Avec le Jupiter foudroyant retrouvé, la Triade Capitoline de Michel Anguier est enfin reconstituée

C’est entre 1659 et 1661 que Michel Anguier (1612-1686) sculptait pour Nicolas Fouquet trois grandes statues en pierre de Saint-Leu, Jupiter, Junon et Minerve, destinées à son château de Vaux mais non livrées [1]. Les deux déesses, Minerve et Junon, récupérées pendant la Révolution par Alexandre Lenoir pour le Musée des Monuments français, restèrent sur les lieux, occupés par la suite par l’École des beaux-arts où elles ont été récemment identifiées, Minerve la première [2] (ill. 1). Un peu plus tard, j’ai reconnu Junon qui se trouvait alors dans le jardin de l’École et ai présenté à son sujet un essai dans La Tribune de l’Art en 2009 .
La statue a bénéficié cette même année d’un sérieux nettoyage (ill. 2) et a repris sa place, dans le grand vestibule du bâtiment central de l’École des beaux-arts. Minerve a été mise en dépôt au musée de Sceaux, dans l’Orangerie ; l’École des beaux-arts en a conservé le moulage en résine pris sur l’original. Mais Jupiter manquait toujours et c’est en vain qu’on pouvait le chercher au même lieu.
J’ai eu l’heur de le retrouver ailleurs. Avant de le présenter tel qu’il m’est apparu, il convient de rappeler rapidement l’histoire de cette triade.


1. Michel Anguier (1612-1686)
Minerve
Pierre de Saint-Leu – H. 210 cm.
Sceaux, Orangerie du château
Photo : F. de La Moureyre
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2. Michel Anguier (1612-1686)
Junon
Pierre de Saint-Leu – H. 185,5 cm
Paris, École des beaux-arts
Photo : F. de La Moureyre
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Historique

3. Michel Anguier (1612-1686)
L’Hiver
Marbre – H. 220 cm
Paris, Jardins du palais du Luxembourg
Photo : Thierry Prat
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Fouquet ayant été arrêté le 5 septembre 1661, Anguier ne livra jamais à leur commanditaire les trois statues qui restèrent dans son atelier, impayées. Il mourut le 11 juillet 1686 et sa veuve les vendit en janvier 1689 à Jean-Baptiste Colbert de Seignelay par l’intermédiaire du marchand-joaillier Pierre de Montarsy [3]. Seignelay les plaça dans le parc de son château de Sceaux, à la terrasse supérieure des cascades qu’elles n’ont pas quittée avant 1799. Il avait aussi acquis pour Sceaux une quatrième statue de Michel Anguier, magnifique : L’Hiver (ill. 3), en marbre cette fois, qui se dressait en face de l’Orangerie et que l’on peut voir aujourd’hui dans le jardin du Luxembourg [4].
On suit facilement l’histoire à Sceaux de la triade capitoline d’Anguier. En 1693, le sculpteur restaurateur Rousseau constate qu’ « au figure [sic] du hault des casquade il y manque 4 doict » [5] et en 1700, les « trois figures modernes de pierre » sont estimées chacune 120 livres [6]. Dans l’inventaire du duc du Maine dressé en 1736, il n’est question que de « deux figures de pierre » [7], ce qui est une erreur manifeste. Caylus pense, en 1749, que « vraisemblablement le temps les a détruits » [8], propos qu’il a négligé d’aller vérifier in situ car, en 1778, Gaignat garantit qu’au-dessus du grand escalier au haut des cascades, « à droite sont Junon et Minerve, à gauche est Jupiter » [9], où elles sont encore consignées en 1793 [10].
La Révolution a commencé son œuvre de dépouillement dans les propriétés privées nationalisées. Le 14 avril 1798, le Musée des Monuments français a reçu de Sceaux « deux statues en pierre », jugées « très médiocres » [11] : il s’agissait soit des deux déesses, soit de l’une d’elles et de Jupiter. Le 30 juin 1806, Alexandre Lenoir dresse un rapport au ministre de l’intérieur sur « une statue du musée représentant Jupiter prêt à lancer la foudre » ; aucun autre Jupiter ne figurant dans son musée, c’est bien de notre Jupiter qu’il s’agit. Lenoir le décrit ainsi : « Une statue du musée représentant Jupiter prêt à lancer la foudre, copie de l’antique, en mauvais état et couvert de plusieurs couches de peinture à l’huile fort anciennes ». Il l’a confié au sieur Désormeaux pour le débarrasser de sa crasse, mettre la pierre à vif et le couvrir d’une liqueur qui, sans l’empâter, va le protéger [12]. On ne sait trop si Désormeaux s’est acquitté de cette tâche. En effet on apprend que, peu après, ce Jupiter, « copie d’après l’antique, par Marsy [sic] » a été « échangé pour des travaux faits au Musée », façon pudique pour Lenoir de ne pas avouer qu’il l’a vendu à quelque brocanteur [13]. Et de fait, Jupiter a bien quitté les lieux, on ne l’y voit plus.

