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Le mystère Le Nain

Lens, Louvre-Lens, du 22 mars au 26 juin 2017.

Pour organiser une exposition Le Nain, il faut un certain courage. Pour la réussir, il faut du talent. Incontestablement, il s’avère que Nicolas Milovanovic, le commissaire de cette rétrospective ne manque ni de l’un, ni de l’autre. En osant séparer clairement les mains des trois frères, il prend immanquablement le risque d’être sévèrement critiqué. Pourtant, il nous semble que ses propositions, quand bien même elles pourront et seront probablement révisées à la marge, nous amènent plus près de la solution qu’on ne l’a jamais été.

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, cette exposition n’est pas que la troisième étape de celle qu’ont accueillie récemment le Kimbell Art Museum de Fort Worth et le San Francisco Museum of Art. Nous ne les avons pas vues mais nous avons consulté longuement leur catalogue - qui n’a pas une ligne en commun avec celui du Louvre - et nous avons lu la recension assez sévère (mais qui nous semble juste) de Jean-Pierre Cuzin dans la Revue de l’Art [1]. Les Le Nain vus par les Américains sont profondément différents des Le Nain exposés à Lens. Le nombre de tableaux dont les attributions ont changé en traversant l’Atlantique (passant essentiellement d’Antoine à Louis) rend difficile toute comparaison. Trouver l’exposition de Lens claire implique nécessairement de penser le contraire de celle des États-Unis. Surtout, certains tableaux « nouveaux », exposés en France et aux États-Unis, sont publiés dans le catalogue américain comme des Le Nain quand la confrontation avec les œuvres certaines rend cela absolument impossible, ce que confirme le catalogue français.

1. France, vers 1635-1640
L’Adoration des bergers
Huile sur toile - 121 x 303 cm
Rouen, Musée des Beaux-Arts
Photo : Didier Rykner
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Nous commencerons donc par la fin de l’exposition, qui présente ces tableaux problématiques. Ainsi, L’Adoration des Bergers du Musée des Beaux-Arts de Rouen (ill. 1) [2] publiée par Pierre Rosenberg dans la Revue de l’Art ne peut pas leur être attribuée (le cartel, dans le musée, donne pourtant fermement le nom de Mathieu). On comprend ce qui a motivé Hubert Duchemin (le premier à avoir avancé ce nom) et Pierre Rosenberg, et nous avouons avoir été séduit par cette idée lors de la publication de l’article. Mais il n’y a désormais plus aucun doute : il s’agit d’un artiste français, encore anonyme, probablement dans l’entourage de Vouet plutôt que dans celui de La Hyre. Une très belle œuvre, mais pas un Le Nain. De même, la Crucifixion de Boston ne peut pas non plus être issue de l’atelier des Le Nain et relève plutôt de l’école hollandaise comme le propose le catalogue de l’exposition. Ceci ne souffrira probablement pas de contestation tant les différences sautent aux yeux par comparaison avec les œuvres authentiques. De même, il nous semble impossible de reconnaître Abraham Willemsens dans le Maître aux Béguins (un des artistes proches de Le Nain). Cette identification avait été proposée…

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