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Cross dans la lumière du Var, « le plus beau pays du monde »

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Saint-Tropez, Musée de l’Annonciade, du 11 juillet au 14 novembre 2023

Œuvres sur papier - Villa Théo, Le Lavandou, du 8 juillet au 30 septembre 2023

Son nom est une invitation pétaradante et pourtant, la plage de Baigne-cul reste déserte, à peine animée par trois garçons, ou plutôt par un seul, représenté trois fois sous un soleil de plomb. Le tableau est resté à Chicago, mais une esquisse révèle comment Henri-Edmond Cross préparait ses peintures : la ligne avant le point (ill. 1).


1. Henri-Edmond Cross (1856-1910)
Étude pour Plage de Baigne-Cul, 1891-1892
Huile sur toile - 23 x 34 cm
Collection Christophe Karvelis-Senn
Photo : bbsg
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Même après avoir pleinement adopté la touche divisionniste, il garda une approche traditionnelle de son métier, élaborant longuement ses compositions à l’aide d’études au crayon et à l’huile. Ses premières pensées trahissent déjà son obsession de la lumière. Dans ses compositions achevées, il la fait ressentir par une multitude de points de couleurs pures, tandis qu’il traduit son intensité de manière plus classique dans cette esquisse : les carnations pâles, mélanges de jaunes, de roses et de blanc, semblent se fondre dans le sable, et les ombres bleues sont très courtes, le soleil est à son zénith. « La lumière répandue à profusion sur toutes choses vous attire, vous ahurit, vous affole [1]. » écrivit le peintre, qui fut littéralement ébloui par le Var ; comme beaucoup d’autres en fin de compte, rien de très original dans cette découverte du soleil de Méditerranée. Peu d’entre eux néanmoins choisirent de s’installer définitivement dans le Sud. Cross, si. Il quitta Paris pour le Lavandou. Il s’établit d’abord à Cabasson, puis à Saint-Clair. Dans son premier refuge, la « Maison perdue », il se réjouit de la tranquillité du coin : « Ici nos plages sont désertes  ». C’était près de Saint-Tropez, il y a de cela 120 ans. Dans ce qui fut pour lui « le plus beau pays du monde », alors préservé de la faune touristique, « l’élégance ne réside que dans les pins qui sortent du sable et dans la délicieuse demi-lune que forme le rivage. Mais que cela est éternellement beau. Et grave ou frivole selon la disposition d’esprit de l’observateur [2] ! »


2. Henri-Edmond Cross (1856-1910)
Plage de la Vignasse, vers 1891-92
Huile sur toile - 65,5 x 92,2 cm
Le Havre, musée d’art moderne André Malraux
Photo : MuMa Le Havre - D. Fogel
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3. Henri-Edmond Cross (1856-1910)
Paysage provençal, 1898
Huile sur toile - 60,3 x 81,2 cm
Cologne, Wallraf-Richartz-Museum &
Fondation Corboud
Photo : Rheinisches Bildarchiv Köln
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Le Musée de l’Annonciade déploie un florilège de ses œuvres peintes à partir de 1891. L’année fut charnière, marquée par la mort de Georges Seurat, par le départ de Cross pour Cabasson et par son engagement dans la voie néo-impressionniste. Une trentaine de peintures a été réunie par la directrice du musée, Séverine Berger, et par Marina Ferretti-Bocquillon. Le parcours chronologique, scandé de cimaises colorées, montre parfaitement…

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