Musée Granet, le scandale continue

Musée Granet, Aix-en-Provence
Photo : Didier Rykner
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26/11/10 – Musée – Aix-en-Provence, Musée Granet – Le conservateur, Bruno Ely, et la communauté d’agglomération du Pays d’Aix poursuivent leur entreprise de dénaturation méthodique du Musée Granet. Nous avons montré ici (voir l’article) comment ils avaient mis en dépôt dans un garde-meuble l’essentiel de leurs collections permanentes d’art ancien, pour alterner les expositions « événements », souvent médiocres, et des accrochages de dessins de Constantin d’Aix.
Aujourd’hui, ils annoncent tout fièrement que « Pour la première fois, un musée des Beaux-Arts ouvre massivement ses espaces à des artistes de l’ère numérique ! ». L’exposition [1] va occuper les salles du musée pendant près de cinq mois, du 10 décembre 2010 au 24 avril 2011. La communication repose d’ailleurs sur un mensonge, puisqu’on lit sur le site Internet que le parcours aura lieu « dans les salles d’exposition temporaire du musée » qui sont, en réalité, les anciennes salles d’exposition permanentes en partie cloisonnée pour cacher des tableaux, et rebaptisées.

Notre propos n’est évidemment pas de contester l’intérêt de l’art numérique qui est d’ailleurs hors du champ de La Tribune de l’Art. Mais comment ne pas s’indigner du détournement complet de la vocation de ce musée, avant tout destiné à montrer des collections permanentes d’art ancien et du XIXe, et qui se trouve transformé en centre d’exposition d’art contemporain. Imaginons l’inverse : serait-il normal (et les artistes l’accepteraient-ils ?) que l’on mette en caisses les collections du MAC/VAL pour les remplacer par des tableaux anciens ? Ou accepterait-on que le Louvre ferme ses entièrement ses salles pour accueillir de l’art numérique ? Alors que la Direction des Musées de France, transformée en Service des musées de France, semble avoir perdu tout pouvoir et peut-être même toute volonté d’imposer aux musées le respect de leur mission, il semble que la révolte ne puisse venir que des Aixois eux-mêmes. Jusqu’à quand vont-ils tolérer ce scandale ?

Didier Rykner

Notes

[1Voici le texte de présentation sur le site du musée : « Le musée Granet à Aix-en-Provence et le duo d’artistes Electronic Shadow proposent du 10 décembre 2010 au 24 avril 2011, une exposition dédiée aux nouvelles technologies intitulée « Futuréalismes ». Pour ses 10 ans de création, Electronic Shadow, formé de Naziha Mestaoui et Yacine Aït Kaci, investit les espaces d’exposition temporaire du musée Granet pour une grande rétrospective mais aussi une véritable prospective sur les mondes de demain. Cette exposition « d’art-fiction » se déploie sur plus de 700 m2 et propose de faire entrer le public, en près de 20 installations interactives autant que ludiques, dans des mondes mi-réels mi-virtuels, dont le corps est l’interface et l’environnement un élément en perpétuelle métamorphose.
Ces installations cherchent également à interroger le visiteur sur notre perception du monde contemporain, et au-delà, à imaginer, à concevoir, les mondes de demain en proposant la vision esthétique et philosophique d’un avenir où imaginaire et technologie ont fusionné ; « En faisant fusionner l’espace, l’image et le réseau, nous construisons ce que nous appelons des réalités hybrides… » expliquent Naziha et Yacine.
Ce parcours dans les salles d’exposition temporaire du musée est l’occasion de comprendre de façon globale les problématiques soulevées par Electronic Shadow depuis 10 ans. Une création au croisement de la philosophie, de l’imaginaire et de la poésie, faisant de ces deux artistes des créateurs inclassables, capables de travailler aussi bien avec la danseuse et chorégraphe Carolyn Carlson, l’entreprise Microsoft ou exposer leurs installations au MOMA de New York, au Centre Pompidou ou dans les lieux d’art. »

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