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Enrichissements de la Bibliothèque Polonaise de Paris et célébration d’un chef d’œuvre allégorique de Horace Vernet
- 1. Jan Matejko (1838-1893)
Princesse, 1865
Aquarelle – 23 x 19,5 cm
Don d’Andrzej Nieweglowski, 2013
Paris, Société Historique et Littéraire Polonaise/
Bibliothèque Polonaise de Paris
Photo : Bibliothèque Polonaise - Voir l´image dans sa page
L’émouvante fidélité aux petites et grandes patries – œcuménisme s’impose ! – ne peut que faire bon ménage avec l’esprit de collection, lui-même indissociable comme l’on sait de toute histoire de l’art. On le vérifiera une fois de plus avec la sympathique démarche d’un Polonais très parisianisé et fort universel, Andrzej Nieweglowski [1], qui vient de remettre à la Société Historique et Littéraire Polonaise / Bibliothèque Polonaise de Paris, institution mémorable s’il en est, installée quai d’Orléans depuis 1854 [2], tout un ensemble de documents, gravures, dessins, photos, relatifs à sa chère Pologne d’origine. – Une démarche qui serait restée à peu près confidentielle si elle ne s’était agrémentée, à l’occasion d’une brève exposition, d’un suggestif petit album intitulé Cabinet d’un amateur [3] dans lequel notre donateur donne un entretien fort bien venu, élégamment ironique même, où il évoque son indéfectible vocation de collectionneur – une « maladie incurable », dit-il, qui remonte à l’enfance ! – à travers les inévitables péripéties de l’histoire, la sienne donc, forcément polonaise et forcément mouvementée, comme tout ce qui toucha si souvent à la Pologne. Plaise justement à La Tribune de l’Art d’en faire état : qui le ferait à sa place ! Et de signaler ainsi comme autant d’utiles enrichissements du patrimoine artistique visible à Paris, telle jolie étude de Princesse, de 1865 (ill. 1), par Jan Matejko [4] (1838-1893), l’un des brillants tenants sur place d’un historicisme post-romantique qui n’est d’ailleurs pas propre à la Pologne (que l’on pense à l’Autrichien Makart, ou bien, en France, à Henri Lévy et à Jean-Paul Laurens) ; ou bien tel typique fougueux dessin de mêlée de cavaliers et de fantassins [5], redevable au virtuose Norblin de La Gourdaine (1745-1830) (ill. 2), bien connu pour sa florissante production polonaise et qui ne le cède en rien aux réputés bataillistes du XVIIIe siècle, qu’ils se dénomment Casanova, Loutherbourg ou Gamelin. Notons encore dans cette stimulante donation nombre d’impeccables gravures de souverains, nobles et chefs de guerre polonais, dues notamment à de probes praticiens des Pays-Bas (Jacobus van der Heyden d’après Rubens, Jonas Suyderhoeff d’après Soutman, Jacobus Laurus, Willem Hondius, etc.), d’utiles estampes topographiques de Dahlberg, de Braun et Hogenberg, sans oublier l’alerte et savoureux Michal Plonski [6] (1778-1812) qui fait penser à Dietrich ou à Denon et qui s’inscrit si heureusement dans la fortune artistique de Rembrandt et de ses pittoresques gueuseries (ill. 3). C’est l’occasion de rappeler ici que Andrzej Nieweglowski œuvra longtemps aux côtés de Carlos van Hasselt, le regretté conservateur des collections artistiques de la…