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Les Sculpteurs du travail

Nogent-sur-Seine, Musée Camille Claudel, du 26 septembre 2020 au 12 septembre 2021

1. Jean-Baptiste Pigalle (1714-1785)
Le Citoyen, vers 1755-1760
Terre cuite - 26,3 x 14,7 x 13,8 cm
Orléans, Musée des Beaux-Arts
Photo : François Lauginie
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On s’attendait à Meunier, Dalou ou Rodin, comme nous le suggérait le sous-titre de l’exposition, mais le parcours commence paradoxalement avec Pigalle : comme l’indique Cécilie Champy-Vinas, co-commissaire de l’exposition avec Cécile Bertran, «les travailleurs mirent près d’un siècle à faire descendre de leurs piédestaux les héros de l’Antiquité, les princes et les conquérants». La petite terre cuite (ill. 1) prêtée par le Musée des Beaux-Arts d’Orléans prépare l’une des allégories qui se dressent au pied du monument à Louis XV conçu pour la place Royale de Reims. Inauguré en 1765, celui-ci innove tant on était habitué aux figures de captifs, d’esclaves et de nations vaincues. Répondant aux idéaux du Siècle des Lumières, Pigalle suivit le vœu de Voltaire qui estimait qu’il valait mieux y représenter «des citoyens libres et heureux» : le sculpteur conçut donc une allégorie de la Félicité des peuples à laquelle il donna ses propres traits ! Méditant sur des ballots de marchandises, ce «citoyen heureux» dont la Révolution épargna le bronze constitue l’une des premières figures de travailleurs de la statuaire monumentale française.


2. Vue de la première salle de l’exposition Les Sculpteurs du travail au Musée Camille Claudel
Photo : Abril M. Barruecos
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3. Jean-Baptiste Carpeaux (1827-1875)
Modèles pour le Pavillon de Flore du Palais du Louvre, 1863
Plâtre patiné
Paris, Petit Palais, Musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris
Photos : Paris Musées
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C’est bien entendu à la IIIe République que l’on doit l’essentiel des représentations étudiées dans cette exposition (ill. 2) qui trouve une place idéale au Musée Camille Claudel - ancien Musée Dubois-Boucher - de Nogent-sur-Seine : la célèbre artiste dont l’institution a pris le nom au moment de sa réouverture (voir l’article) est d’ailleurs pour une fois absente du parcours, dont le propos et les œuvres s’échelonnent des années 1860 aux années 1930, allant de Carpeaux aux frères Martel. On commence cependant avec l’évocation du «foisonnement allégorique du Louvre de Napoléon III», auquel Sophie Picot-Bocquillon consacre également un essai dans le catalogue de l’exposition, judicieusement sous-titré «une représentation du travail sans travailleur». Les sculptures réalisées par Carpeaux pour les parties hautes de la façade sud du pavillon de Flore (ill. 3), montrant La France impériale portant la lumière dans le monde et protégeant la Science et l’Agriculture, se contentent de suggérer le travail de la terre par la représentation musculeuse du corps masculin. Le langage allégorique ici à l’œuvre était bien sûr attendu pour glorifier l’économie florissante de la France du Second Empire, parfois mâtiné de détails…

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