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Houdon, sculpteur des Lumières (1741-1828)
Versailles, Musée National du Château. Exposition terminée le 31 mai 2004.
- 1. Jean-Antoine Houdon (1741-1828)
Le Maréchal de Tourville, 1783
Sèvres, Musée National de Céramique - Voir l´image dans sa page
Le si bien nommé Jean-Antoine Houdon eut effectivement tous les talents. Artiste complet, homme comblé, Prix de Rome en 1761 à l’âge de vingt ans, remarqué et distingué dès son séjour italien, il n’en devint pas moins un sculpteur presque indépendant. Peu de commandes officielles, au total, dans une carrière pourtant si remplie. A dire vrai, ce rejeton brillant du système académique a très vite mené la sienne en moderne, s’appuyant davantage sur les particuliers que sur les princes, travaillant moins au décor des palais qu’à l’édification de ses compatriotes par ses portraits de grands hommes multipliés à l’infini. Il y a bien sûr des exceptions à la règle. On pense à l’admirable Maréchal de Tourville (ill. 1) en 1783, exécuté pour le Louvre d’Angiviller avec une fougue que la terre cuite dit mieux que le marbre et où s’annoncent David d’Angers et Rude. Mais la plus célèbre de ces grandes commandes est, à coup sûr, la Diane chasseresse de 1775 dont la réalisation, via Grimm, lui fut confiée par le duc Ernest II de Saxe-Gotha. En 1829, Charles X en fit acheter le bronze pour le Louvre et réparait, de la sorte, le moindre intérêt de ses frères, Louis XVI et Louis XVIII, à l’endroit du sculpteur qui venait de mourir. Comme Louis XV, Charles X ne répugnait pas à la vue des belles femmes, même virtuelles. Grâce lui soit rendue. A une réserve près, qu’on doit à Guilhem Scherf. Dans l’étude remarquable qu’il a consacrée à la déesse en 2000, le conservateur du Louvre, grand connaisseur du néoclassicisme français, a mis en évidence les effets ravageurs de la censure. L’administration des Beaux-Arts ne pouvait en effet exhiber une chose aussi indécente que la fente vulvaire de la chaste Diane. Elle fut donc rebouchée, martelée avant d’être livrée au public !