Un nouveau Luis Tristán en Lozère

Dans le courant de l’année 2004, Isabelle Darnas, conservateur des antiquités et objets d’art de la Lozère, a trouvé une toile très intéressante, représentant Saint Jérôme étudiant (ill. 1 et 3), dans un dépôt attenant à une petite église de son département [1]. Nous avons rapidement pu établir que le tableau était dû à un ténébriste espagnol et, grâce à l’aide décisive d’Alfonso Emilio Pérez Sánchez et de Benito Navarrete Prieto, l’attribuer à Luis Tristán de Escamilla (vers 1585-1624) [2].

1. Luis Tristán
Saint Jérôme étudiant
Huile sur toile - 125 x 97 cm
France, Lozère
(propriété d’une commune)
Photo : Isabelle Darnas
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2. Luis Tristán
Saint Jérôme étudiant
Huile sur toile
Tolède, Couvent des
Jerónimas de San Pablo
© D.R.
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Il en existe en effet une autre version, avec quelques variantes, au couvent des Jerónimas de San Pablo de Tolède [3] (ill. 2) à l’évidence plus sèche que la toile de Lozère....

3. Luis Tristán
Saint Jérôme étudiant (détail)
Huile sur toile - 125 x 97 cm
France, Lozère (propriété d’une commune)
Photo : Isabelle Darnas
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Rare dans notre patrimoine, la peinture espagnole mérite une attention particulière et l’œuvre a été immédiatement proposée au classement au titre des Monuments historiques. Une seule collection publique française conserve des peintures de Tristán : le Louvre qui expose un grand Saint Louis roi de France distribuant les aumônes et une Vision de saint François d’Assise, cette dernière assez proche de conception de notre Saint Jérôme. On pourrait également citer le superbe Moine en prière qui se trouvait autrefois à Villandry, dans la collection Carvalho. Il s’agit donc là, à notre connaissance, de la première peinture de cet artiste, élève de Greco à Tolède, à être repérée dans une église de notre pays. Désormais clairement identifiée comme une œuvre importante, il est très souhaitable que la toile fasse bientôt l’objet d’une restauration soignée.

Pierre Curie

Notes

[1Huile sur toile, 125 x 97 cm. Pour des raisons de sécurité, nous ne pouvons, dans l’immédiat, communiquer précisément son lieu de conservation, mais il s’agit évidemment de la propriété d’une commune.

[2Sur l’artiste, voir Alfonso Emilio Pérez Sánchez, Benito Navarrete Prieto, Luis Tristán (H. 1585-1624), Madrid, Tolède, 2001.
Ibidem, p. 233-234, n° 97, repr. p. 149.

[3L’auteur de ces lignes remercie Isabelle Darnas, Laurent Hugues, conservateur des Monuments historiques de Languedoc-Roussillon et Odile Delenda, du Wildenstein Institute, de l’aide qu’ils lui ont apportée.

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