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Prédictions. Les artistes face à l’avenir

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Bourg-en-Bresse, Monastère royal de Brou, du 30 mars au 23 juin 2024.
Cherbourg-en-Cotentin, Musée Thomas Henry, du 12 juillet au 16 octobre 2024.

La sibylle de Panzoust dévoilait à ses visiteurs d’abord leur avenir puis son postérieur. Panurge vint la trouver pour s’avoir s’il devait se marier. Après avoir ausculté les feuilles des arbres, elle voulut se retirer dans sa tanière, mais arrivée sur le perron, elle retroussa sa robe et exhiba son arrière-train. « Voilà le trou de la sibylle » commenta l’ami de Pantagruel. La femme décrite par Rabelais dans Le Tiers Livre n’était pas de la première fraîcheur. « La vieille était mal en point, mal vêtue, mal nourrie, édentée, chassieuse, courbassée, roupieuse, langoureuse ». Antoine Injalabert ne se montra guère fidèle au récit lorsqu’il modela dans la terre une sibylle relativement accorte (ill. 1).


1. Jean Antoine Injalbert (1845-1933)
Sibylle de Panzoust, 1910
Terre cuite - 28,5 x 19 x 22,2 cm.
Paris, Musée d’Orsay
Photo : RMN-GP/A. Didierjean
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Sa sculpture est actuellement visible au Monastère royal de Brou qui consacre une exposition aux prédictions et à ceux qui les font : prophètes, pythies ou cartomanciennes inspirèrent les artistes à toutes les époques. Les œuvres exposées nous entraînent ainsi du XIVe au XXe siècle, tandis qu’une partie contemporaine est organisée à l’espace H2M de Bourg-en-Bresse. Cette exposition se tiendra ensuite au Musée Thomas-Henry de Cherbourg avec quelques variantes.
À Brou, le parcours se divise en deux grandes parties : d’un côté les messagers des dieux, de l’autre les êtres humains pratiquant les arts divinatoires. La distinction entre les pythies ou les prophètes et les diseuses de bonne aventure se ressent dans la manière de les représenter : les uns appartiennent à la grande peinture d’histoire tandis que les autres sont le plus souvent incarnées par des figures anonymes dans des scènes de genre.

Le parcours commence par la fin des temps. Le récit de l’Apocalypse inspira aussi bien Dürer que Foujita : le premier mit scène la vision des sept chandeliers sur une gravure de 1496, le second peignit en 1960 un vaste triptyque chaotique sur lequel surgissent les trompettes, les quatre Cavaliers et la Jérusalem céleste. Une peinture du Jugement dernier attribuée à Carlo Saraceni vers 1610 est directement inspirée de la composition de Michel Ange dans la chapelle Sixtine.
L’œuvre de Rodin intitulée L’Avarice et la Luxure ou Le Jugement dernier n’a pas tout à fait sa place dans cette première salle ; il aurait été plus logique de la présenter dans la dernière section consacrée à la littérature, puisque le sculpteur tire son sujet de l’Enfer de Dante. Le sort réservé à l’Avarice et à la Luxure aurait pu être confronté au destin de Macbeth coupable d’assassinat ; Théodore Chassériau peignit plusieurs passages de la pièce de Shakespeare, notamment la rencontre du noble écossais avec les trois sorcières. Autre ambiance : la crédulité de Don Quichotte fait sourire, consultant une tête enchantée dans la maison d’Antonio Moreno ; il est peint par Charles…

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