Caserne Gudin : un courrier de Benoît Digeon, maire de Montargis

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La caserne Gudin (pavillon de l’Horloge)
Carte postale ancienne
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21/10/21 - Patrimoine - Montargis, caserne Gudin - Le maire de Montargis, Benoît Digeon, nous a adressé un courrier à propos de la caserne Gudin, et en réponse à l’article publié hier, en nous demandant de le publier dans La Tribune de l’Art [1], ce que nous faisons volontiers in extenso et dans le format PDF que nous avons reçu, y compris les annexes.

Nous tenons tout d’abord à préciser que la politique patrimoniale de la ville de Montargis n’est pas en cause dans notre article, à l’exception bien sûr de la caserne Gudin. Benoît Digeon cite en effet toutes les réalisations que celle-ci aurait faite dans ce domaine. Nous ne les connaissons pas toutes, mais nous avons parlé à deux reprises de l’église de la Madeleine et de sa restauration effectivement remarquable que nous avions saluée (voir les articles). Quant au Musée Girodet, nous avons souvent parlé de lui, récemment avec éloges de l’exposition Girodet face à Géricault (voir l’article) et de manière favorable, mais plus nuancée, de sa rénovation (voir l’article).

Pour le reste, nous laisserons nos lecteurs juger des arguments du maire justifiant la démolition d’un bâtiment dont il affirme qu’elle « sauverait le site ». Remarquons cependant que rien ne l’obligeait à l’acheter à l’État s’il s’agissait de le détruire. Quant au coût de sa réhabilitation, qui serait de 14 millions pour une rénovation, sans d’ailleurs que celui de la démolition et construction nous soit donné, nous avons trop souvent vu des chiffrages de restauration très exagéré pour lui donner un réel crédit. Et cela ne justifierait pas, quoi qu’il en soit, une absence de protection monument historique qui ne se juge pas au coût réel ou supposé d’une restauration mais à l’intérêt de l’édifice.

Que l’attitude de l’État, qui aurait certainement dû protéger le bâtiment avant de le vendre, soit ambiguë, nous ne le contestons pas. Mais les choses évoluent et la récente destruction de la caserne Mirbel à Verdun, et celle encore plus regrettable de la chapelle Saint-Joseph de Lille ont sans doute contribué à faire comprendre au ministère de la Culture que cette architecture de la fin du XIXe siècle, qui disparaît à grande vitesse, mérite d’être sauvegardée, et nous ne pouvons que nous en réjouir.

Quant au témoignage de Pierre-Yves Balut, maître de conférence habilité émérite à la Sorbonne, nous nous contenterons de dire que nous pourrions produire des avis contraires tout aussi autorisés, sinon davantage. Car cet éminent universitaire est avant tout archéologue et ses domaines de recherche [2] semblent bien loin de l’architecture du XIXe siècle.

Enfin, il est évidemment hors de question de présenter de quelconques excuses à Madame le Préfet que nous ne suspectons de rien qu’elle n’admette elle-même. Qu’elle soit arrivée le 1er mars 2021, « alors que l’affaire était engagée depuis des années » ne change évidemment rien, puisque ce qui nous semble poser problème, c’est de ne pas vouloir signer un arrêté d’inscription dans une affaire qui pourrait relever d’un conflit d’intérêt. Celui-ci est d’ailleurs si évident que son secrétaire de préfecture nous l’a confirmé. Chacun peut croire que se retirer du dossier en laissant à la manœuvre son collaborateur direct serait suffisant. Ce n’est pas notre cas.

Le courrier du maire de Montargis peut être lu ici.

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