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L’Expressionnisme en Allemagne et en France. De Van Gogh à Kandinsky

Montréal, Musée des Beaux-Arts du 11 octobre 2014 au 25 janvier 2015

«Nous avons aussi inclus un certain nombre d’œuvres de jeunes peintres français, des expressionnistes, car la Sécession a toujours considéré qu’il était de son devoir de montrer ce qui se fait d’intéressant en dehors de l’Allemagne» [1]. Ceux qui, en 1911, incarnaient la modernité allemande considéraient donc certains artistes de l’hexagone comme des « expressionnistes » ?


1. Henri Matisse
Nu assis (Petit Bois clair), 1906
Gravure sur bois - 46 x 29 cm
Baltimore Museum of Art
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2. Ernst Ludwig Kirchner
Dodo jouant avec ses doigts, 1909
Lithographie - 33 x 40 cm
Milwaukee art Museum
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Longtemps les avant-gardes du début du XXe siècle furent étudiées séparément, pays par pays, et si aujourd’hui le terme expressionnisme est étroitement lié aux deux mouvements allemands que sont Die Brücke et le Blaue Reiter, l’exposition du Musée des Beaux-Arts de Montréal [2] rappelle que ce ne fut pas toujours le cas : en confrontant les compagnons de Matisse et ceux de Kirchner (ill. 1 et 2), elle montre qu’ils se sont non seulement côtoyés, mais regardés et influencés. Ils ont aussi puisé aux mêmes sources : le néo-impressionnisme, l’art nabi, et bien sûr les grands maîtres, Van Gogh, Gauguin, Cézanne, mis en exergue tout au long du parcours, phares baudelairiens qui éclairèrent le début du siècle.
Des deux côtés de la frontière, les artistes cherchèrent à dépasser l’impressionnisme pour saisir le réel de manière subjective et peindre des toiles qui reflèteraient leurs propres sensations. Bref, exprimer plutôt que représenter. L’exposition souligne leurs points communs artistiques et leurs différences culturelles, les années 1900-1914 étant à la fois marquées par une effervescence artistique cosmopolite et par des courants nationalistes qui allaient s’accentuer avec le temps.

3. Vincent Van Gogh (1853-1890)
Saules au coucher du soleil, 1888
Huile sur toile montée sur carton - 31,6 x 34,3 cm
Otterlo, Kröller-Müller Museum
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Le fauvisme et Die Brücke sont nés la même année, 1905. Du moins en théorie. Comme le rappelle Magdalena M. Moeller [3], Matisse, Marquet, Manguin, Camoin, Derain, Vlaminck et les autres constituaient un groupe informel et leurs recherches picturales étaient antérieures à l’apparition de leur surnom donné par Louis Vauxcelles au Salon d’automne. La Brücke, au contraire, fut le fruit d’une volonté, celle de Kirchner, Bleyl, Heckel et Schmidt, de constituer un groupe doté d’un programme, certes flou, mais d’un programme : «ce qu’il nous fallait quitter, c’était clair pour nous – où cela nous mènerait-il, voilà qui l’était, il est vrai, beaucoup moins» [4]. Certains membres quittèrent le mouvement, d’autres le rejoignirent plus ou moins longtemps : Nolde, Pechstein, Cuno Amiet, et même un peintre qui fut un temps avec les fauves, Kees Van Dongen.

Les commissaires ont volontairement choisi des œuvres –…

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