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Les administrateurs des musées nationaux épinglés par la Cour des Comptes

Le rapport que vient de publier la Cour des Comptes sur les musées et qui compte 270 pages (avec annexes) doit être analysé finement après lecture et sûrement pas rapidement après en avoir juste parcouru les principales conclusions comme, hélas, trop de journaux l’ont fait. Cela aurait déjà évité une généralisation hâtive : il est bien question des musées nationaux et non de la grande majorité des musées français. Ceci est d’autant plus vrai que ce ne sont même pas tous les musées nationaux qui ont été vraiment examinés. La liste fournie en p. 12 est infiniment plus restrictive puisqu’on n’y compte, outre le Louvre, Orsay, Versailles, le Quai Branly et la RMN, que fort peu de « petits » musées (Henner, Gustave Moreau et l’Orangerie), le Musée Rodin devant être mis à part en raison des importantes ressources propres qu’il dégage de la vente des éditions de bronze. Il serait donc souhaitable de préciser en introduction, ce que personne n’a fait, qu’il s’agit bien ici essentiellement d’un état des lieux des musées « établissements publics ».

Le procès des établissements publics

Cette distinction est nécessaire car ces grands établissements publics sont pour la plupart dirigés par des administrateurs, qu’ils soient énarques ou non, ou par des conservateurs qui n’ont depuis longtemps gardé que le titre, alors qu’en réalité ils ont basculé dans la catégorie « gestionnaire [1] »… Les attaques contre les « conservateurs » en tant que corps auxquelles ce rapport donne déjà lieu [2] sont donc surtout dues à ceux qui ne l’ont pas lu, ou pas compris : les conservateurs ne sont pour rien dans le constat fait par la Cour.
L’échec qu’elle décrit est donc surtout celui de l’autonomisation des musées en établissements publics dont nous n’avons cessé de dénoncer les dérives.

L’introduction du rapport, qui souligne qu’entre 2000 et 2010 les « dépenses directes et les dépenses fiscales de l’Etat au bénéfice des musées nationaux ont augmenté deux fois plus vite que celles du ministère de la Culture et trois fois plus vite que celles du budget de l’Etat », pour frappante qu’elle soit à première vue, doit cependant être relativisée. On ne peut inclure sans précaution dans le même chiffre les dépenses directes et les dépenses fiscales. Non parce que ce calcul serait faux, bien au contraire. Nous avons depuis longtemps expliqué que le financement par le mécénat n’était pas neutre pour le budget de l’Etat. Mais on ne peut pas, en fonction de ce qui arrange, l’inclure dans certains cas (lorsque l’on veut par exemple comme ici expliquer que l’Etat consacre trop d’argent aux musées) et le refuser dans d’autres, lorsque l’on nous explique qu’un projet inutile ou nuisible (au hasard, certaines reconstructions ou restaurations de Versailles ou l’organisation d’expositions d’art contemporain au Louvre et à Versailles) ne coûtent rien parce qu’elles sont financées par le mécénat !

Il est bien précisé (p. 19) qu’ « il n’était pas attendu [des réformes successive] des…

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