Découverte de Jupiter

Quelle ne fut ma surprise lorsqu’au cours de l’année 2009, me rendant dans une demeure privée en Île-de-France dont les propriétaires allaient vite devenir des amis, je butais littéralement sur un grand Jupiter en pierre se dressant contre la façade (ill. 4 et 5). Il me sembla aussitôt reconnaître la statue d’Anguier ou, du moins, la composition bien connue des petits bronzes d’après son Jupiter foudroyant, de la même façon que la Junon en pierre de l’École des beaux-arts reproduisait en grand format les statuettes en bronze d’après sa Junon jalouse [14] (ill. 6).


4. Michel Anguier (1612-1686)
Jupiter
Pierre de Saint-Leu – H. 213 cm
Collection particulière
Photo : F. de La Moureyre
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5. Michel Anguier (1612-1686)
Jupiter
Pierre de Saint-Leu – H. 213 cm
Collection particulière
Photo : F. de La Moureyre
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6. Michel Anguier (1612-1686)
Junon jalouse
Bronze – H. 53,6 cm
Paris, Musée du Louvre
Photo : D.R.
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En effet, rappelons que cette Junon, comme Jupiter, faisait partie d’une série de six « dieux et déesses » dont Anguier avait façonné les modèles en terre en 1652, avec l’intention probable d’utiliser, de « commercialiser », leur composition dans d’autres matériaux, d’abord le bronze, mais éventuellement aussi la pierre ou le marbre. Le biographe d’Anguier, Guillet de Saint-Georges, décrivait ainsi les modèles de 1652 : « Jupiter foudroyant, Junon jalouse, Neptune agité [15] , Amphitrite tranquille, Pluton mélancolique, Cérès éplorée », chaque dieu incarnant donc un tempérament particulier de l’homme en même temps qu’un des quatre Éléments [16]. Cette série, dont ne faisait pas partie Minerve, fut reproduite dans des statuettes en bronze dont le succès fut immédiat [17]. De Minerve en revanche, on ne connaît que la statue en pierre évoquée ci-dessus.
On pouvait donc s’attendre à ce que Jupiter reproduisît les Jupiter en bronze d’Anguier, ou d’après Anguier. Le Getty Museum en possède un très bel exemplaire où le dieu, accompagné d’un aigle véhément, est modelé avec une exceptionnelle vigueur (ill. 7). Le Jupiter en bronze du Louvre, également accompagné d’un aigle, est d’une ancienneté avérée car il fut offert à la Couronne par Le Nôtre en 1693 ; accompagné lui aussi de l’aigle, il est majestueux, souverain (ill. 8). D’autres versions en bronze connues montrent le même dieu avec ou sans l’aigle. Il est probable qu’Anguier avait repris une composition identique pour un Jupiter en pierre de Tonnerre (selon l’expertise de Houzeau), grand comme nature, que lui avait commandé, une fois encore, Nicolas Fouquet pour sa maison de Saint-Mandé [18].


7. Michel Anguier (1612-1686)
Jupiter foudroyant
Bronze – H. 61,4 cm
Los Angeles, J.Paul Getty Museum
Photo : J.Paul Getty Museum
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8. Michel Anguier (1612-1686)
Jupiter foudroyant
Bronze – H. 65 cm
Paris, Musée du Louvre
Photo : D.R.
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Description

9. Carte postale datant du début du XXe siècle
montrant le Jupiter se dressant devant
la demeure privée en Ile-de-France, détail
Photo : D.R.
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Notre Jupiter en pierre est bien reconnaissable, même s’il a perdu son bras droit brandissant le foudre, que nous finirons par retrouver, souhaitons-le (ill. 4 et 5).
Le dieu est debout, torse nu, la main gauche contre sa hanche, portant le pied gauche en avant. Un grand manteau qu’il retient de sa main gauche est jeté sur son épaule gauche et son dos pour revenir par devant, se drapant obliquement sur le ventre et les jambes, couvrant la partie inférieure du corps mais dégageant les pieds. Le visage s’orne d’une moustache et d’une barbe bouclée et de cheveux peignés en mèches ondulées.
La demeure où il se trouve était entrée au début du XIXe siècle dans la famille qui en est toujours propriétaire. Dans les années 1850-1860, cette demeure avait été agrémentée d’un décor sculpté éclectique mariant un peu tous les styles : antiquisant, médiéval, renaissance, classique, romantique. C’est dans ce contexte que dut prendre place Jupiter, acquis donc une quarantaine d’années après son passage au Musée des Monuments français.
Sur une carte postale de la façade, datant de 1900 environ, on distingue très nettement le dieu, pourvu en ce temps de son bras droit ; mais celui-ci s’était déjà affaissé et l’avant-bras, au lieu de se dresser vers le ciel, était presque horizontal (ill. 9). A l’intérieur de la cassure de l’épaule se voit aujourd’hui la cavité ménagée pour contenir le goujon qui maintenait ce bras et qui a pu se tordre [19] (ill. 10 et 11).


