publique a été menée alors que Jean-Jacques Aillagon était encore en poste. Sur ce sujet, son discours était pour le moins ambigu même s’il affirmait [29] que : « sur le site des Matelots, la note d’orientation est largement inspirée de contraintes issues de l’implantation d’un grand équipement sportif [Roland-Garros à Versailles] et de la desserte par le Métro Grand Paris. Ces deux hypothèses ne sont, il me semble, plus d’actualité ». Plus loin, le président de l’EPV reprenait cependant un argument du maire de Versailles : « Ma priorité porte donc sur la requalification de la trame paysagère de cet espace dont la proximité avec le parc du château nécessite un traitement particulier ». Cette « trame paysagère » a pourtant déjà été, pour l’essentiel, reconstituée aux frais du contribuable ! La quadruple allée des Matelots a ainsi été replantée, il y a quelques années, sur près de 2 km (ces terrains militaires étaient en effet co-affectés à l’EPV depuis 1995) et l’allée des Mortemets sur 1,5 km (ill. 3) ! La « contrepartie » patrimoniale du projet sera ainsi purement incantatoire : « Il s’agit, en particulier, de préserver [c’est la moindre des choses !] et de mettre en valeur [ce qui ne veut rien dire] l’allée centrale [des Matelots] déjà partiellement arborée qui traverse le site d’est en ouest à partir de la pièce d’eaux [sic] des Suisses [30] ». On reconstitue également une allée (prolongeant celle d’Apollon) (ill. 6, pointillés bleus clairs) qui n’existait plus dès le milieu du XVIIIe siècle : elle avait été rendue nécessaire pour dissimuler les installations de Roland-Garros à Versailles (notamment un parking de 3000 places). Bref, « l’échange » de l’urbanisation de ces terrains « contre » une prétendue restitution de leur trame paysagère est un marché de dupes.

 Pour les terrains de la caserne Pion

7. Mur du Petit Parc construit en 1685 entre Saint-Cyr et Versailles
Ce mur, dépourvu de protection juridique,
est directement menacé par le projet de PLU.
Photo : Julien Lacaze
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Le « site d’exception [31] » de la caserne Pion (ill. 4) serait, quant à lui, en partie construit et destiné à un usage « mixte », c’est-à-dire combinant « logements sociaux » (bien loin du centre de Versailles) et activités économiques. Dans la perspective de l’allée de Saint-Cyr serait ménagé « un espace à dominante végétale » (ill. 6, vert clair), tandis que la « zone d’exposition au bruit » de l’aérodrome voisin (moitié supérieur du triangle formé par le terrain) conduirait à n’y implanter que des « activités économiques » (ill. 6, hachures jaunes et roses). Cette petite ville serait desservie par une nouvelle gare, « bénéficiant également aux quartiers proches de Saint-Cyr », située sur le chemin de fer bientôt remis en service de la Grande Ceinture. Bref, on urbanisera cette partie du parc. On ne donne pas cher, dans ces conditions, du mur d’enceinte du Petit Parc (construit ici en 1685) - dépourvu de protection juridique et d’entretien - qui sépare les communes de Saint-Cyr et de Versailles (ill. 7). Une route prolongeant la Départementale n° 7 (passant devant la Grille Royale) partagerait également ces terrains dans le sens de la longueur (ill. 6, petits pointillés marron) pour les relier avec le site des Matelots... La municipalité, afin de faire accepter un tel projet, recourt à sa théorie de la « ville jardin » : « l’objectif [à Pion] est d’intégrer le « vivant dans la ville » dans un souci d’équilibre par l’interpénétration d’une trame verte dans un site urbain [32] ».

8. Caserne désaffectée de Pion
vue depuis la Départementale n°10
On constate le faible nombre et
la légèreté des bâtiments militaires à démolir.
Le PLU prévoit cependant de substituer à ce beau paysage
des constructions dissimulées par un « mur végétal ».
Photo : Julien Lacaze
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Cette phrase creuse traduit un projet d’une pauvreté insigne. Le PLU révisé ne propose, comme aux Matelots, qu’un simple écran végétal dissimulant les bâtiments à construire. On prévoit ainsi, comme frontière avec le château, « une large bande arborée sur une dizaine de mètres sur toute la longueur du site » (ill. 6, hachures vertes foncées) et, le long de la Départementale n°10 (ill. 8), « une marge de recul végétalisée d’une vingtaine de mètres au moins qui permet de conserver l’aspect végétal des abords de cette route [33] » (ill. 6, hachures vertes). La théorie de la « ville jardin » a accouché d’un « façadisme végétal », parc en deux dimensions.
Le commissaire-enquêteur explique : « on peut distinguer l’importance et l’intérêt exceptionnel de la situation [de la caserne Pion], à l’ouest du parc de Versailles, propice pour en faire un secteur d’aménagement à vocation urbaine. [34] » La logique du commissaire est assez paradoxale ! On serait tenté de penser, au contraire, que la situation exceptionnelle de ce terrain dans le domaine s’oppose à son urbanisation…

Il s’agit donc bien de permettre d’urbaniser l’ensemble de la caserne Pion, soit une zone appartenant au Domaine national située dans l’axe du château. Le maire de Versailles a beau prétendre qu’une partie du site (celui placé dans le prolongement de l’aérodrome) ne peut être urbanisée en raison du bruit, le PLU prévoit effectivement « un secteur de faible densité destiné à accueillir des activités économiques » [35]. Pas de logement donc, mais des « activités économiques ». Et même si cet endroit n’était pas construit en raison du bruit des avions, l’aérodrome n’a pas vocation à rester là éternellement [36]. Rien n’empêcherait, ensuite, d’urbaniser les lieux s’ils ne sont pas protégés comme devrait l’être l’intégralité du Parc de Versailles.

