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Sarah Bernhardt. Et la femme créa la star

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Paris, Petit Palais, du 14 avril au 27 août 2023

« Je ne suis pas sûr que Madame Sarah Bernhardt, au point où elle en est, soit encore capable de trouver l’intonation juste pour dire "Bonjour Monsieur, comment vous portez-vous ?" Il lui faut l’extraordinaire pour être elle-même. [1] » Le critique Jules Lemaître eut beau ironiser, il succomba lui aussi aux charmes de l’actrice et reconnut son triomphe : « Plus que toute autre, elle aura connu la gloire énorme, concrète, enivrante, affolante, la gloire des conquérants et des césars. On lui a fait, dans tous les pays du monde, des réceptions qu’on ne fait point aux rois » [2].


1. Étienne Carjat (1828-1906)
Sarah Bernhardt en Doña Maria de Neubourg,
dans Ruy Blas de Victor Hugo, 1872
Photographie
Paris, Musée Carnavalet
Photo : Paris Musées/Musée Carnavalet
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Et plus qu’une reine, c’est une étoile que célèbre le Petit Palais (ill. 1). L’exposition, organisée à l’occasion du centième anniversaire de sa mort, montre que Sarah Bernhardt ne fut pas seulement une grande actrice - Réjane et Julia Bartet l’étaient tout autant -, elle fut une véritable « star », qui ne se contenta pas d’incarner des rôles sur scène, mais fit de sa vie un spectacle, ponctué de frasques et de scandales savamment orchestrés. Au théâtre comme à la ville, Sarah sut jouer avec son image pour créer un mythe.


2. Sarah Bernhardt (1844-1923)
Autoportrait en chimère, vers 1880
Bronze - 8 x 10 x 9,5 cm
Étampes, Musée Intercommunal
Photo : Étampes
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Elle était « la Divine », le « monstre sacré » qui fascina Cocteau, elle était une créature fantastique, apparaissant sous les traits d’une chimère dans un autoportrait en bronze comme dans une caricature d’André Gill (ill. 2 et 3). Elle était aussi un phénix qui renaissait sans cesse de ses cendres : qu’elle incarnât Phèdre, Doña Sol - maîtresse d’Hernani - ou bien la Dame aux camélias, elle savait si bien agoniser sur scène, avec ses yeux révulsés et son corps pâmé, qu’on venait au théâtre pour la voir mourir. Il lui arrivait d’ailleurs de menacer, pour qu’on cédât à ses exigences : « si vous ne faites pas ce que je veux, j’arrête de mourir. » Elle expirait sur scène aussi bien que chez elle, se faisant photographier allongée dans un cercueil (ill. 4), alimentait les rumeurs, astiquait son aura macabre, apparaissait coiffée d’une chauve-souris naturalisée.


3. André Gill (1840-1885)
Caricature de Sarah Bernhardt en chimère, vers 1880
Huile sur panneau - 54 x 34 cm
Couilly-Pont-aux-Dames, Musée des Artistes
Photo : bbsg
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Sa ménagerie exotique défraya la chronique. Son lionceau ne se contenta pas de déféquer généreusement dans sa chambre d’hôtel, il terrorisa les clients de l’établissement, son puma sautait sur les genoux de ses invités tétanisés, tandis qu’Ali Gaga l’alligator arpentait benoitement son salon et finit par mourir imbibé de champagne. Il y avait aussi la tortue Chrysagère dont la…

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