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Gustave Courbet : deux expositions en Suisse

« Gustave Courbet », Bâle, Fondation Beyeler, du 7 septembre 2014 au 18 janvier 2015

« Gustave Courbet, les années suisses », Genève, Musée Rath, du 5 septembre 2014 au 4 janvier 2015

1. Gustave Courbet (1819-1877)
La Grotte de la Loue, 1864
Huile sur toile - 98,4 x 130,4 cm
Washington, National Gallery of Art
Photo : NGA Washington
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La grotte de la Loue, une évocation du sexe féminin ? Freud aurait sans doute aimé analyser non pas les tableaux de Gustave Courbet, mais ceux qui les interprètent…
Des deux expositions en Suisse consacrées au maître, l’une à la Fondation Beyeler de Bâle, vise à montrer la modernité de l’artiste et met au centre de son propos L’Origine du monde ; celle que propose le Musée Rath de Genève est plus ambitieuse : elle n’aborde que quatre années de la vie du peintre, mais quatre années discréditées, celles qui précèdent sa mort, celles de son exil, au cours desquelles il tomba en disgrâce et ses dernières peintures avec lui.

Faire de L’Origine du Monde la clé de lecture des peintures de l’artiste, et plus précisément de ses paysages [1] (ill. 1), c’est finalement « dévoiler » leur pouvoir de fascination au sens étymologique du terme (fascinus donna aussi phallus, on ne le dit jamais assez...). Ainsi Castagnary [2] avait doublement raison lorsqu’il écrivait que Courbet, « avide de voir et de pénétrer le monde ouvert à son observation […] découvrit des terres vierges […] ».
Plus sérieusement, est-ce bien là que réside la modernité du maître, puisqu’il s’agit d’en faire le « premier » peintre moderne ? Si L’Origine du Monde fut transformée en paysage à la demande de Jacques Lacan - qui posséda le tableau (!) - l’inverse n’est pas forcément vrai. Faut-il le rappeler, la célèbre toile fut peinte pour un collectionneur privé, elle était destinée à rester cachée et jamais l’artiste n’a voulu la présenter au public et encore moins en faire un manifeste.

2. Gustave Courbet (1819-1877)
Le Fou de peur, vers 1844-1845
Huile sur toile montée sur bois - 60,5 x 50,5 cm
Oslo, The National Museum of Art, Architecture and Design
Photo : Oslo, National Museum
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L’exposition de Bâle déploie un nombre assez restreint d’œuvres, une soixantaine, en un parcours thématique qui souligne les motifs récurrents, inhérents à l’art de Courbet : les autoportraits, les paysages de Franche-Comté, les marines, l’hiver, et bien sûr les femmes nues au bord de l’eau. Il manque plusieurs aspects, notamment les scènes de genres et les peintures plus sociales qui firent pourtant scandale.
Les visiteurs de la rétrospective de 2007-2008 [3] n’auront donc aucune surprise en arpentant la Fondation Beyeler. Mais le rapprochement de toiles aux motifs plus ou moins identiques met en valeur la technique de l’artiste et son affirmation de l’acte de peindre qui fit grand bruit auprès des critiques et du public : Courbet construit ses tableaux, il utilise la couleur comme une matière malléable qu’il applique à la brosse, au couteau, avec un chiffon ou même avec son pouce. « C’est un bâtisseur. Un rude gâcheur de plâtre. Un broyeur de tons. Il maçonnait…

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