10. Michel Anguier (1612-1686)
Jupiter, détail montrant l’épaule droite cassée
et le goujon qui fixait jadis le bras
Photo : F. de La Moureyre
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11. Michel Anguier (1612-1686)
Jupiter, détail montrant le nez cassé
Photo : F. de La Moureyre
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Un bon nettoyage débarrasserait la statue des mousses et lichens qui l’ont couverte après qu’elle est restée trois siècles et demi en plein air, exposée aux éléments. Elle a souffert de l’érosion et présente plusieurs manques qui s’observent, en particulier, sur le nez (ill. 11 et 22), à la retombée du manteau devant le bras gauche (ill. 4, 5, 12), à la partie antérieure du pied gauche (ill. 4 et 13) et en plusieurs endroits de la terrasse consolidés par du ciment. Un tel nettoyage mettrait à nu la fine pierre ocrée de Saint-Leu dans laquelle elle a été sculptée, qui se laisse voir en certains replis du drapé (ill. 14), sous la teinte blanchâtre superficielle qui l’a généralement revêtue due à son contact prolongé avec l’air. C’est dans cette même pierre qu’avaient été sculptées la Junon et la Minerve de Sceaux.


12. Michel Anguier (1612-1686)
Jupiter, détail montrant la cassure du manteau
Photo : F. de La Moureyre
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13. Michel Anguier (1612-1686)
Jupiter, détail montrant le pied gauche et la terrasse
Photo : F. de La Moureyre
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Sur le manteau à l’arrière de la statue se voit une curieuse boule (ill. 15). Alain Moatti (venu examiner le Jupiter et me confirmant qu’à ses yeux, il ne faisait aucun doute qu’il s’agissait bien d’une œuvre d’Anguier), m’en a aussitôt expliqué la cause. Une telle boule apparaît souvent sur les draperies des statues antiques. Il s’agissait d’une boule de plomb accrochée au vêtement par le sculpteur, ayant pour but de le raidir et lui donner une plus belle retombée ; et il arrivait qu’au cours de l’exécution de l’œuvre, l’artiste la montre telle quelle. Michel Anguier, qui avait beaucoup observé les antiques, a procédé ici de la même façon.
Mesurant 2,13 m de haut (environ 2,20 m s’il eût conservé son bras), Jupiter est plus grand que nature. Cette dimension est cohérente avec celle de ses compagnes de la triade (Junon : 1,855 m, mais la tête manque ; Minerve : 2,10 m). Comme ces dernières, il se dresse sur une terrasse d’aspect et de dimensions similaires [20].


14. Michel Anguier (1612-1686)
Jupiter, détail montrant de la pierre de Saint-Leu
ocre rosé visible dans les plis du manteau
Photo : F. de La Moureyre
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15. Michel Anguier (1612-1686)
Jupiter, détail montrant la boule
sur l’arrière du manteau
Photo : F. de La Moureyre
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Analyse et réflexions

16. Jupiter de la collection Giustiniani
Gravure de Bloemaert
dans la Galleria Giustiniana, 1640
Photo : D.R.
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Ce Jupiter en pierre est la reproduction fidèle, en grande dimension, de la statuette en bronze du Louvre (ill. 8), à l’exception du motif de l’aigle qui n’est pas repris. Il en va de même pour la statue en pierre de Junon : nous l’avons dit, elle n’est pas accompagnée du paon que l’on voit sur certains petits bronzes, dont celui du Louvre.

Comme souvent chez Michel Anguier, l’inspiration et l’étude des antiques sont manifestes. Il a ainsi emprunté au Jupiter de la collection Giustiniani (connu par la gravure de Bloemaert dans la Galleria Giustiniana, 1640, pl. 105) son attitude générale et sa composition présentant le dieu torse nu, pieds écartés, le droit un peu en arrière, brandissant de la main droite le foudre, une grande draperie couvrant le bas de son corps et s’enroulant autour de son bras gauche (ill. 16). Anguier avait particulièrement étudié cette antique et l’avait certainement dessinée à Rome, voire modelée, s’en inspirant plus tard dans sa série des dieux. Mais en 1652, afin de donner à son Jupiter foudroyant un caractère de puissance et de majesté plus affirmé, il modifie le jeté de la draperie. C’est depuis l’épaule gauche qu’il fait partir un grand manteau pour l’enrouler autour de la taille, entourer largement le bras et le faire retomber en plis majestueux et savants du même côté (partiellement cassés dans la statue en pierre).


