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Georges Seurat: The Drawings

New York, The Museum of Modern Art, du 28 octobre 2007 au 7 janvier 2008

Depuis que le Musée du Louvre a ouvert ses portes à l’art contemporain, la question des limites chronologiques et géographiques de chaque grand musée parisien est devenue une affaire d’État. À New York, la polémique n’est pas neuve : c’est même la guerre ouverte depuis longtemps. Le dernier épisode en date est sans doute la nouvelle présentation des peintures européennes du XIXe siècle au Metropolitan Museum, véritable relecture critique de l’accrochage du nouveau MoMA. Alors que celui-ci prétend rendre compte d’une révolution moderne, celle des Cézanne, des Van Gogh et des Seurat, qui se matérialiserait par le Picasso des Demoiselles d’Avignon et continuerait tout au long du XXe siècle, le Metropolitan dit exactement l’inverse : tous ces artistes, y compris le Picasso de Gertrude Stein, ne sont que l’aboutissement de l’art du XIXe. Étant donné ces interprétations divergentes – et toutes deux partiellement valides –, il ne faut guère s’étonner que lorsque les deux institutions organisent des expositions temporaires, elles le fassent de la manière la plus opposée qui soit. Cette année, c’est au tour de Georges Seurat (1859-1891) : à la rétrospective « classique » présentée par le Met en 1991, accompagnée d’un catalogue monumental aux notices érudites, succède cet automne au MoMA une présentation volontairement plus « moderne » des dessins de l’artiste, au fil moins rigoureusement historique et au catalogue uniquement composé d’essais plus ou moins liés au thème abordé. On ne se refait pas.


1. Georges Seurat (1859-1891)
Satyre et chèvre, d’après l’antique, 1877-1879
Fusain - 63.5 x 48.3 cm
Dian Woodner Collection WD-
646
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Pour l’occasion, c’est le directeur du MoMA lui-même qui annonce, si l’on peut dire, la couleur : Seurat est présenté d’emblée comme un artiste qui a su rejeter sa formation académique pour établir un style propre, menant directement à l’abstraction. À en croire la commissaire de l’exposition, Jodi Hauptman, la première prise de conscience salvatrice du jeune artiste aurait eu lieu lors de son service militaire, à Brest, en 1879-1880 : obligé de délaisser les plâtres antiques de l’École des Beaux-Arts, Seurat est forcé de s’intéresser à la vie de tous les jours, dont il consigne les accidents dans ses carnets. Ceux-ci sont non seulement exposés sous vitrine, mais on peut également les feuilleter virtuellement. Plutôt que de rendre caduque la présence des carnets dans l’exposition, un tel face-à-face est l’occasion de réaliser que la copie digitale, intrinsèquement lumineuse et de fait aveuglante, ne peut en rien remplacer l’œuvre originale, dont le support absorbe la lumière ambiante pour n’en restituer qu’une faible partie. On ne peut d’ailleurs que se féliciter des mesures de conservation qui empêchent de soumettre les dessins au même faisceau lumineux que des peintures devenues souvent aussi captivantes que des écrans plasma. La consultation des carnets de l’artiste a néanmoins…

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