Une œuvre d’art au Panthéon pour célébrer «ceux de 14»

29/5/19 Patrimoine – Paris, Panthéon Le 6 novembre 2018, Emmanuel Macron annonçait, à l’occasion de la célébration du centenaire de la fin de la première guerre mondiale, l’entrée au Panthéon (ill. 1) de Maurice Genevoix et, symboliquement avec lui, de « ceux de 14 ». Cette cérémonie (une fois de plus dispendieuse sans réelle nécessité) est prévue pour le 11 novembre 2019.


1. Nef du Panthéon
Photo : Didier Rykner
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Oui mais voilà : c’est un peu l’inquiétude à l’Élysée. En effet, le chef de l’État avait demandé qu’une œuvre dédiée à ceux de 1914 soit installée au Panthéon, et rien n’a été fait, rien n’a été lancé. Nous avons interrogé la présidence de la République qui s’est montrée un peu surprise de notre demande car cette décision était encore secrète. L’Élysée, qui nous a fait attendre quelques jours avant de nous donner sa réponse, a confirmé que nos informations étaient dans l’ensemble justes. Nous nous inquiétions cependant de l’installation de ce monument sous la coupole de Soufflot (où se trouve actuellement le pendule de Foucault). Sur ce point, on nous a indiqué qu’il ne s’agirait pas d’un monument mais « d’une œuvre d’art, évoquant ceux de 14, qui ne toucherait pas à l’équilibre ni à l’harmonie du monument ». On nous a certifié qu’aucun monument ne serait déplacé et que l’œuvre ne serait pas installée sous la coupole. Pour l’instant « la réflexion est en cours ».


2. Henri Bouchard (1875-1960)
Aux héros inconnus, aux martyrs ignorés morts pour la France
Paris, Panthéon
Photo : Didier Rykner
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Si ces réponses se veulent rassurantes, il n’est pas interdit néanmoins de s’interroger. À notre connaissance, aucune œuvre d’art n’a été installée au Panthéon depuis le monument d’Henri Bouchard (Aux héros inconnus, aux martyrs ignorés morts pour la France) (ill. 2) il y a presque un siècle, qui est déjà commémoratif de la guerre de 14-18. L’ancienne église Sainte-Geneviève, dont il faut rappeler que le décor peint est très important pour l’histoire de la peinture française du XIXe siècle, est un monument suffisamment important, historiquement et symboliquement, pour qu’on étudie sérieusement la nécessité d’y ajouter une œuvre supplémentaire. On peut s’interroger sur la forme que prendra celle-ci, qui va s’insérer dans un édifice ayant une certaine solennité, mais aussi sur les délais désormais très courts. Une telle décision ne peut être prise ni exécutée à la va-vite. C’est pourtant ce qui se dessine car nous sommes déjà pratiquement en juin ; il reste donc désormais à peine cinq mois pour commander une œuvre d’art à insérer dans le Panthéon sans dénaturer celui-ci. Lorsque l’on voit la manière dont le président prend des décisions ayant un rapport avec l’art et le patrimoine, sans «analyse détaillée ni forme d’expertise», et en l’assumant, on peut raisonnablement être inquiet.

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