17. Michel Anguier (1612-1686)
Junon
Pierre de Saint-Leu
Paris, Ecole des Beaux-Arts
Photo : F. de La Moureyre
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18. Michel Anguier (1612-1686)
Minerve
Pierre de Saint-Leu
Sceaux, Orangerie du château de Sceaux
Photo : F. de La Moureyre
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19. François Anguier (1604-1669)
La Maladie
Marbre – H.154 cm
Versailles, Musée des châteaux
Photo : F. de La Moureyre
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On peut d’ailleurs remarquer que les draperies chez Michel Anguier ne sont jamais des copies de draperies antiques. Elles sont plus souples, plus amples ; si leur chute semble naturelle, elles n’en sont pas moins sophistiquées, élaborées. Cette remarque pour le Jupiter s’applique de la même façon à sa Junon (ill. 17) et sa Minerve (ill. 18) où l’on retrouve, comme pour Jupiter, sur le côté, cette belle chute ondulante des plis du manteau qui est propre au sculpteur.
Dans les statues de son frère aîné François (1604-1669), la sophistication, bien réelle aussi, est différente ; le drapé de leurs vêtements montre une grande recherche d’élégance pour elle-même, d’une extrême complexité. Je pense par exemple à ses Vertus du Monument Longueville, ou encore à sa figure allégorique en marbre de la Maladie (ill. 19). En revanche, le drapé de son pendant, la Santé [21] (ill. 20a, b et 21), est tout autre ; il s’inspire de certains drapés antiques [22], comme celui de la Flore Farnèse, mais avec un frémissement et un raffinement supplémentaires presque gratuits. En sculptant sa Junon, Michel n’avait pu qu’être impressionné par l’étourdissante virtuosité de la tunique et du manteau drapant cette Santé de François ; mais il ne cherche pas à l’égaler : mettant ses draperies au service du caractère dominant qu’il entend imposer aux personnages qui en sont revêtus, Michel leur confère une plus grand lisibilité, une plus large définition.


20a. François Anguier (1604-1669)
La Santé
Marbre – H. 144 cm.
Versailles, Musée des châteaux
Photo : F. de La Moureyre
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20b. François Anguier (1604-1669)
La Santé
Marbre – H. 144 cm.
Versailles, Musée des châteaux
Photo : F. de La Moureyre
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21. Dessin montrant la Santé quand la statue
et son pendant (La Maladie) se trouvaient encore
dans l’atelier du neveu de François Anguier, David Bourderelle
et qu’elles furent achetés par les Bâtiments du roi.
Paris, BnF
Photo : Guilbert
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22. Michel Anguier (1612-1686)
Hercule et Atlas, détail
Terre cuite – H. 130 cm
Paris, Musée du Louvre
Photo : D.R.
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De même pour le corps et les muscles. Sur ceux-ci, il conduisit à Rome puis à Paris une réflexion personnelle approfondie qui se ressent dans ses créations. Il a prononcé sur ce thème de nombreuses conférences très argumentées à l’Académie royale entre 1669 et 1678. Prenant pour exemples de sujet d’étude l’Hercule Farnèse ou le Laocoon, il s’est exprimé sur le corps humain, sur « l’action des muscles commandés par la volonté » [23], s’appliquant à réaliser « un dénombrement de tous les muscles et tendons externes, de leurs mouvements, liaisons et places, … de toutes les proportions et mesures de toutes les parties » [24] ; il observe, dans le Laocoon, « le tremblement des muscles, le beau dessein par le bel assemblage des muscles » [25] ; il démontre ailleurs comment il convient de « représenter les divinités selon leurs tempéraments » [26]. Son Jupiter qui est l’élément du feu, « chaud et sec » par nature, « doit être d’une grande et forte proportion et d’une manière plus ressentie que [le Jupiter Giustiniani] ». Ce dernier était « doux, bénin, toute sa chair [est] douce et délicate et de grands contours » (ill. 16). Pour son Jupiter foudroyant, les muscles seront « plus forts et plus marqués, l’air de son visage plus fier et sévère, l’attitude grande et noble ».
Loin d’être là des discours gratuits, ces réflexions trouvent leur traduction dans ses autres ouvrages, par exemple dans son groupe en terre cuite d’Hercule et Atlas [27] où s’observe, comme dans le Jupiter, la musculature très particulière du torse avec les petites bosses qui saillent sur la cage thoracique (ill. 22). Dans le Jupiter, on sent la puissance de tous les muscles sous la chair, en particulier dans la cuisse gauche qui gonfle la draperie (ill. 5).