 Pour les terrains de l’INRA

Ces terrains, jouxtant le Grand Canal et situés entre la caserne Pion et les Matelots (ill. 1), sont promis à l’EPV par le décret de 1995 et classés au titre des monuments historiques. Bien que le PLU ne prévoit rien à leur sujet, il sera très difficile d’exiger leur retour à la nature si le site tout proche des Matelots-Mortemets (qui possède un statut juridique identique) est urbanisé. La contagion urbaine serait inévitable, attisée par la proximité de deux nouvelles gares.

 Pour le plateau de Satory

A Satory, la commune prévoit, magnanime, la « préservation d’espaces forestiers » (ill. 6) [37]. Elle n’en a, en réalité, pas le choix puisqu’il s’agit de la forêt domaniale de Versailles ! Le reste du plateau serait affecté à un usage mixte, commerces et habitat, un mince « tunnel végétal » venant dissimuler ces constructions depuis les principales voies desservant le plateau (N 12 et D 91) (ill. 6, hachures vertes). Cette urbanisation sera plus que regrettable puisque le « champ de manœuvre », convoité par la municipalité, est une zone naturelle jusqu’alors préservée par sa fonction.
Le commissaire-enquêteur acquiesce encore aux projets de la municipalité en précisant toutefois que « le camp de Satory est prévu revenir [sic] à terme à l’Etablissement public du château de Versailles », ce qui est malheureusement inexact [38]. On se demande finalement à quoi sert une enquête publique à ce point bâclée et peu perspicace.

Un projet dérogeant aux règles domaniales

Les terrains appartenant au domaine public de l’Etat (ceux de la caserne Pion par exemple) sont imprescriptibles et inaliénables. Ce principe, d’abord « loi fondamentale » du royaume, a été reconduit à l’identique sous la République. L’aliénation d’un immeuble est cependant exceptionnellement possible lorsque celui-ci devient inutile au service qui en est affectataire, comme à tout autre service public. Il existe ainsi, avant d’envisager une vente, « une obligation d’affectation ou d’utilisation préférentielle au profit des autres services de l’Etat [39] » (article L. 53 du Code du domaine de l’Etat ; auj. L. 3211-1 du code général de la propriété des personnes publiques). A Versailles, le service pouvant succéder à l’armée en vertu de ce principe d’affectation préférentielle est tout trouvé : il s’agit de l’EPV, service public culturel…

C’était sans compter sur une exception créée par la loi du 23 décembre 1986 et reconduite par une loi du 29 juillet 2009 : « Jusqu’au 31 décembre 2014, par dérogation aux dispositions de l’article L. 3211-1 du code général de la propriété des personnes publiques, les immeubles affectés au ministère de la défense peuvent être remis au service chargé des domaines en vue d’une cession sans que ces immeubles soient reconnus comme définitivement inutiles à l’Etat. » (article 7). Les immeubles reconnus comme inutiles à l’armée ne peuvent par conséquent, jusqu’en 2014, être réaffectés à l’EPV et doivent être vendus. Hervé Morin, alors ministre de la défense, souhaitait ainsi permettre une « gestion dynamique » des immeubles affectés à l’armée [40].

Une seconde exception intervient alors. Les ressources dégagées par la vente de terrains de l’Etat intègrent normalement son budget « général » : c’est le principe de l’universalité budgétaire, interdisant les affectations de ressources. Là encore, la loi du 29 juillet 2009 (art. 3) créé une dérogation au profit du ministère de la défense : les sommes correspondant à la vente de ses actifs lui seront affectées. On fixe même à ce ministère, malgré l’inquiétude du Sénat pour le patrimoine naturel [41], une « obligation de résultat inscrite dans la loi sous la forme de montants déterminés à réunir année par année » (1,22 milliards en 2010, 540 millions en 2011…). On comprend alors l’obstination du ministère à vouloir se défaire des immeubles qui lui ont été affectés…

Cependant, ces deux exceptions ne peuvent s’appliquer à Versailles pour les terrains énumérés par le décret du 27 avril 1995 créant l’EPV auxquels appartiennent les Matelots et les Mortemets mais malheureusement pas les secteurs de Pion et de Satory. Ce décret ne faisait que revenir à la pureté des principes domaniaux en prévoyant que « Les immeubles figurant sur la liste annexée au présent décret sont mis à la disposition de l’établissement public […] dès lors que les administrations qui utilisent actuellement ces immeubles en modifient l’usage constaté à la date de la création de l’établissement public [42] ». Du point de vue domanial, il serait par conséquent tout à fait « normal » que les terrains de Pion reviennent également à l’EPV…

L’urbanisation du Petit Parc de Versailles, une conséquence du Grand Paris ?

Outre des questions purement financières [43], il faut peut-être rechercher aussi les raisons de ces orientations données au PLU dans le projet de Grand Paris du Président de la République. Celui-ci déclarait au sujet de la ville de Versailles : « Le jour où il n’y aura plus que des Parisiens, des Parisiens de Montmartre comme des Parisiens de Saint-Ouen […] ou de Versailles, nous aurons vraiment fini de faire le Grand Paris [44] ». Mettant en application cette « vision », l’office du tourisme de Versailles comporte déjà l’indication suivante : « Le nouveau Paris Ile-de-France ». Il ne s’agit pas simplement de rationnaliser l’urbanisation existante en créant un réseau de transport adapté, ni même de compléter cette urbanisation par un « cluster scientifique », mais bien de densifier un « Grand Paris » destiné à former une « ville monde [45] ». Le projet de Roland Garros à Versailles et ses à-côtés - qui n’avaient rien à voir avec les sciences - l’ont amplement démontré.

