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Poussin et Dieu

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Paris, Musée du Louvre, du 30 mars au 29 juin 2015.

1. Nicolas Poussin (1594-1665)
Autoportrait, 1650
Huile sur toile - 98 x 74 cm
Paris, Musée du Louvre
Photo : RMN-GP/J.-G. Berizzi
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La (légère) polémique qu’engendre dans la presse l’exposition du Louvre n’a vraiment guère lieu d’être. Qu’on penche pour sa thèse de Poussin peintre chrétien ou pour celle, inverse, d’un artiste moins pieux que philosophe, voire libertin, on ne peut reprocher à une exposition d’avoir une thèse, justement – tant n’en ont pas – surtout lorsqu’elle produit un accrochage aussi intense et aussi beau. En 1994, Marc Fumaroli partisan de la première, s’opposait à Jacques Thuillier, défenseur de la seconde et auteur d’un excellent texte dont le titre a été repris par les commissaires de l’exposition : « Poussin et Dieu » [1]. Thuillier estimait d’ailleurs plutôt, assez sagement, qu’on ne connaîtrait jamais vraiment de manière sûre la foi de Poussin (« aujourd’hui pas plus qu’hier, nous ne sommes en mesure de répondre catégoriquement dans un sens ou dans l’autre écrivait-il alors »). Si cette prudence a notre préférence, l’exposition est également moins catégorique qu’elle ne paraît, le catalogue étant largement ouvert à des historiens d’opinion diverses.

Poussin n’ayant laissé aucun écrit faisant penser qu’il serait particulièrement sensible à la religion et n’ayant peint que peu de tableaux de dévotion destinés à prendre place dans un édifice religieux, on ne peut se baser que sur sa peinture. Et nous ne partageons pas l’avis de ceux qui croient qu’on doit être profondément chrétien pour peindre des tableaux religieux. Le même débat a lieu régulièrement avec Delacroix. Pourtant quoi de plus émouvant, quoi de plus mystique que sa Mise au tombeau de l’église Saint-Denis-du-Saint-Sacrement ? On peut être touché par la beauté de la religion et de son message sans être soi-même touché par la grâce.

Nous ne sommes pas davantage convaincu par l’essai de Mickaël Szanto (l’un des deux commissaires de l’exposition), qui s’interroge sur le célibat des meilleurs amis de Poussin (et principaux commanditaires), en concluant via une curieuse association « célibat-chasteté » sur le supposé ascétisme de Poussin. On ne sait pas très bien depuis quand le célibat serait l’équivalent de la chasteté, mais cela ne nous paraît pas davantage vrai au XVIIe siècle que ce le serait de nos jours. Rappelons d’ailleurs que Poussin fut atteint du « mal français » (la syphilis), ce qui ne semble, sauf erreur, rappelé nulle part dans le catalogue. Quant à assimiler ses collectionneurs, dont quatre vivaient en France et qu’il ne fréquentait certainement pas très souvent autrement que de manière épistolaire, à ses meilleurs, voire à ses seuls amis, il y a un pas qu’il nous paraît audacieux de franchir. Poussin avait certainement de nombreux amis plus proches (au moins géographiquement) et dont la piété ou même la supposée chasteté ne nous est pas connue ou est douteuse (Jacques Thuillier en évoque quelques-uns…

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