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Autour de la « Madeleine Renders »

Un aspect de l’histoire des collections, de la restauration et de la contrefaçon en Belgique dans la première moitié du XXe siècle

Auteurs : Collectif sous la direction de Dominique Vanwijnsberghe

L’histoire ou plutôt l’affaire (ou pseudo-affaire) de la Madeleine Renders – elle a tous les ingrédients d’un roman policier en vrai ! – méritait bien les honneurs de l’actualité. C’est à quoi s’est vertueusement employé l’IRPA – l’Institut royal du patrimoine artistique à Bruxelles – en publiant dernièrement un dossier aussi exemplaire que passionnant mais peut-être resté un peu trop confidentiel, alors qu’il touche, au-delà du contexte belge des Primitifs flamands du XVe siècle, aux plus vastes et brûlantes questions de la restauration des peintures anciennes et de l’émergence volontaire ou non de faux. – Du restaurateur habile et zélé à l’avéré faussaire en passant par le manipulateur délié, le collectionneur avide et bientôt sans scrupules ou le financier inlassablement spéculateur, et jusqu’à l’historien d’art plus ou moins heureux et lucide, timoré ou non, que d’édifiantes leçons, que d’instructives révélations ! D’autant qu’il s’agit en l’occurrence d’une copie intrinsèquement liée à l’un des joyaux du Louvre, la Madeleine qui orne le volet droit du fameux Triptyque Braque (ill. 1) de Van der Weyden [1], cette véritable Joconde flamande des années 1450 : quel choix emblématique et… plus pervers !


1. Rogier van der Weyden (1399/ 1400-1464)
Triptyque Braque, entre 1450 et 1452
Bois - 41 x 136 cm
Paris, musée du Louvre
Photo : RMN
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Admirable si l’on peut dire, en tout cas proprement stupéfiant est le cas de cette tromperie qui n’aurait jamais dû tromper, ne serait-ce qu’à cause de son origine, puisqu’elle n’avait même pas trompé au départ, ayant été facilement dénoncée à temps. Qui du reste se révèle d’une plate et banale médiocrité au vu de son fade coloris brunâtre, beaucoup trop convenable et mesuré (ill. 2), bien éloigné de la claire et franche polychromie de l’original (ill. 3) [2]. C’est ici que l’enquête de l’IRPA, à la fois historique et technique, reposant sur une nécessaire et évidente complémentarité, montre comment a joué entre 1920 et 1926, dans les rêts de ce manipulateur consommé qu’était le redoutable Renders [3] (ill. 4), le piège d’une hyperrestauration artistement réalisée par le (trop !) habile Van der Veken [4] (ill. 5), laquelle s’achève tristement en faux, faux pour tromper, au moins dans le dessein ourdi par Renders, son pressant mécène. Une supercherie pourtant débusquée dès 1927 par le clairvoyant Delacre [5] (ill. 6) mais imprudemment bénie et publiée la même année par Hulin de Loo et Edouard Michel comme ouvrage de Memling travaillant dans l’atelier de Weyden [6], sic ! Une propice mise à l’ombre protégea ensuite l’objet fallacieux. A pu jouer en faveur du tableau une certaine lassitude ou distance des grands historiens d’art spécialistes des Primitifs flamands comme Friedländer ou Winkler : c’est ce que révèle opportunément un examen de la fortune critique de ce tableau (voir la contribution de Suzanne Laemers [7]).


2. Madeleine Renders
Bois…

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