François de Mazières, président de la communauté d’agglomération de « Versailles Grand Parc », explique ainsi que le premier plan local de l’habitat (PLH) (2006-2011), visant à « anticiper les besoins de la population » (alors que des logements anciens se libèrent puisque Versailles et sa communauté d’agglomération perdent des habitants [46]), « a permis de multiplier par deux ou trois le nombre de logements créés chaque année », mais que « la communauté d’agglomération est toutefois confrontée à un nouvel obstacle avec la raréfaction de terrains disponibles à la construction. Une partie a été « consommée » lors du premier PLH. Un nombre important de terrains reste également la propriété de l’Etat (ministère de l’Agriculture, de la Culture, de la Défense) » [47]. Le parc de Versailles est ici clairement désigné comme un lieu d’urbanisation future et toutes les protestations de bonne foi du maire de Versailles n’y changeront rien. Il est en effet urgent d’« anticiper », puisque la création des nouvelles gares projetées à Versailles aboutirait, à terme, à doubler sa population [48], chiffres qui inquiétèrent le conseil municipal (URV et Gauche unie) malgré les dénégations énergiques du maire [49].

François de Mazières a longtemps souhaité faire aboutir le futur métro du Grand Paris à l’emplacement de la gare désaffectée des Matelots. Il expliquait ainsi « qu’autour de la gare des Matelots, des terrains très importants sont libérés aujourd’hui, notamment par l’armée : 63 ha sur le site des Matelots ; 20 hectares sur le site de Pion. Le maire de Saint-Cyr-l’École[…]est bien conscient qu’il développe aujourd’hui des programmes immobiliers très importants, et que cette gare des Matelots est donc susceptible de drainer l’ouest de Versailles [50] ». C’est ainsi une urbanisation continue de Versailles à Saint-Cyr qui est proposée. Marc Véron, président du directoire de la Société du Grand Paris, synthétisant la pensée du maire, déclare : « Il est exact qu’il y a un gisement foncier à Matelots, et que cela mérite d’être considéré eu égard à ce que la commune peut estimer y implanter ». On est heureux d’apprendre que le parc du château, affecté à l’EPV et classé au titre des monuments historiques, est un « gisement foncier » du Grand Paris…

Le maire de Versailles vient cependant de subir un grave revers puisque le Métro du Grand Paris devrait s’arrêter à Satory et non aux Matelots, changement sur lequel on reste très discret... La nouvelle gare serait située en bordure du plateau de Satory, à 750 mètres de celle désaffectée des Matelots. Le maire, qui doit préciser le projet de PLU sur ce point, proposera sans doute de maintenir et de renforcer le système de navettes prévu sur les contreforts du plateau pour relier les Matelots à Satory : « Depuis la gare des Matelots, une liaison en transports en commun devrait permettre de relier le site de Satory [51] » (ill. 6, flèches rouges). Le président de l’EPV avait, en outre, proposé le « rétablissement de la gare des Matelots qui deviendrait, sur la ligne Paris-Dreux [RER C], l’une des gares de desserte du Château [52] », arrêt sans intérêt pour les touristes qui disposent déjà des trois gares versaillaise bien plus proches du château.

Il est intéressant de rappeler la réaction des édiles de Versailles en 1913 au sujet d’un projet d’urbanisation similaire. A cette date, la municipalité de Saint-Cyr projetait la construction de « logements ouvriers » sur les terrains de la Pierre Plate (ill. 1), mitoyens de ceux des Matelots et de la caserne Pion. Le maire de Versailles obtint son abandon en expliquant que le rattachement des terrains à Saint-Cyr « porterait une atteinte grave à l’intégrité du Domaine historique et national de Versailles ». Dans une délibération du 24 janvier 1913, le Conseil municipal de Versailles appuyait son maire en considérant que « l’intérêt apporté par [la] commune [de Saint-Cyr] à la mesure sollicitée ne s’expliquerait que par l’arrière-pensée d’arriver à la désaffectation de cette partie du Parc domanial, à son aliénation et à son morcellement, avec suppression du mur d’enceinte ; que, dans ce cas, l’atteinte portée au Domaine de Versailles serait singulièrement aggravée ». Le syndicat d’initiative de la commune se joignit également aux protestations, en invoquant « la défense du tourisme » et l’intérêt des promeneurs [53]. La mairie de Versailles ferait bien de méditer ses propres archives…

Un nouveau constructeur et bailleur social : l’EPV ?

C’est dans le cadre de la communauté d’agglomération de « Versailles Grand Parc » (présidée par François de Mazières) que « L’ancienne Gendarmerie de Chèvreloup (Ill. 1) sera réhabiliter [sic] et de nouvelles constructions adjacentes permettront d’offrir entre 50 et 60 logements sociaux, destinés majoritairement aux fonctionnaires du château de Versailles » [54]. Ces terrains de l’ancien Petit Parc, situés au nord du domaine, appartiennent à l’EPV et ont été classés au titre des sites le 7 juillet 2000. Le maire de Rocquencourt, commune dont ils dépendent, relate les oppositions rencontrées : « […] des arbitrages se révèlent nécessaires entre ministères, dont certains affichaient voilà peu des exigences et des réserves risquant de compromettre cette belle réalisation, loin de l’approbation unanime sur le terrain. En haut lieu, l’on rencontre ainsi quelques hérauts de la nature – ou de l’écologie - qui invoquent une incompatibilité entre la mission de préservation du domaine exercée par l’État et la volonté du maire d’y créer des logements sociaux. Alors que les pouvoirs publics ne cessent de réclamer des habitations à loyer modéré. Et que Rocquencourt est lourdement pénalisée pour ne pas satisfaire aux exigences de la loi en matière […] [55] ». Le même projet d’urbanisation avait déclenché en 1992 une campagne de presse à l’initiative des Amis de Versailles [56] qui avait permis l’affectation de l’ancienne gendarmerie à l’EPV [57], qui s’empresse aujourd’hui de réaliser ce qui a été interdit au ministère de la défense ! Jean-Jacques Aillagon, dans ce qui restera la dernière action de sa présidence (curieux testament…), a en effet annoncé que ces constructions verraient bien le jour [58].


