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Requiem pour un musée

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Nous publions ici un article d’Yves-Bernard Debie [1] comme éditorial, même s’il a été écrit par quelqu’un d’extérieur à la rédaction. Ce texte représente en effet mieux que nous ne l’aurions écrit nous même ce que nous pensons après la cérémonie de «restitution» des œuvres du Bénin où le grand démocrate Patrice Talon est venu faire une leçon d’humanisme et de repentance à la France et au président de la République.

La grand-messe des restitutions est dite. Le chef de l’État l’avait promis, l’Assemblée nationale l’a fait, la loi du 24 décembre 2020 a entériné la volonté présidentielle, s’attirant les foudres du Sénat qui, fustigeant le « fait du Prince », s’était refusé à examiner ce projet de loi validant la restitution de vingt-six œuvres au Bénin et d’un sabre au Sénégal. Le 10 novembre 2021, ces œuvres d’art, qu’on croyait inaliénables, ont quitté définitivement la France et les collections publiques qui les conservaient depuis cent trente ans. Forcé de participer à sa dépossession, le musée du quai Branly-Jacques Chirac mettait en scène jusqu’au 31 octobre dernier ce départ avec le bel enthousiasme sincère qui sied à tout fonctionnaire.


1. Vue de la zone Afrique, et particulièrement de la section consacrée aux arts d’Abomey, du plateau des collections. Juillet 2012.
Photo : Musée du quai Branly-Jacques Chirac/Cyril Zannettacci.
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Cette grande et belle institution est la première victime de ces restitutions qui ouvrent la voie à tant d’autres puisque déjà plusieurs pays africains ont répondu à l’appel lancé par le président Macron à Ouagadougou. Pourtant, le musée du quai Branly voulu par le président Chirac comme un lieu de dialogue des cultures est en France la meilleure ambassade de l’Afrique et du génie de ses artistes. C’est ce lieu de conservation et de connaissance inauguré en 2006 qui est aujourd’hui sommé, comme un vulgaire receleur, de rendre son butin.

« Il n’existe pas plus de hiérarchie entre les arts qu’il n’existe de hiérarchie entre les peuples. C’est d’abord cette conviction, celle de l’égale dignité des cultures du monde, qui fonde le musée du quai Branly [2]. »

Ce beau rêve d’un Président n’aura duré que quinze ans et s’achève par la volonté d’un autre. Certaines « hiérarchies » ont la vie dure. On les fait renaître sans cesse, fût-ce au prétexte d’en faire disparaître toutes traces. Nos musées sont…

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