23. Michel Anguier (1612-1686)
Jupiter, détail montrant la tête
Pierre de Saint-Leu
Photo : F. de La Moureyre
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24. Michel Anguier (1612-1686)
Saint Joseph, détail
Marbre
Paris, église Saint-Roch
Photo : Thierry Prat
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Quant au visage, il est tel que son auteur l’a préconisé, « fier et sévère » (ill. 23) ; il est donc totalement différent de ceux de ses autres dieux de 1652, Neptune et Pluton, qui exprimaient l’un l’irritation au plus haut degré et l’autre la mélancolie, différent également de son Saint Joseph à la crèche du Val de Grâce (ill. 24), plein de ferveur devant l’Enfant nouveau-né.
En ce qui concerne ce Saint Joseph, on sent bien que Michel a été influencé par les magistrales têtes (ill. 25 et 26) dont son frère François avait paré le monument funéraire de Jacques de Souvré [28]. Brice jugeait les sculptures de ce tombeau « d’une manière grande et fière, prononcées savamment et tout à fait dans le goût du fameux Michel Ange » [29]. Mais la ressemblance entre ces têtes barbues, des Sérapis, et le visage de Joseph ne dépasse pas le traitement des cheveux en mèches magnifiques qui se déploient comme des flammes : on reconnaît parfaitement le ciseau plus doux de François qui fouille les visages de ses Sérapis inquiets, et celui plus ferme, plus concentré de Michel, dans la figure mâle de Joseph.


25. François Anguier (1604-1669)
Sérapis
Marbre - H. : 59 cm (avec la corniche) ;
53 cm (sans la corniche)
Paris, église Saint-Gervais
Photo : Thierry Prat
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26. François Anguier (1604-1669)
Sérapis
Marbre - H. : 59 cm (avec la corniche) ;
53 cm (sans la corniche)
Paris, église Saint-Gervais
Photo : Thierry Prat
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Les deux frères François et Michel partageaient le même atelier et travaillèrent parfois ensemble. Il est indéniable qu’ils se sont mutuellement influencés mais leur sensibilité diffère véritablement. Il y a beaucoup de délicatesse et de frémissement chez François, artiste d’une culture raffinée, qui manifeste un tempérament introverti et inquiet propre à émouvoir, une tendance à rechercher la beauté pour elle-même, à idéaliser, l’« idea del bello ». Michel, plus rationnel, se déclame dans un registre viril, vigoureux, toujours réfléchi, souvent passionné, qui n’exclut pas une capacité à intérioriser (la Vierge de la crèche du Val de Grâce), une vitalité frémissante (les quatre Satyres en stuc dans l’appartement de la reine mère au Louvre), une sensualité épanouie (l’Amphitrite, la Tempérance au Val de Grâce), ou encore une puissance décorative et une imagination triomphante (dans tous ses reliefs de la chapelle du Val de Grâce).

Notre Jupiter illustre parfaitement une des facettes du talent riche et multiple de son étonnant créateur, Michel Anguier.

Ajoutons que cette statue a été tout récemment présentée à la Commission Départementale des objets mobiliers pour une demande de classement [30].

Nota Bene :

À propos de François Anguier et du Monument funéraire de Souvré : une hypothèse


27. François Anguier (1604-1669)
Colonnes cannelées en marbre brèche
du Monument Souvré quand elles étaient conservées
dans les réserves du Musée des Châteaux
de Versailles et de Trianon (ici présentées comme
elles apparaissaient dans le monument)
Photo : F. de La Moureyre
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28. Tombeau de Jacques de Souvré
Gravure anonyme
Photo : Thierry Prat
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Revenons brièvement sur cet étonnant Monument funéraire de Jacques de Souvré. Coiffant, en guise de chapiteaux, deux colonnes cannelées de marbre brèche inversées, c’est-à-dire allant en s’élargissant de bas en haut (ill. 27) [31] et supportant le fronton [32], comme le montrent les gravures anciennes du tombeau (ill. 28), deux têtes d’hommes barbus sont désignées dans les anciennes descriptions du monument sous le nom d’atlantes ou d’hermès, c’est-à-dire des supports. En réalité, ce sont bien des Sérapis que François Anguier a figurés (ill. 25 et 26). Il connaissait certainement les nombreuses représentations antiques du dieu égyptien (ill. 29) [33], mais c’est de la belle tête si expressive de l’antique Centaure chevauché par l’Amour (ill. 30) qu’il s’est surtout inspiré de façon flagrante, qu’il aura eu tout loisir d’étudier et de dessiner à Rome quand ce Centaure était présenté dans le palais de Scipion Borghèse au Borgo [34]. Dans ses deux Sérapis, non seulement François a repris l’expression inquiète du Centaure et l’étonnant mouvement des mèches de cheveux, il a aussi reproduit le dessin très particulier des sourcils.


