L’incompréhensible politique d’acquisitions du Louvre

Le buste de Paul Phélypeaux, Seigneur de Pontchartrain, que vendait la SVV De Baecque aujourd’hui à l’hôtel Drouot s’est envolé, fort logiquement, jusqu’à 2 400 000 € sans les frais, ce qui représente à peu près 3 millions d’euros avec les frais, au profit d’un collectionneur privé. Il s’agit d’un résultat pas surprenant, et d’un prix finalement assez raisonnable pour une sculpture certes à l’attribution incertaine, pas d’un de ces noms mythiques qui font rêver, mais qui est un chef-d’œuvre indiscutable et extrêmement important du point de vue de l’histoire et de l’art.


Attribué à Francesco di Bartelomeo Bordoni (1574-1654)
Paul Phélypeaux, Seigneur de Pontchartrain (1569-1621)
Buste en bronze à patine brune sur piédouche en marbre bleu turquin - 70,5 x 66 x 32 cm
Vendu à un collectionneur privé le 20 novembre 2019
Photo : De Baecque
Voir l´image dans sa page

Des quatre œuvres que nous avions distinguées dans notre brève du 12/11/19 - un tableau de Sweerts, une Lucrèce d’Artemisia Gentileschi et la Vierge à l’Enfant avec saint Georges et un ange musicien de Bernardino Luini - elle était la seule qui avait, sans discussion aucune, un caractère de trésor national.
Certains prétendent parfois que nous voudrions que tout soit acquis par des musées. C’est absolument faux. En l’occurrence, seul ce buste devait, selon nous (et pas seulement selon nous) entrer absolument dans un musée français. Il n’en sera rien, hélas.

Comment celui-ci a-t-il pu se voir accorder son certificat d’exportation ? Nous avouons renoncer à comprendre comment fonctionne le ministère de la Culture, et surtout le Louvre, qui n’a pas hésité récemment à faire une offre d’achat (que l’on nous a décrit comme « sérieuse ») pour le dessin de Saint Sébastien de Léonard de Vinci. Celui-ci est estimé à 15 millions d’euros, soit cinq fois le prix de ce buste ! Les collections publiques françaises n’ont aucun besoin de ce dessin de Léonard comme nous l’avons déjà expliqué (voir la brève du 10/1/17). En revanche, cette extraordinaire sculpture en bronze leur manquera toujours. Une fois de plus, le Louvre de Jean-Luc Martinez fait n’importe quoi. On commence à en avoir l’habitude, hélas.

Vos commentaires

Afin de pouvoir débattre des article et lire les contributions des autres abonnés, vous devez vous abonner à La Tribune de l’Art. Les avantages et les conditions de cet abonnement, qui vous permettra par ailleurs de soutenir La Tribune de l’Art, sont décrits sur la page d’abonnement.

Si vous êtes déjà abonné, connectez-vous.