Demande de restitution amiable par l’État de deux fragments d’un tableau du Guerchin

4/6/15 - Inaliénabilité - Paris, Musée du Louvre - Le 16 juin prochain devaient passer en vente chez Tajan à Paris deux grands fragments de tableaux peints par Guerchin (ill. 1 et 2).


1. Giovanni Francesco Barbieri, dit Le Guerchin (1591-1666)
La Gloire de tous les saints, fragment
Huile sur toile - 49,5 x 66 cm
Demandé pour une restitution amiable par l’État
Photo : SVV Tajan
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2. Giovanni Francesco Barbieri, dit Le Guerchin (1591-1666)
La Gloire de tous les saints, fragment
Huile sur toile - 49,5 x 66 cm
Demandé pour une restitution amiable par l’État
Photo : SVV Tajan
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Il s’agit d’une redécouverte importante, puisque la toile dont ils proviennent est le premier grand retable exécuté par l’artiste bolonais. Le catalogue raisonné de Luigi Salerno, I dipinti del Guercino, le répertorie sous le n° 3. Il précise que selon Malvasia, cette œuvre fut peinte en 1613, à la demande de Don Biagio Bagni pour l’église dello Spirito Santo à Cento. Saisie par les Français en 1796, elle fut exposée au Louvre en 1798, puis envoyée à Notre-Dame en 1802. La dernière mention date de 1811. On en connaît la composition globale grâce à une copie de petite copie à l’huile (ill. 3) et à un dessin d’ensemble au Louvre (ill. 4). Les fragments correspondent aux bustes de plusieurs saints qui se trouvent dans le registre inférieur.


3. D’après Giovanni Francesco Barbieri,
dit Le Guerchin (1591-1666)
La Gloire de tous les saints
Huile sur carton - 58 x 36 cm
Localisation inconnue
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4. Giovanni Francesco Barbieri,
dit Le Guerchin (1591-1666)
La Gloire de tous les saints
Plume, encre brune, lavis brun, rehauts
de gouache blanche - 40 x 20 cm
Paris, Musée du Louvre
Photo : Musée du Louvre
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Ayant été porté sur l’inventaire Napoléon, n’ayant pas été restitué en 1815 (comme un assez grand nombre d’œuvres qui sont donc entrées définitivement dans le patrimoine français), le tableau devenait donc inaliénable et imprescriptible.
La redécouverte de ces deux fragments, plus de deux siècles après leur disparition, ne change rien à ce constat, même si bien entendu la bonne foi des vendeurs - comme celle des commissaires-priseurs et de l’expert qui ont décrit parfaitement l’historique du tableau dans le catalogue de vente - n’est pas en cause. Nous avons appelé Éric Turquin dans l’après-midi qui nous a dit être en rapport avec le Louvre à ce sujet, et qui nous a assuré que la vente n’aurait pas lieu si la situation et le statut de ces œuvres n’étaient pas éclaircis.
Depuis, le directeur général des Patrimoines, Vincent Berjot, que nous avons également contacté, nous a indiqué que l’État venait de faire une demande de restitution amiable.

Ce cas nous paraît en effet très différent de celui du fragment du jubé de Chartres. Pour ce dernier, rien ne prouve (c’est plutôt le contraire) que l’œuvre puisse être revendiquée. En revanche, pour un tableau dont on est certain qu’il était à Notre-Dame en 1811 et qui se trouve sur l’inventaire Napoléon, le doute n’est pas permis. Selon toute probabilité donc, les deux œuvres, dont Nicholas Turner affirme dans le catalogue de vente : «I repeat, these fragments are capital works in Guercino’s oeuvre. They are his very first surviving oil paintings, the first of one of the greatest sequences of paintings in the medium by a great Italian master of the period [1].», rejoindront bientôt les cimaises d’un musée français.

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