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Paris pour mémoire. Le livre noir des destructions haussmanniennes

Auteur : Pierre Pinon.

Tous les historiens de la ville savent que celle-ci se nourrit d’elle-même et que les destructions sont consubstantielles à son existence même. Mais tous ceux qui ont un peu de sensibilité rêvent également, comme l’imagine Freud au début de Malaise dans la civilisation, de voir toutes les couches additionnées de ces villes successives. Paris, on le sait, a été meurtri dans la seconde moitié du XIXe siècle par d’innombrables destructions de l’urbanisme de la ligne droite, de l’hygiénisme et, pour tout dire, du progrès, ce « paganisme des imbéciles » (Baudelaire). Elles ont abouti à faire émerger une notion devenue familière, le « vieux Paris », qui vient enfin de trouver son historienne [1]. Dans cette sensibilité, les images, qu’il s’agisse de dessins, de gravures et plus encore de photographies (Marville, Emonts, Atget, Lansiaux…), ont joué un grand rôle, en se transformant en supports de la nostalgie, parfois même en redoutables procureurs d’une modernité trop arrogante.

C’est pourquoi le nouvel ouvrage de Pierre Pinon, spécialiste reconnu de l’urbanisme parisien du XIXe siècle est très important. On y trouve en effet reproduit, pour la première fois, les 634 planches de relevés de maisons du centre de la capitale, dessinées en 1821-1854 sous la direction de l’architecte Gabriel Davioud, assisté de J. Pappert. Ces élévations au crayon, qui fourmillent de détails et de renseignements, sont conservées à la Bibliothèque historique de la Ville de Paris depuis 1877, où elles sont réunies en deux précieux volumes. Signalé dès 1967 par Jean-Pierre Babelon [2], ce riche fonds n’avait été que partiellement utilisé par les historiens de la capitale [3] et, de ce fait, aurait mérité une introduction plus développée et surtout plus contextualisée.
Artiste d’envergure moyenne (on lui doit les théâtres de la place du Châtelet), Davioud avait reçu cette étrange commande en novembre 1851, alors qu’il avait 27 ans ; elle émanait d’Eugène Deschamps, conservateur du Plan…

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