29. Tête antique de Sérapis en marbre
Syracuse, Musée archéologique
Photo : F. de La Moureyre.
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30. Le Centaure Borghèse, détail
Marbre
Paris, Musée du Louvre
Photo : F. de La Moureyre
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Comment cependant expliquer un tel choix iconographique : des Sérapis ? C’était manifestement une volonté du commanditaire, Jacques de Souvré (1660-1670), quand il chargea de son vivant, - dans les années 1650, au plus tard au début des années 1660- François Anguier de concevoir pour lui ce monument funéraire pour l’église de la commanderie de Saint-Jean de Latran. Souvré en était alors commandeur avant d’être nommé en 1667 grand prieur de France.
Du temps de ses exploits militaires qui prirent fin en 1651, parmi ses hauts faits, Souvré tenait à rappeler qu’à la tête des galères royales qu’il avait souvent commandées, il avait repris aux Espagnols le fort de Porto Longone [35]. Or Sérapis n’était-il pas le protecteur des marins ?
Mais il y a plus. Le tombeau fut sculpté du vivant de Souvré qui, réputé bel homme, on le sait, était doué également d’un esprit cultivé, esthète s’il en fut, doublé d’un épicurien. Anguier l’a représenté dans toute sa beauté physique en le rajeunissant, mais il a conféré à son attitude et à son visage une expression à la fois de désolation et de souffrance intense, physique et morale. Souffrance à l’idée qu’il faudrait, à l’heure de la mort, quitter ce monde que le parfait hédoniste qu’était Souvré avait tant aimé ? Sans doute, mais la présence très originale de ces Sérapis implique l’affirmation précise d’une guérison. En effet, cette divinité syncrétique d’origine égyptienne, adoptée par le monde gréco-romain qui lui attribuait les vertus d’Asclépios, fut surtout honorée comme dieu guérisseur.


31. François Anguier (1604-1669)
Monument funéraire de Jacques de Souvré, détail :
la tête de Jacques de Souvré.
Marbre
Paris, Musée du Louvre
Photo : F. de La Moureyre
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32. François Anguier (1604-1669)
Monument funéraire de Jacques de Souvré, détail :
la tête de l’angelot
Marbre
Paris, Musée du Louvre
Photo : F. de La Moureyre
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Souvré aurait-il souffert d’une grave maladie dont il réussit à guérir ? Très certainement, bien que nos sources documentaires ne nous renseignent malheureusement pas sur ce point. Dès lors, je suis persuadée qu’il conviendrait également d’associer Souvré à la commande des mystérieuses statues de la Maladie et de la Santé (ill. 19 et 21) dont on a ignoré jusqu’à présent la destination. L’expression de douleur de la Maladie, nous l’avions jadis noté, est très proche de celles que manifestent Souvré (ill. 31) et le petit amour qui l’accompagne (ill. 32) dans le groupe sculpté. La glorieuse Santé, vêtue d’un manteau drapé à la façon d’une sculpture grecque antique, marque son triomphe sur les souffrances de la maladie. En dépit de nos recherches, nous n’avons pu, hélas, retrouver le marché passé entre Souvré et Anguier, qui nous aurait bien éclairé. Conjecturons alors que ces deux statues auraient pu être placées de part et d’autre de cet étrange monument funéraire, à connotation païenne plutôt que chrétienne, ou bien qu’elles ornèrent simplement la propre demeure de Souvré, ou encore la commanderie du Latran où il avait entrepris de nombreux travaux en 1648.
En réalisant ce monument et les deux statues de la Maladie et de la Santé, François Anguier apparaît, une fois de plus, comme le sculpteur favori d’une élite parisienne, cultivée et raffinée, dont il a su, mieux que tout autre, comprendre les goûts et les désirs [36].

Françoise de la Moureyre

Notes

[1Dans le manuscrit 60III (1) de l’ENSBA, Guillet de Saint-Georges, modifiant un peu la rédaction de son Mémoire historique sur les principaux ouvrages de Michel Anguier prononcé le 6 mai 1690, écrit, non sans commettre deux légères erreurs : « En 1670, Monsieur le marquis de Seignelay lui acheta pour sa maison de Sceaux trois grandes figures de pierre de Vernon, hautes chacune d’environ neuf pieds ; elles représentent Jupiter, Junon et Minerve (elles avaient été faites pour mettre à Vaux chez M. Fouquet) ». Le matériau utilisé est en fait la pierre de Saint-Leu des carrières de Trossy, et non la pierre de Vernon. D’autre part, ainsi que nous allons le souligner, c’est en 1689 et non en 1670 que Seignelay acheta les trois statues, acquisition relevée par Antoine Schnapper dans Collections et collectionneurs dans la France du XVIIè siècle. II. Curieux du Grand Siècle, Paris, 1994, p. 101.

[2La statue de Minerve a été signalée en 2003 par Emmanuel Schwartz dans : Les sculptures de l’École des beaux-arts. Histoire, doctrines, catalogue, Paris, 2003, p. 29, ill. 16 et présentée la même année dans l’Orangerie de Sceaux pour l’exposition : Sculptures dans un jardin. Une analyse détaillée en a été faite par Geneviève Lagardère dans Sculptures. Domaine de Sceaux. XVIIè-XVIIIè siècles, 2004, p. 60-61.

