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Fernand Pelez. La Parade des humbles

Paris, Petit Palais, Musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris, du 24 septembre au 17 janvier 2010.

1. Fernand Pelez (1848-1913)
Adam et Eve, 1876
Huile sur toile - 194,5 x 172 cm
Moulins, Musée départemental Anne de Beaujeu
Photo : Jean-Louis Losi
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En décembre 1913, quelques mois après sa mort, les amis et la famille de Fernand Pelez organisèrent une rétrospective de son œuvre dans son atelier fastueux, au pied de la gouailleuse butte Montmartre : un demi-siècle d’une carrière à éclipses s’y résumait en soixante-seize numéros. Elle était habilement centrée sur les parias qui avaient fait sa fortune à partir de 1883, avant de la ternir pour longtemps. Sur la couverture du catalogue, l’image d’un gavroche fin-de-siècle, vêtu d’une veste d’adulte, élimée, flottante, s’accompagnait d’un mot, écrit à la façon des graffiti urbains : Misère. Invoquer le célèbre roman de Victor Hugo avait valeur de manifeste posthume. La métaphore littéraire, au reste, venait naturellement sous la plume de Pelez quand il écrivait aux autorités. Ainsi en 1901, alors qu’il connaît de sérieux revers, s’adresse-t-il à la municipalité parisienne en des termes significatifs : « Depuis le jour où je pris la résolution de raconter les pauvres de Paris la toile que j’envoyais chaque année au Salon ne présentait dans ma pensée qu’une image d’un livre ou d’une œuvre qui ne s’expliquerait que réunie et entière. » Raconter n’est pas dénoncer ; s’apitoyer sur le sort des gueux relève d’un sentimentalisme de bon aloi et de la charité républicaine, non du militantisme radical dans son cas. Né en 1848, comme Gauguin, Pelez a hérité comme lui de l’humanitarisme social, assurément chrétien, dont ces deux artistes firent un emploi différent. Car le destin de sa peinture est davantage lié aux mutations du Salon au cours de la IIIe République, avant et après 1879. Bel hommage à un artiste mal compris et imprévisible, l’ample exposition du Petit Palais met en perspective ces choix de carrière avec justesse.

Son commissaire, Isabelle Collet, n’a pas oublié que le…

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