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Spectaculaire Second Empire

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Paris, musée d’Orsay, du 27 septembre 2016 au 15 janvier 2017.

1. Victor Baltard (1805-1874)
Berceau du prince impérial, 1856
Bois de rose, argent, vermeil,
bronze doré, émaux
214 x 159 x 65 cm
Paris, musée Carnavalet
Photo : D.R.
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Si l’on voulait réhabiliter le Second Empire, on ne s’y prendrait pas autrement que l’on fait les trois commissaires de l’exposition du musée d’Orsay. L’exercice ne va pas de soi à propos d’un règne accouché d’un coup d’Etat, pour être, dix-huit ans plus tard, pulvérisé dans une débâcle militaire comme la France n’en avait pas connue depuis Azincourt. Or c’est précisément l’un des premiers mérites de l’exposition que de nous épargner le pointage des turpitudes dont les moralistes du lendemain ont accablé le régime. La manifestation considère son objet comme entre parenthèses, pour ce qu’il fut, tant qu’il a duré. Une parenthèse, c’est bien tel qu’il nous apparaît, cet épisode, expérience isolée de « césarisme démocratique », pris entre la lente dilution de la monarchie en France et l’édification laborieuse de la république. Une parenthèse marquée par un foisonnement, une profusion, un appétit, une fantaisie même, qui renvoient notre époque aux guichets d’un carmel (ou d’un hospice). Instrumentalisé par un trône en quête de légitimité, le faste, celui de la Cour comme des Expositions universelles, celui nécessairement frelaté des premiers grands magasins, le faste, donc, a tenu lieu de bréviaire à tout un peuple amoureux de lui-même. Faste, ce seul mot caractérise l’époque. Et cela aussi injustement que n’importe quel raccourci symbolique.

2. Théodore Deck (1823-1891)
Coupe monumentale, 1867
Faïence - 50 x diam. 75 cm
Paris, musée d’Orsay
Photo : RMN-GP(musée d’Orsay)/Martine Beck-Coppola
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Cette quête toute politique de splendeur a tout d’abord profité aux arts décoratifs. Pas un évènement dans la vie du couple impérial qui n’ait suscité une création propre à marquer les esprits : ici un diadème, là un berceau (ill. 1) ou encore un service d’apparat… Pas une échéance politique qui n’ait dressé des arcs de triomphe aux portes des villes, piqué les défilés de tribunes festonnées et tendu les parvis de dais néo-gothiques. Des architectes comme Victor Baltard ou Gabriel Davioud se sont faits experts de ces Olympes sans lendemain. L’exposition présente à cet égard un grand nombre d’aquarelles de Léon Leymonnerie, récemment acquises par le musée Carnavalet, qui donnent une idée assez juste de ces travestissements urbains. La ville même se convulse, ses entrailles millénaires offertes sous le ciel. Et tandis qu’Haussmann à Paris – mais aussi Vaïsse à Lyon ou Maupas à Marseille – répand sa « magnifique et intolérable hôtellerie » vomie par Ferry, la haute bourgeoisie – comme la vieille aristocratie – s’invente une nouvelle Arcadie dont la plaine Monceau pourrait être le « lotissement-témoin ». En ces hôtels « qui suent l’or », selon le verdict indigné de Zola, s’élabore un nouvel art de…

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