[3Conférences de l’Académie royale de Peinture et de Sculpture, édition critique (dir. : Jacqueline Lichtenstein et Christian Michel), t. II, vol. I (1682-1699), Paris 2008, p. 255 et note 8. L’acquisition des statues par Seignelay par l’intermédiaire de Montarsy est précisément indiquée dans l’« Estat de la Recette et depense faites pour feu Monseigneur le Marquis de Seignelay… depuis et compris le 21e Decembre 1689 jusques et compris le 31e octobre 1690 », Archives nationales, T/532/2 : ‘ Compte du 7 janvier 1689/ Figures de pierre de troussy, 3 figures de pierres de feu Mr Anguier payé à sa veuve 850 livres’. Soulignons que de nombreux documents d’archives concernant Sceaux (se trouvant aux Archives nationales, aux Archives du château de Chantilly et au département des manuscrits de la BnF), ont été généreusement mis à disposition des chercheurs sous forme de CD, voire de photocopies, avec l’aide en particulier de Marianne de Meyenbourg. Qu’elle en soit remerciée.

[4Françoise de La Moureyre, « L’Hiver au jardin du Luxembourg : une statue de Michel Anguier », Gazette des beaux-arts, avril 1994, p. 185-194.

[5Archives nationales, H4 32102. Il n’est toutefois pas certain que cette constatation concerne une de nos trois statues car il semble qu’il s’agisse ici de statues en marbre.

[6Archives nationales, O1 19051 n°3.

[7Inventaires après décès du duc du Maine, Archives nationales, Minutier central, VIII, 1015.

[8Caylus, Vies de Michel Anguier… et de Thomas Regnaudin, 3 mai 1749, ENSBA, Ms. 61.

[9C.F. Gaignat de L’Aulnais, Promenade de Sceaux-Penthièvre, 1778, p. 28.

[10Inventaire après décès du duc de Penthièvre, Archives nationales, Minutier central, XXXV, 962.

[11Inventaire des Richesses d’art de la France. Archives du Musée des Monuments Français, II, 409. 25 Germinal an VI.

[12Ibid, I, 326.

[13Selon une annotation manuscrite de Lenoir faite en 1816 ou 1817 en marge du catalogue du Musée de Monuments français de 1810 (Archives nationales F 1727), signalée par J. Guiffrey dans Ibid., III, 205.

[14Par exemple, l’exemplaire qui fut donné par Le Nôtre au roi en 1693, aujourd’hui au Louvre, département des Objets d’art, OA 5087.

[15Le Neptune agité de la collection Lastic est la seule terre cuite d’Anguier de cette première série de 1652 que l’on connaisse à ce jour. Cf. exposition Georges de Lastic (1927-1988), collectionneur et conservateur. Le Cabinet d’un amateur, Paris décembre 2010-mars 2011, catalogue sous la direction de Pierre Rosenberg, n° 52 p. 182-184 (F. de La Moureyre). Ce Neptune a aussi été reproduit (ill. 8 et 9) dans notre essai de La Tribune de l’Art cité en note 3.

[16Sur la série d’Anguier, répétée dans d’autres matériaux et d’autres dimensions, on peut se reporter à l’essai dans La Tribune de l’Art signalé en note 3. Et aussi au chapitre que lui consacre Ian Wardropper dans le catalogue de l’exposition Bronzes français de la Renaissance au Siècle des lumières, Paris-New York-Los Angeles 2008-2009, p. 204-225.

[17Un très beau petit bronze de l’Amphitrite d’Anguier a été acquis tout récemment par le musée d’Ile-de-France, cf. F. de La Moureyre, « L’Amphitrite tranquille d’Anguier préemptée pour le musée de l’Île-de-France », L’Estampille/L’Objet d’art, novembre 2011, p. 18.

[18Cf. Conférences de l’Académie, t. II, vol. I (citées note 4) : voir la note 25 p. 250. Les sculptures de Saint-Mandé furent prisées par les sculpteurs Houzeau et Le Grue le 26 février 1666 (Archives nationales, O1 19641 -16). Entre 1676 et 1710 environ, le Jupiter se trouva avec d’autres statues d’Anguier dans la maison de Pierre Delisle Mansart rue Sainte-Catherine et disparut ensuite. Voir aussi, dans cat. expo. Versailles et l’antique (dir. : Alexandre Maral et Nicolas Milovanovic), Versailles-Paris 2012 : p. 52 (J.-L. Martinez, « La collection de sculptures antiques de Louis XIV »), et p. 80 (C. Piccinelli-Dassaud, « Les antiquités de Sa Majesté : Le Cabinet du Roi au XVIIè siècle »).

[19Il est possible que ce bras droit un peu dérangeant, il faut l’avouer, que nous présente la carte postale, ait été le fruit d’une restauration maladroite, le restaurateur n’ayant pas connu son aspect d’origine.

