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Saint-Riquier. Une grande abbaye bénédictine
Sous la direction d’Aline Magnien
L’histoire de l’art ne vit pas qu’au rythme des expositions et des catalogues qu’elle suscite si facilement, presque trop. Peuvent surgir des publications exigeantes, mues par le seul intérêt de l’étude, et même d’austères monographies d’artistes ou d’édifices, heureusement portées et confortées par le patriotisme (on peut oser le mot) local ou régional [1]. Le goût (ou fascination) de l’archéologie et des fouilles (la haute ou très haute époque qui fait tellement rêver de ce qui n’existe plus !) joue son rôle mais pas exclusivement. L’importance des styles, la révélation d’un patrimoine toujours existant, sa restauration, son sauvetage, sa mise en valeur, son inventaire photographique autant que l’exploration des sources archivistiques ou imprimées, ont toute leur place. Saint-Riquier, la brave Picardie militante qui doit se défendre pour exister (une région en sursis si l’on en croit certains projets administratifs actuels !), un passé d’institution religieuse, le déroulement d’une histoire (unité de temps et de lieu) et une exceptionnelle richesse sculpturale et picturale, quelle meilleure justification à une première et décisive monographie d’ensemble de l’abbaye en question. Soit une étude archi-documentée (plans et croquis) de restitution pour imaginer par exemple l’illustre passé carolingien dudit saint Riquier (fruit des savantes recherches du regretté Honoré Bernard) systématiquement illustrée (toutes les sculptures d’un gothique flamboyant inoubliable, toutes les peintures murales ou d’autel, une à une analysées : vive l’iconographie !), et qui aborde dans le respect de la chronologie toutes les réalités de l’édifice et chaque spécialité de l’histoire de l’art (architecture, sculpture, peinture, mobilier, étude de la polychromie des reliefs, découverte de pavages médiévaux, etc.). Le travail est exemplaire, la démarche imparable, la réussite évidente.