9. Ancienne porte du parc à Chèvreloup, XVIIe et XVIIIe siècles
L’EPV souhaite adjoindre à cet édifice des bâtiments modernes
afin de créer 60 logements sociaux.
Photo : Didier Rykner
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10. Ancienne ferme du XVIIIe siècle
aujourd’hui affectée au Museum d’histoire naturelle
avec l’arboretum de Chèvreloup
Photo : Didier Rykner
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11. Anciennes écuries situées entre la porte (ill. 9)
et l’ancienne ferme (ill. 10).
Elles seront démolies pour
faire place à des HLM.
Photo : Didier Rykner
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Ce projet est choquant à plus d’un titre. Il risque tout d’abord de dénaturer un bel ensemble de bâtiments des XVIIe et XVIIIe siècles. Celui-ci, visible sur la Carte des chasses (vers 1780), consiste en deux bâtiments parallèles reliés par des écuries. Le premier est, depuis le XVIIe siècle, l’une des portes du Petit Parc (ill. 9). Le second, aujourd’hui affecté au Museum d’histoire naturelle avec l’arboretum de Chèvreloup, était probablement utilisé comme ferme au XVIIIe siècle (ill. 10). Le communiqué de l’EPV considère que les écuries « sont maintenant très dégradées [leur toiture est en effet partiellement effondrée] et ne pourront être restaurées » [59]. Rappelons que ces bâtiments, bien authentiques (ill. 11), sont affectés à l’EPV depuis 10 ans et au ministère de la Culture depuis 15 ans [60]. Il n’est par conséquent pas admissible que l’établissement public se prévale aujourd’hui de sa propre négligence pour construire à leur emplacement des logements sociaux. Il faudrait, à tout le moins, que le volume exact des écuries soit conservé, mais le problème des autres bâtiments à construire, des parkings, du bruit et de la lumière nocturne ne serait pas pour autant résolu...
Il est d’ailleurs contre nature de transformer une porte en cour fermée… Il était prévu en 1992 d’en faire une « maison de la nature » donnant accès à une partie de l’arboretum ordinairement non visitable. Cette fonction pédagogique, et d’entrée dans le parc, est aujourd’hui d’autant plus nécessaire que l’EPV vient de récupérer le domaine frontalier de Marly…

Plus fondamentalement, l’établissement public ne peut, comme le souhaitait J-J Aillagon, « créer une offre supplémentaire de logements sociaux et participer à l’effort national en ce domaine » [61] : il doit en effet, de par ses statuts, « conserver, protéger, restaurer » le domaine de Versailles. Le décret d’affectation de la gendarmerie précise d’ailleurs (comme c’est toujours le cas) que ces terrains sont « attribués à titre de dotation à l’EPV […] pour l’accomplissement des missions qui lui sont confiées ». Si le château souhaite mener une politique sociale (ce qui est louable), ce n’est certainement pas en construisant des HLM dans son parc qu’il y parviendra, mais en infléchissant sa politique tarifaire…
Il s’agit également d’un précédent grave pour l’ensemble de la plaine de Versailles classée au titre des sites et conservant l’essentiel des vestiges du parc de chasse du château (ancien Grand Parc) : comment refuser à l’avenir des opérations d’importance similaire ? On peut légitimement s’inquiéter de ce que le maire de Versailles soit désormais en charge de la réhabilitation de cet espace et notamment de la fameuse « main royale » de Le Notre (étude confiée au paysagiste Thierry Laverne dont nous ne connaissons pas les conclusions mais qui s’est illustré en replantant l’allée royale de Sénart de Séquoias ! [62]).

La théorie de la « ville jardin »

François de Mazières n’hésite pas à mettre la Cité de l’architecture et du patrimoine qu’il préside (et dont « Bouygues immobilier » est un « partenaire fondateur ») au service de ses ambitions Versaillaises. Alors que cette institution a accueilli les projets relatifs au Grand Paris [63] que le maire s’efforce de faire venir jusqu’aux pieds du château, une exposition récente (mars-juillet 2011) faisait accepter l’urbanisation qui en découle. Celle-ci, qui s’intitulait « La ville fertile, vers une nature urbaine », tendait à abolir les frontières entre ce qui est urbain et ce qui ne l’est pas. Ainsi, saupoudrer un peu de nature en ville autoriserait à urbaniser des espaces préservés. Cette théorie est née en octobre 2010 dans les locaux de l’INRA (ill. 1), à deux pas des terrains de Pion et des Matelots, lors d’un colloque intitulé « Le vivant et la ville » [64].
Sont intervenus à cette occasion le maire de Versailles, le président de l’Etablissement public de Saclay, le président de l’INRA, Bouygues immobilier, le directeur des jardins de Gally (société abritée dans des bâtiments appartenant à l’EPV) qui évoqua « La création d’une grappe d’entreprises « le Vivant et la ville » ». On y trouvait également le directeur du REEDS (« laboratoire de recherche en économie-écologie, éco-innovation et ingénierie du développement soutenable »), connu pour son projet de dénaturation de la bergerie nationale de Rambouillet [65]