[20Les trois terrasses mesurent en moyenne entre 60 et 69 cm sur chacun de leurs quatre côtés et environ 13 cm de haut. L’imprécision de ces mesures est due à la dégradation de ces terrasses.

[21Alexandre Maral, « Le retour de la Santé à Versailles : un marbre de François Anguier », Revue du Louvre 5-2007, p. 55-59. Ces statues restèrent dans l’atelier des deux frères, puis dans celui de leur neveu, le sculpteur Bourderelle ; leurs odyssées respective est retracée dans cet article. Elles sont aujourd’hui à Versailles.

[22Les deux statues avaient très vite perdu leur identité. La tête de la Santé fut probablement brisée en 1870 et c’est en tant que statue antique qu’en 1960, la statue fut mise en dépôt au musée national de Varsovie dans les collections de sculpture grecque ! Récemment ré-identifiée par Geneviève Bresc et Claude Vandalle (†) (grâce au dessin reproduit ici , ill. 21) à l’occasion d’un récolement fait en 2002, elle a réintégré le musée national des Châteaux de Versailles et de Trianon (inv. MR 1983).

[23Conférence du 1er octobre 1672 (I, vol. 2, p. 492-496).

[24Conférence du 9 novembre 1669 sur l’Hercule Farnèse (I, vol. I, p. 323).

[25Conférence du 2 août 1670 sur le Laocoon (I, vol. I, p. 379).

[26Conférence du 1er août 1676 (I, vol. II, p. 593-605).

[27Louvre, MR 3516. Ce groupe fut donné par le sculpteur à l’Académie royale de peinture et de sculpture le 9 mars 1669, à l’occasion de sa réception à titre honorifique le 4 février 1668.

[28Ces têtes d’hommes barbus tenaient lieu de chapiteaux soutenant un fronton au-dessus du groupe de Jacques de Souvré.

[29Germain Brice, Description de Paris, 1752, III, 60. On ne sait pas exactement quand fut commandé et exécuté ce monument, sans doute au cours des années 1650. Souvré mourut en 1670, neuf mois après François Anguier. Seul son cœur fut déposé dans la chapelle de Saint-Jean de Latran. Son corps fut inhumé dans l’église du Temple.

[30Commission qui s’est tenue le 6 décembre 2012 à la Préfecture des Yvelines. La statue de Jupiter a été présentée par Madame Marie-Hélène Didier, Conservateur en chef du Patrimoine.

[31Après le démembrement du Monument Souvré en 1795, le groupe principal de Jacques de Souvré assisté par un amour a finalement rejoint le Louvre (LP 550). Les deux têtes d’hommes barbus, les Sérapis, furent curieusement réemployées au Tombeau de Michel Le Tellier, conservé dans l’église Saint-Gervais de Paris. Les deux colonnes cannelées furent envoyées dans le parc de Versailles au bosquet du Théâtre d’eau, puis abritées dans les réserves (ill. 27), et ont été restituées récemment au Louvre.

[32Dans le fronton étaient sculptés deux lions tenant les armoiries de Souvré. Ces lions se trouveraient aujourd’hui au Laboratoire de recherche des Monuments historiques à Champs-sur-Marne.

[33Le culte de Sérapis était particulièrement développé à Syracuse. Au musée archéologique de cette ville est exposée une belle paire en marbre de Sérapis proche de ceux de Souvré. Anguier ne les aura évidemment pas connus, mais ils correspondent à un modèle répandu dans le monde hellénique.

[34Le Centaure chevauché par l’Amour (Louvre, inv. MA 562), découvert à Rome au tout début du XVIIè siècle, fut restauré par Nicolas Cordier en 1608. Il connut tout de suite un très grand succès. Ce n’est qu’en 1644 que Scipion Borghèse le transporta depuis son palais du Borgo dans son Casino. Cf. Katrin Kalveran, Die Antikensammlung des Kardinals Scipione Borghese, Worms am Rhein, 1995, p. 239-40, cat. 145. Anguier l’aura étudié à Rome même et en aura rapporté des croquis. Les planches de Perrier (1638, n° 7 et 8) n’auront pu lui servir de modèle car la tête du centaure, montrée de trois-quarts, n’y est pas très lisible.

[35Ce haut fait datant de 1646 est rappelé dans l’épitaphe du monument : « prementem Iberum vicit portum (cui Porto Longone nomen) Gallicas triremes adverso Neptuno quassatas intrepidus imperator opportune adpulit ».

[36F. de La Moureyre, « François Anguier (1604-1669) : ‘L’idea del bello’ », Gazette des beaux-arts , septembre 2002, p. 92-124, et pour le Tombeau Souvré : p. 105-109 ; Id., « Un monument de la passion conjugale : le Tombeau d’Henri Chabot, duc de Rohan (1656-1660, par François Anguier », Versalia, n°8, 2005, p. 134-153.

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