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A l’école de l’antique : Poussin, Géricault, Ingres

Paris, École nationale supérieure des Beaux-Arts, Cabinet Jean Bonna, du 11 octobre 2019 au 12 janvier 2020

Collectionneurs, spécialistes ou simples amateurs ne s’y trompent pas : les expositions du Cabinet Jean Bonna de l’École des Beaux-Arts de Paris attirent un public fidèle, qui attend avec impatience chaque nouvel accrochage et chaque nouveau Carnet d’études : celui-ci est le quarante-septième ! Le thème retenu pour l’automne-hiver est parfaitement classique : il s’agit d’illustrer, à l’aide d’une trentaine d’œuvres, l’importance et le rôle du modèle antique pour plusieurs générations d’artistes français. Un avant-propos d’Olivier Bonfait, professeur d’histoire de l’art moderne à l’université de Bourgogne, rappelle que l’antique fut une source d’inspiration bien moins rigide qu’on ne pourrait l’imaginer et que les sculptures qui témoignaient de la gloire de la Grèce puis de Rome ont été largement contournées voire détournées par les dessinateurs effectuant leur Grand Tour. Rien n’est plus moderne que l’antique, que se réapproprient volontiers les artistes les plus inventifs : cette plongée dans les richissimes collections de l’École des Beaux-Arts de Paris ne fait que le confirmer.


1. Jean Boucher (vers 1575-1633)
Satyre et Bacchante, 1600
Sanguine et craie sur papier beige - 170 x 216 mm
Paris, École nationale supérieure des Beaux-Arts
Photo : ENSBA
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L’une des premières feuilles que découvre le visiteur de l’exposition est la très belle sanguine (ill. 1) de Jean Boucher qui orne aussi la couverture du catalogue ; à lui seul, ce dessin pourrait résumer le propos qui est ici à l’œuvre : la copie d’après l’antique est rarement servile et l’artiste sait prendre toutes les libertés qu’il souhaite envers son modèle. En effet, le groupe sculpté dont s’inspire Jean Boucher lorsqu’il trace ce dessin à Rome en 1600 se compose certes d’un satyre concupiscent mais on n’y trouve aucune bacchante : le second protagoniste est un jeune homme ! Jean Boucher lui substitue hardiment une figure tout à fait féminine, ce qui n’enlève rien au caractère érotique de la scène, qui a peut-être même été atténué par un amateur gêné qui aurait coupé la partie inférieure du dessin pour en faire disparaître les détails les plus explicites.

2. Nicolas Mignard (1606-1668)
Hercule appuyé sur le bras gauche, 1664
Pierre noire et craie sur papier brun - 569 x 372 mm
Paris, École nationale supérieure des Beaux-Arts
Photo : ENSBA
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Sur une cimaise voisine, on remarque avec un certain amusement l’Hercule appuyé sur le bras gauche de Nicolas Mignard, belle feuille (ill. 2) issue du fonds de l’Académie royale de peinture et de sculpture où l’artiste fut reçu en mars 1663. Nicolas Mignard fit adopter à son modèle la pose aisément identifiable du célèbre Hercule Farnèse, un des plus fameux antiques de Rome, mais en s’éloignant largement du puissant marbre désormais conservé à Naples : le héros mythologique croise désormais les jambes et appuie sa tête contre sa main gauche, affectant un air…

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