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Sous le regard de Méduse. De la Grèce antique aux arts numériques

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Caen, Musée des Beaux-Arts, du 13 mai au 17 septembre 2023

Cette exposition exhibe celle qu’il ne faut justement pas regarder : Méduse, la Gorgone aux cheveux qui sifflent, aux yeux qui pétrifient, hante le Musée des Beaux-Arts de Caen. Celle dont la vision est insoutenable fut abondamment représentée à toutes les époques, de l’Antiquité à aujourd’hui, des vases attiques marqués du monstrueux visage de Gorgo, jusqu’à la statue de Luciano Garbati qui inverse les rôles et fait de Méduse une héroïne antique, victorieuse de Persée (ill. 1 et 2).


1. Céramique attique
Attribuée au Peintre de Munich (1512)
Amphore à figures noires,
vers 510 avant J.C.
Céramique - 41 x 27,5 cm
Boulogne-sur-Mer, Château Musée
Photo : Boulogne-sur-Mer, Château Musée
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2. Luciano Garbati (1973)
Méduse tenant la tête de Persée, 2023
Bronze - 215 x 88 cm
Atelier de l’artiste
Photo : bbsg
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Les commissaires, Alexis Merle du Bourg et Emmanuelle Delapierre, assistés de Lucie Rochette, ont tenté d’équilibrer les différentes sections du parcours chronologique. Il leur a fallu résister à la tentation de surcharger le XIXe siècle, particulièrement riche en Gorgones en tous genres qui surgissent sur les grands formats du Salon, incarnent l’horrible beauté chère au romantisme et la femme fatale des symbolistes. Ils ont aussi veillé à ne négliger ni le Moyen Âge, au cours duquel la Méduse occupa une place moins importante, ni le XXe siècle qui se détourna de la mythologie considérée comme une source d’inspiration trop classique voire horriblement bourgeoise. La fin du XXe siècle et le XXIe siècle en revanche ont connu un véritable engouement pour la Gorgone qui multiplie ses apparitions dans les arts mineurs et les nouveaux modes de représentation comme le cinéma. Tatouages, dessins animés, jeux vidéo, luxe - elle est le logo de Versace pour qui « la mode est une arme » -, les commissaires ont résolu le problème de cette diversité de supports en installant des écrans dans les salles sur lesquels défilent des photos et des extraits de films.


3. Artiste florentin,
Scipion, vers 1475
Marbre - 61 x 40, 5 x 11,5 cm
Paris, Musée du Louvre
Photo : RMN-GP - Musée du Louvre
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Comment expliquer sa longévité dans les arts ? Pourquoi elle, plutôt que le sphinx, les sirènes, le Minotaure ou le Cyclope ? Sans doute parce que Méduse est plurielle. Elle est à la fois le personnage d’un récit, l’antagoniste de Persée, mais aussi un symbole, une synecdoque, une tête coupée transformée en emblème. Ses multiples facettes - et visages - sont contradictoires : elle est mortifère et apotropaïque ; elle peut tout aussi bien avoir les traits d’un monstre hideux, parfois grotesque, que l’apparence d’une beauté fatale capable d’éclipser les faculté critiques de l’entendement masculin ; elle est à la fois tueuse et victime, violée par Poséidon. Et cette polyphonie lui permet de s’adapter, de faire écho aux aspirations de…

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