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Signac collectionneur

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Paris, Musée d’Orsay, du 12 octobre 2021 au 13 février 2022

1. Maximilien Luce (1858-1941)
Portrait de Paul Signac, 1889
Huile sur bois - 34,8 x 26,5 cm
Collection particulière
Photo : Patrice Schmidt
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Comme le prouve magnifiquement cette exposition du Musée d’Orsay, l’histoire de l’art est parfois aussi une belle histoire d’amitié. Paul Signac, le «saint Paul du néo-impressionnisme» selon l’heureuse expression de Thadée Natanson, est à nouveau à l’honneur cette année à Paris, quelques mois avoir été le protagoniste majeur d’une exposition au Musée Jacquemart-André. Si celle-ci constituait avant tout l’occasion d’admirer quelques - très - beaux tableaux, Orsay propose une manifestation d’une toute autre ambition. C’est un Signac intime (ill. 1) qui est dévoilé dans les salles du musée dont la petite-fille de l’artiste, Françoise Cachin, fut la première directrice entre 1986 et 1994. Désormais gardienne de la mémoire familiale, sa fille Charlotte Hellman s’occupe aujourd’hui des Archives Signac et a profité du confinement imposé l’an dernier par la crise sanitaire pour parachever une entreprise éditoriale titanesque : la publication, chez Gallimard, du précieux Journal de son aïeul. On connaissait l’artiste, on devinait l’ami fidèle, on soupçonnait le militant : véritable mine d’or, cette source essentielle pour notre connaissance du néo-impressionnisme est enfin accessible à tous, dans un format commode et richement illustré qui permet de mieux cerner son univers esthétique.


2. Paul Cézanne (1839-1906)
La Plaine de Saint-Ouen-l’Aumone, vue prise des carrières du Chou, vers 1880
Huile sur toile - 72 x 91 cm
Collection particulière
Photo : Patrice Schmidt
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En effet, Paul Signac n’est pas qu’un immense artiste, il fut aussi un brillant collectionneur. Né dans une famille aisée, sinon riche, il ne se destinait pas à l’art mais y fut soudain converti, tel Paul Claudel un jour de Noël à Notre-Dame, en visitant une exposition consacrée à Claude Monet en 1880. Pour le jeune homme, ce fut comme une révélation. C’est un artiste à ses débuts, tout juste âgé de vingt et un ans, qui fit l’acquisition de son premier tableau de Cézanne (ill. 2) : s’il le prêta volontiers, il ne s’en sépara jamais, malgré ses revers de fortune, et refusa des offres à 40 000 puis à 100 000 francs pour cette toile acquise pour seulement 100 francs en 1884. Son beau Cézanne restera jusqu’au bout l’orgueil de sa collection, comme l’écrivit Marina Ferretti Bocquillon lorsqu’elle se pencha pour la première fois sur Signac collectionneur, dans un essai du catalogue de la grande rétrospective de 2001. Au soir de sa vie, lorsqu’un journaliste du Petit Parisien lui demanda ce qui l’avait poussé à peindre, Signac répondit comme une évidence : « C’est Monet ». Le prix de ses toiles les rendait inaccessibles au jeune artiste, pourtant aisé, et il dut ainsi attendre les années 1930 pour entrer en possession du splendide Pommier en fleurs au bord de l’eau

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