12. Bâche dissimulant une aile de l’hôtel de ville
portant l’inscription « Versailles ville jardin 2013 année Le Nôtre »
Octobre 2011
Photo : Didier Rykner
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Cette théorie trouve un écho à Versailles dans la manifestation « Esprit jardin », dans le dépôt par la commune à l’INPI de la marque « Le vivant et la ville [66] » ou dans le déploiement d’une gigantesque bâche fleurie dissimulant l’hôtel de ville et portant la mention : « Versailles ville jardin 2013 année Le Nôtre » (ill. 12). Mettant en application cette idéologie confusionniste, le maire explique : « Notre cité dispose d’une culture du jardin au sens paysager depuis Le Nôtre. Il faut donc faire de Versailles une "ville jardin". Un exemple ? Le site des Etablissements Pion, 22 hectares à la sortie de la ville sur la route de Saint-Cyr. Il s’agit là de construire un éco-quartier » [67]. L’urbanisation légère de cette parcelle sera, on l’a vu, étendue et densifiée… Le maire justifia également a posteriori le projet d’installation de Roland-Garros aux Matelots avec son cortège de « programmes complémentaires » par un recours à la « novlangue » jardinière dont il est l’inventeur. Il évoque ainsi « Une campagne qui aura permis de sortir de l’ombre ces vastes terrains, aujourd’hui quasi en friche […]. Car ne nous y trompons pas : dans le monde actuel, nos jardins sont des joyaux qui ne cesseront de prendre de la valeur et nous devons penser la préservation du vivant dans la ville dans toutes ses dimensions » [68]. Ainsi, si l’on ne peut que souscrire aux prémices de ce « raisonnement », la conclusion est des plus paradoxales : la préciosité des jardins justifierait qu’ils soient urbanisés !

Du point de vue juridique, le maire de Versailles semble vouloir traiter le classement du parc comme une simple servitude d’abords (zone de 500 mètres destinée à protéger « l’aspect » des abords d’un monument historique). Il considère ainsi que « Le terrain [des Matelots et des Mortemets] a été classé au titre des Monuments historiques [...] pour préserver une unité de traitement de l’ancien domaine royal » [69], donnant par là une définition inédite du classement au titre des monuments historiques. En réalité, le fait que l’urbanisation du domaine soit invisible depuis le château importe peu car les terrains eux-mêmes sont objets de la protection. La nature est protégée pour ce qu’elle est, ou pourrait être après destruction de bâtiments parasites. Le ministre des affaires culturelles précise d’ailleurs à l’occasion du reclassement (le second !) des terrains des Matelots-Mortemets en 1960 : « je vous serais obligé [il s’adresse au ministre de la guerre] de m’aviser si un projet de cession ou de changement d’affectation des terrains en question est envisagé. Il m’apparait en effet que le jour où le département de la Guerre n’aura plus l’utilisation des parcelles cédées en 1882, il conviendrait que ces dernières reviennent au Domaine National de Versailles ce qui rétablirait l’état de choses ancien qui n’avait été interrompu que pour tenir compte des besoins de votre département » [70]. Il s’agit par conséquent d’un « classement-programme » prévoyant un retour à la nature.

13. Plan « du Bus » (1662) et terrains à urbaniser
Les terrains à urbaniser des Matelots et des Mortemets étaient
au cœur du premier parc de Louis XIV.
BNF, Cartes.
Photo : D. R.
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D’ailleurs, la plaine des Matelots et des Mortemets avait été préférée à toute autre par Louis XIV pour son intérêt cynégétique comme le montre le « plan du Bus » [71] (1662), le premier connu du parc (Ill. 13) : « Pour l’heure, écrit Jean-Claude Le Guillou, le roi éprouvait surtout un vif besoin d’espace, imaginait son parc comme une étendue semi-sauvage, assez ample pour y courre en tous sens au hasard des forets, des terres, des étangs des marais et des prés. […] Il avait trouvé ce qu’il souhaitait sur les collines boisées montant jusqu’à la crête de Satory, dans le creux de la prairie sous le village de Versailles [terrains des Matelots-Mortemets] et dans le vallon de Galie. Par contre, comme les herbages de la plaine de […] Trianon étaient trop plats et découverts pour l’intéresser, il ne prenait [pour le moment] rien de ce côté-là » [72]. Plus tard, le génie de Le Nôtre - contrairement à la tradition des jardins clos du Moyen-âge et de la Renaissance - a été d’intégrer ce paysage à ses compositions. C’est cette « vision globale, nouvelle et révolutionnaire, du paysage et de l’espace » [73] qui s’illustre à Versailles. Les allées, striant les terrains des Matelots, des Mortemets et de Pion, forment « comme un filet maillé exprimant sur la carte la mainmise du pouvoir royal sur le pays ». Encore faudrait-il que ce « pays », dont Saint-Simon soulignait la banalité [74] existât. Celui-ci ne peut être urbain, car « la composition [versaillaise] s’adosse à l’horizon en […] se déployant progressivement […] du milieu le plus architecturé vers le milieu le plus naturel ». Louis XIV avait ainsi notamment ordonné la démolition du village de Choisy-aux-Bœufs situé à l’emplacement exact des Matelots [75]. Il est par conséquent nécessaire que soient reconstitués champs, pâtures et friches aux Matelots-Mortemets, comme à Pion. Le réseau d’avenues de Le Nôtre à besoin de ces « vides », de ces fragments de campagne d’Ile-de-France, pour exprimer sa force. Leur urbanisation serait ainsi un non sens historique et esthétique. C’est ce qu’avait parfaitement compris l’Inspecteur général des monuments historiques Paul Selmersheim qui rédigea le rapport sur le classement du domaine aujourd’hui en vigueur. Il demanda, rappelons le, la protection de « [tous] les aspects de ce Domaine unique dans le monde » et notamment « de grands terrains livrés à l’agriculture. »

Alors que faire ?

