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Au-delà des étoiles. Le paysage mystique de Monet à Kandinsky

Paris, Musée d’Orsay, du 14 mars au 25 juin 2017

1. Claude Monet
Meule, soleil couchant, 1891,
Huile sur toile - 73,3 × 92,7 cm
Boston, Museum of Fine Arts
Photo : Boston : Museum of Fine Arts
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Détail révélateur, il est précisé au début du catalogue que « les textes publiés ici sont sous l’entière responsabilité de leurs auteurs [1]»... De fait, l’avant-propos donne le ton : Katharine Lochnan [2] n’hésite pas à partager une expérience personnelle, racontant comment elle éprouva lors d’un voyage en Irlande, « dans cet extraordinaire paysage karstique » du plateau de Burren, «un puissant sentiment d’immanence et de transcendance divines ». Elle détaille ensuite par le menu l’élaboration de cette exposition sur le « paysage mystique » pour laquelle elle a fait appel à différents historiens de l’art, mais aussi à des théologiens, psychanalyste, psychologue, astrophysicien et même un professeur de médecine « athée » (drôle de précision, serait-ce une garantie de sérieux, une caution morale ?). Guy Cogeval mis à part, les autres commissaires du Musée d’Orsay n’ont rien écrit dans l’ouvrage, prudence, prudence, alors que le catalogue anglais publié à l’occasion de la première étape de l’exposition à Toronto [3] a trouvé davantage de volontaires.

« Mystique » : étymologiquement, le mot signifie « initié », « caché, secret, relatif au mystère ». Le mysticisme dans son sens moderne désigne l’intuition d’une réalité invisible, indépendamment de toute religion. Katharine Lochnan retient la définition d’Evelyn Underhill [4] pour qui le mysticisme est « l’art de l’union avec la Réalité », et le mystique, « l’explorateur d’un monde supra sensoriel » qui «trouve et ressent […] le paysage de l’Éternité » ; il est alors tenu de le présenter à ses congénères.
Dire qu’un peintre est mystique serait donc un pléonasme dans la mesure où l’artiste – selon Bergson, entre autres - déchire les apparences pour nous faire accéder au réel, pour nous faire voir les choses en elles-mêmes et pour elles-mêmes.

2. Vassily Kandinsky (1866 - 1944)
Accord réciproque, 1942
Huile et Ripolin sur toile - 114 x 146 cm
Paris, Centre Pompidou, Musée national d’art moderne
Photo : MNAM-CCI /DRMN-GP
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Quelle place tient le paysage dans la peinture dite mystique, par rapport aux autres genres picturaux tels que la nature morte ou la peinture allégorique ? Y a-t-il un style pictural propice plus qu’un autre à traduire le «mystère» (les nabis, les symbolistes, les divisionnistes sont mis en avant aux côtés d’artistes canadiens et scandinaves, alors que les expressionnistes allemands, par exemple, sont presque oubliés, seulement représentés par Munch, pourquoi ?). Bref, on attendait que le parcours thématique définisse plus clairement les caractéristiques du paysage mystique.

Il commence par la « contemplation ». Étrangement, la définition des mots n’est jamais précisée. Or, contempler - cum templum – c’est d’abord regarder le templum, la…

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