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Toulouse-Lautrec, résolument moderne

Paris, Galeries du Grand Palais, du 9 octobre 2019 au 27 janvier 2020

1. Henri de Toulouse-Lautrec (1864-1901)
Au cirque Fernando : Ecuyère, 1887-1888
Huile sur toile - 103,2 x 161,3 cm
Chicago, The Art Institute of Chicago
Photo : The Art Institute of Chicago
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« Le petit Bas-du-Cul, pas mal du tout. Le bonhomme a du talent » écrivit, enthousiaste, Théo Van Rysselberghe à Octave Maus [1]. Et Toulouse Lautrec - dont la petite taille lui valut des surnoms plus ou moins pittoresques, le plus poétique étant peut-être celui de Thadée Natanson [2] qui fit de lui « le peintre des narines » - fut invité à exposer au Salon des XX , rejoignant ainsi « les audacieux, les fiers, les insurgés » de toute nationalité. Parmi les onze toiles qu’il présenta la première fois à Bruxelles en 1888, le Cirque Fernando affirme pleinement la modernité de son art (ill. 1). Lautrec traite un divertissement populaire dans un format de peinture d’histoire. Il réussit à traduire le mouvement et la vitesse par un cadrage audacieux qui coupe les figures, comme un instantané photographique : un clown sans tête, un autre sans bras, au centre une grande plage vide ; l’écuyère échange un regard avec Monsieur Loyal dont la souplesse cabrée contraste avec l’immobilité des spectateurs. Leurs visages grimés et grimaçants sous le feu des projecteurs en font presque des caricatures, tandis que le premier plan est occupé par la croupe indécente du cheval. L’écriture synthétique et linéaire de Toulouse-Lautrec est en place, l’influence du japonisme est palpable. Avec cette peinture il affirmait son style et sa volonté de s’imposer sur la scène internationale.

La belle exposition qui lui est actuellement consacrée au Grand Palais montre ainsi que son œuvre ne se réduit pas à Montmartre et que loin de l’étiquette d’artiste dilettante ou maudit - il souffrait d’une maladie génétique due à la consanguinité de ses parents et mourut à 36 ans - il nourrissait une véritable ambition de peintre professionnel et comptait bien exposer au Salon officiel, et partout ailleurs. Il présenta ses œuvres au Salon des Indépendants et au Cercle Volney, les diffusa aussi par le biais de ses affiches dans la rue, par ses lithographies et ses dessins dans la presse populaire comme dans les publications d’avant-garde telles que La Revue blanche fondée par les frères Natanson.

2. Henri de Toulouse-Lautrec (1864-1901)
Carmen Gaudin, vers 1884
Huile sur toile - 52,9 x 40,8 cm
Williamstown, Sterling and Francine Clark Art Institute
Photo : The Clark Art Institute
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Après une formation chez René Princeteau, peintre de chevaux, il entra en 1883 dans l’atelier de Léon Bonnat, puis dans celui de Fernand Cormon où il côtoya Vincent Van Gogh, Emile Bernard, Louis Anquetin. Il s’initia au naturalisme et pissa littéralement sur l’idéalisme en parodiant le Bois Sacré de Puvis de Chavannes : dans cette Arcadie intemporelle, il ajoute une horloge, remplace la lyre par un tube de peinture en métal…

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