Il est nécessaire de distinguer selon les zones concernées par la révision du PLU :

 Aux Matelots-Mortemets

Il est inconcevable que le PLU n’interdise pas l’urbanisation de ces terrains : d’une part, ils sont classés au titre des monuments historiques, d’autre part, il n’entre nullement dans les « missions » de l’EPV - qui en sera affectataire - de réaliser une telle opération. Il ne peut, ici, y avoir de concessions. Ces terrains doivent à terme revenir entièrement au domaine de Versailles. Toute réouverture de la gare désaffectée des Matelots (située elle même dans la zone classée au titre des monuments historiques) doit être proscrite. Celle-ci, devenue inutile depuis la dissolution du 5e régiment de génie, doit être démantelée. Une décision inverse créerait une pression urbaine qui serait fatale à cette partie du parc.

 À Pion

A l’instar du terrain des Matelots et des Mortemets, celui de Pion doit être clairement protégé et doit réintégrer le Domaine du château, d’autant que la caserne est désaffectée ; le projet de PLU reconnaît d’ailleurs, rappelons le, que « le plan d’exposition au bruit [proximité de l’aérodrome de Saint-Cyr] limite les possibilités d’organisation urbaine du site [76] ». Il suffirait d’un décret pour rendre ces terrains au domaine de Versailles.
Le projet de nouvelle gare sur le trajet du chemin de fer aujourd’hui désaffecté de la Grande Ceinture doit également être abandonné. Dans le cas contraire, l’urbanisation de Saint-Cyr se répandra en compromettant toute la partie ouest du Domaine. Quid demain, notamment, des terrains tout proches de l’INRA devant revenir à l’EPV ?

 À Satory

Les terrains dont le PLU prévoit l’urbanisation, encadrés par la forêt domaniale de Versailles, sont restés largement naturels (champ de manœuvres de l’armée). Jusqu’en 1998 (avis du Conseil d’Etat), le ministère de la culture les considérait - à juste titre - comme classés au titre des monuments historiques. Il convient de demander que leur caractère naturel soit au maximum maintenu. On pourrait même envisager qu’ils soient partiellement classés au titre des sites avec les coteaux du plateau, dont la préservation est primordiale pour le domaine.

On oppose souvent à la restitution à l’EPV de terrains militaires cette grave question : comment les entretenir désormais et quelle fonction leur trouver ? La réponse se trouve du côté de Trianon ou des terrains de la Pierre Plate, menacées d’urbanisation en 1913 : ils sont plantés, semés en blé ou utilisés comme pâturages, conformément à une pratique adoptée dès l’Ancien Régime. Ainsi, loin de coûter à l’EPV, l’exploitation des anciens terrains militaires lui rapportera un peu. Elle pourrait même rapporter plus à condition d’en « labéliser » les productions agricoles. Nous faisons ici entièrement confiance à l’EPV... Rien ne permet de penser que ces terrains doivent tous être dépollués : ils n’ont en effet nullement été affectés à des activités pyrotechniques, mais occupés par des régiments du génie. La commune admet en outre que cette dépollution serait parfaitement réalisable, puisqu’« il [n’]est utile et nécessaire de traiter en profondeur [que] les seules zones concernées par des travaux lourds [77] » (c’est-à-dire d’urbanisation), tout comme la démolition des bâtiments militaires, « essentiellement des hangars [78] ». Les terrains de la caserne Pion et des Matelots, partiellement replantés (ce qui ne coûte pas cher) ou semés, formeraient ainsi des réserves naturelles pour les générations futures autant qu’une coupure avec l’urbanisation galopante de la commune de Saint-Cyr. Dans ce contexte, un paysage agreste serait finalement presque exotique. Le classement du domaine intervenu en 1853 puis confirmé en 1906 et 1960 prend chaque jour plus de sens : comme le dit François de Mazières, « dans le monde actuel, nos jardins sont des joyaux qui ne cesseront de prendre de la valeur » !
Le bassin tout proche de Choisy, le plus méconnu du Domaine, aujourd’hui à l’abandon, pourrait être remis en eau comme point d’orgue de ce retour à la nature. Pourquoi refuser ces 1500 hectares de verdure à Versailles - qui appartiennent d’ores et déjà à l’Etat - alors que Chantilly, propriété de l’Institut, est au cœur d’un domaine inaliénable de 9000 hectares ?

En guise de conclusion

Alors que le PLU est en voie de finalisation par la Mairie de Versailles sans que semble-t-il personne ne s’en émeuve, faute de connaître ce projet (en raison, on l’a vu, de sa grande discrétion) et d’en connaître les tenants et les aboutissants, les menaces sont donc multiples que l’on pourrait résumer ainsi :

 Menace de réduction progressive du Parc de Versailles aux seuls espaces directement visibles depuis le château. Il faut, au contraire, conserver la notion de parc en l’opposant à celle de « nature urbaine » promue par François de Mazières.

 Menace d’implantation de deux stations de chemin de fer, celle du futur métro du Grand Paris (station Versailles-Satory) et celle de la Grande Ceinture (station Pion), au cœur du domaine de Versailles, qui créeront immanquablement une très forte pression urbaine.

 Menace de destruction de l’enceinte du parc édifiée en 1685 (non protégée à ce jour).

 Menace de création d’un précédent fâcheux d’urbanisation-aliénation d’un Domaine national (quid demain de Marly, Meudon ou Saint-Cloud [79]… ?).

