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La République troublée. Culture visuelle et débat social (1889-1900)

Auteur : Richard Thomson

Publié aux presses universitaires de Yale en 2005, cet ouvrage, aujourd’hui traduit de l’anglais par Françoise Jaouën, enrichit la bibliographie sur le rôle des images dans la société du XIXe siècle et singulièrement durant sa dernière décennie, celle-là même qui vit la consolidation de la IIIe République confrontée à d’importantes métamorphoses sociales et politiques. En prenant soin de sous-titrer son livre « culture visuelle et débat social », l’auteur prévient bien qu’il ne s’agit pas d’histoire de l’art au sens propre et que l’œuvre y est plus abordée en tant qu’image révélatrice, reflet et moteur de systèmes politiques et sociaux, que pour elle-même. Les historiens nous ont certes habitués, depuis les années 1980, à l’utilisation abondante de l’image dans leurs démonstrations ; leur approche, bien souvent, péchait par une méconnaissance, voire un refus, du statut particulier de l’œuvre d’art qui ne se limite certes pas à l’imagerie, les images ayant d’ailleurs elles-mêmes un fonctionnement propre bien différent de celui de n’importe quel document historique. Il pourrait donc être appréciable, en dépit de ce sous-titre choisi en guise d’avertissement, que ce soit quand même en historien de l’art, et avec l’acuité de regard et les outils analytiques propres à cette discipline, que Richard Thomson traite, dans une démarche inverse, les questions abordées. Mais est-ce bien le cas et le statut esthétique de l’image convoquée à titre argumentaire y est-il bien clair ? D’autre part, cette transdisciplinarité et le concept un peu flou de « culture visuelle » ne portent-ils pas en eux une certaine dissolution de la spécificité de l’œuvre d’art, dont on sait combien le maniement à des fins démonstratives est délicat, lorsqu’on l’extrait de la sphère purement esthétique ? Dès lors, le rôle argumentaire des images et le discours historique qui s’y réfère demeurent-ils valides ? Ce sont toutes les questions que la lecture de ce livre, qui ne manque pas d’intérêt par ailleurs, ne cesse de poser au lecteur.

Après une introduction qui fait un rapide état de la société française, consolidation de la république, traces de la défaite de 1870 et de la Commune, évolution des couches sociales, métamorphoses économiques et industrielles, urbanisation, exode rural, développement des sciences nouvelles (psychologie) mais aussi contestation du positivisme et tensions politiques et religieuses, Richard Thomson propose d’étudier ces différentes questions en les mettant dans la perspective spécifique de l’image à travers quatre grands thèmes que l’on peut résumer ainsi : le corps et l’érotisme, la foule, le religieux et la « Revanche ».

Avec « Santé publique et désir privé », premier chapitre, l’auteur s’interroge sur l’importance nouvelle accordée au corps dans les représentations, images desquelles, au-delà de l’érotisme, il déduit, à juste titre, comme une inquiétude essentielle quant au corps social et à celui de la nation ; toujours dans l’optique d’une…

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