C’est donc l’intégrité du Parc de Versailles, création de Louis XIV, l’un des lieux au monde qu’on pourrait croire les mieux protégés qui est directement menacée par le PLU proposé par la Ville de Versailles. L’enjeu serait pourtant de faire du remembrement du Domaine le pendant du remeublement des intérieurs du château [80] - action aujourd’hui remarquablement menée -, de conserver à Versailles son parc de 1689 tel qu’il a été reconstitué sous le Ier Empire et de maintenir au profit des générations futures l’un des derniers domaines naturels de cette importance et de cette cohérence en Ile-de-France (1500 hectares clos de murs).

Nous sommes bien face à ce qui pourrait devenir l’un des plus grands scandales patrimoniaux d’une époque et d’un pays qui n’en manquent pourtant pas.

Didier Rykner et Julien Lacaze

Notes

[1Les dossiers de révision du PLU, consultables en mairie, n’ont pas été mis en ligne comme cela est pourtant possible et souvent mis en œuvre. Une plainte figure d’ailleurs à ce sujet dans le registre d’enquête publique

[2Ancien site de Versailles Roland-Garros (qui n’est aujourd’hui plus en ligne), rubrique « Questions/réponses », question 21 : « Peut-on craindre des risques particuliers de recours qui retarderaient la réalisation du projet ? »

[3Plan officiel des servitudes de protection du patrimoine rangé par erreur parmi les servitudes d’assainissement : http://www.versailles.fr/fileadmin/user_upload/Mes_documents/Urbanisme_grandsProjets/Urbanisme/PLU/4_b_1Plan_reseau_assanissement.jpg

[4Rapport du commissaire-enquêteur Fabien Ghez sur le projet de révision du PLU, 12 août 2011, p. 55-56.

[5Vincent Maroteaux, Versailles le roi et son domaine, Paris, Picard, 2000, p. 124

[6Lettre du Régisseur du Palais (P. Voisson) au ministre des Travaux Publics, en date du 2 juillet 1881, A.N., F21 2417.

[7Rapport de l’Inspecteur général des bâtiments civils et des palais nationaux Constant Moyaux au ministre de l’instruction publique et des beaux-arts en date du 20 juin 1902, A.N., F21 2423

[8Julien Lacaze, « La destruction de la grotte de la ménagerie de Versailles. Un imbroglio administratif au début du XXe siècle », Versalia, n° 8, p. 94-111.

[9J.O. du 27 janvier 1906, p. 554.

[10AN, F21 2423

[11La commission donna une portée rétroactive à ce reclassement qui s’incorpore par conséquent à celui de 1853, comme le montre sans ambiguités l’arrêté de 1906 : « Considérant qu’il importe de délimiter les parties du Domaine de Versailles qu’il y a lieu de maintenir sur la liste des édifices classes ». Il s’applique par conséquent - en principe - à tous les terrains du parc affectés après 1853, c’est-à-dire à l’ensemble du Petit Parc

[12Rapport à la Commission des monuments historiques par M. Selmersheim Inspecteur Général, sur « la désignation des parties classées du Domaine de Versailles (Seine et Oise) », séance du 25 mai 1906, conclusions adoptées, p. 1, M.A.P., dossier Versailles (protection).

[13Dossier d’enquête publique arrêté par le conseil municipal du 27 janvier 2011. 2b - Orientations d’aménagement par secteurs, p. 9.

[14Dossier d’enquête publique arrêté par le conseil municipal du 27 janvier 2011. 2b - Orientations d’aménagement par secteurs, p. 15 (légende du plan).

[15Ancien site de Versailles Roland-Garros (qui n’est aujourd’hui plus en ligne), rubrique « Questions/réponses », question 18 et 16.

[16Mairie de Versailles, document de synthèse, carte des orientations pour les trois sites militaires, p. 4

[17Dossier d’enquête publique arrêté par le conseil municipal du 27 janvier 2011. 2b - Orientations d’aménagement par secteurs, p. 14.

[18Ancien site de Versailles Roland-Garros (qui n’est aujourd’hui plus en ligne), rubrique « Questions/réponses », question 5.

[20Article 8 al. 2 et annexe du décret du 11 novembre 2010 abrogeant le décret du 27 avril 1995

[21p. 15

[22Ces derniers sont désignés sur le plan par la mention « Espaces forestiers »

[23Ancien site de Versailles Roland-Garros (qui n’est aujourd’hui plus en ligne), rubrique « Questions/réponses », question 18.

[24Dossier d’enquête publique arrêté par le conseil municipal du 27 janvier 2011. 2b - Orientations d’aménagement par secteurs, p. 13.

[25Rapport du commissaire-enquêteur Fabien Ghez sur le projet de révision du PLU, 12 août 2011, p. 13-14.

[26Dossier d’enquête publique arrêté par le conseil municipal du 27 janvier 2011. 2b - Orientations d’aménagement par secteurs, p. 15.

[27Le maire de Versailles nous a affirmé que cette idée de mur végétal est une demande de Jean-Jacques Aillagon, ce qui ne change rien à l’affaire.

[28Blog de JJ Aillagon, 8 janvier 2011, « Roland-Garros Versailles »

[29Dossier d’enquête publique arrêté par le conseil municipal du 27 janvier 2011. 5 – Avis des personnes publiques associées, p. 16-17.

[30Dossier d’enquête publique arrêté par le conseil municipal du 27 janvier 2011. 2b - Orientations d’aménagement par secteurs, p. 15.

[31Le terme n’est pas de nous, mais est utilisé dans le PLU.

[32Dossier d’enquête publique arrêté par le conseil municipal du 27 janvier 2011. 2b - Orientations d’aménagement par secteurs, p. 18.

[33Dossier d’enquête publique arrêté par le conseil municipal du 27 janvier 2011. 2b - Orientations d’aménagement par secteurs, p. 18.

[34Rapport du commissaire-enquêteur Fabien Ghez sur le projet de révision du PLU, 12 août 2011, p. 32

[35Dossier d’enquête publique arrêté par le conseil municipal du 27 janvier 2011. 2b - Orientations d’aménagement par secteurs, p. 17.

[36Sa fermeture est souhaitée depuis longtemps par la commune de Saint-Cyr.

[37Dossier d’enquête publique arrêté par le conseil municipal du 27 janvier 2011. 2b - Orientations d’aménagement par secteurs, p. 11 : « les espaces boisés de la forêt domaniale de Versailles sont préservés dans leur intégralité et de façon durable » !!

[38Rapport du commissaire-enquêteur Fabien Ghez sur le projet de révision du PLU, 12 août 2011, p. 50.

[39Synthèse faite par l’article 73 III de la loi du 23 décembre 1986 des dispositions des articles L 53 et 54 du code du domaine de l’Etat.

[41« Nous insistons […] sur la nécessité de préserver le plus possible le domaine militaire situé sur le littoral, déjà considérablement amputé, et qui participe au « conservatoire » d’espaces de plus en plus précieux ». Avis présenté au nom de la commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation sur le projet de loi de programmation, relative à l’équipement militaire pour les années 1987 – 1991 par M. Jean Francou, J.O., Sénat, doc. parlem., session de 1986-1987, n° 193, pp. 31-33

[42Décret n°2010-1367 du 11 novembre 2010, art. 8 al. 2 et annexe

[43Le maire souhaiterait en effet soulager ses contribuables d’une taxe d’habitation élevée en augmentant la part de la taxe professionnelle dans son budget (taxe qui représentait, en 2002, 61 % des recettes fiscales à Boulogne-Billancourt contre seulement 23 % à Versailles[Versailles, janvier 2003, p. 19.]). Cette taxe est en partie assise sur la valeur locative des biens immobiliers des entreprises Voir ce texte, art. 3). Or, leur installation dans la cité royale est problématique puisque le secteur sauvegardé couvre, avec son extension, 246 hectares.

[44Voir ici

[45Voir ici

[46Voir ici (p. 10-11) .

[47VersaillesGrandParc, n°3, juin 2011

[48L’exemple de la ville de Bussy-Saint-Georges, née de la création d’une gare sur le tracé du RER A, est à ce titre intéressant.

[51Dossier d’enquête publique arrêté par le conseil municipal du 27 janvier 2011. 2b - Orientations d’aménagement par secteurs, p. 14.

[52Blog de JJ Aillagon, 8 janvier 2011, « Roland-Garros Versailles »

[53Protestation de la ville de Versailles contre une demande formée par le Conseil municipal de Saint-Cyr-L’école, tendant à annexer à cette commune différentes parcelles faisant partie du Grand Parc de Versailles / Enquête à la Mairie de Versailles du 18 au 26 janvier 1913, Dire de M. Simon, adjoint au Maire de Versailles, Délibération du Conseil municipal de Versailles du 24 janvier 1913, Dire du Syndicat d’Initiative de Tourisme de Versailles et Environs, A.C.V., D3 206.

[54Voir ici

[55Voir ici

[56Le Monde, 11 janvier 1992, « L’imbroglio de Versailles », Emmanuel de Roux, p. 11 ; Le Figaro, 14 janvier 1992, « Versailles : une « affaire d’Etat » qui nous regarde », Olivier de Rohan.

[58Voir ici

[59Ibid.

[60Voir ici et ici

[61Voir ici

[62Voir ici et ici

[63Voir ici

[64Voir ici

[65Voir l’article de Vincent Noce dans Libération

[66Versailles, juillet-aout 2011, p. 8.

[68Versailles, mars 2011, éditorial du maire, p. 3. Numéro revêtu d’un paysage verdoyant titré « Le vivant et la ville ».

[69Ancien site de Versailles Roland-Garros (qui n’est aujourd’hui plus en ligne), rubrique « Questions/réponses », question 10.

[70Lettre du 30 mars 1960

[71Plan qui prit le nom de son découvreur, Charles du Bus (« Le plus ancien plan de Versailles », Gazette des beaux-arts, 1926, II, pp. 183-192)

[72Jean-Claude Le Guillou, « Le domaine de Versailles de l’aube à l’aurore du roi soleil (1643-1663) », Versalia n°5, p. 56.

[73Pierre-André Lablaude, Les jardins de Versailles, Paris, Scala, 1995, p. 34.

[74« Le plus triste et plus vilain pays du monde »

[75Les villages de Satory, Trianon et Chèvreloup ont également été détruits à la demande du roi dans l’enceinte du Petit Parc. Maroteaux, op.cit., p. 104

[76Dossier d’enquête publique arrêté par le conseil municipal du 27 janvier 2011. 2b - Orientations d’aménagement par secteurs, p. 16.

[77Ancien site de Versailles Roland-Garros (qui n’est aujourd’hui plus en ligne), rubrique « Questions/réponses », question 2.

[78Ibid.

[79Saint-Cloud est d’ailleurs parallèlement menacé par un PLU ! Nous y reviendrons sans doute prochainement.

[80Le décret du 27 avril 1995 (art. 7 al. 2) sur le remembrement du Domaine est d’ailleurs le pendant exact du fameux décret de Malraux du 13 février 1961 prévoyant le retour au château des œuvres affectées aux administrations de l’Etat.

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