La Bibliothèque nationale moins protégée contre l’incendie, mais pour plus cher

Salle Labrouste de la Bibliothèque nationale de France rue de Richelieu
Photo : Didier Rykner
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Nous écrivions en avril 2019 que la Bibliothèque nationale de France risquait de perdre les deux pompiers qui surveillent en permanence le site de la rue de Richelieu, en raison des Jeux Olympiques et des travaux en lien avec le Grand Paris qui mobilisent les équipes de Brigade des Sapeurs Pompiers de Paris, en sous-effectif chronique (voir l’article). Alors que l’incendie de Notre-Dame venait d’avoir lieu, on ne pouvait pourtant pas imaginer que cette menace serait mise en œuvre.

C’est pourtant ce qui a été fait comme le révèle un article du Canard Enchaîné paru la semaine dernière sous la plume d’Hervé Liffran : « Le gouvernement, qui a confié à la BSPP - sans hausse de ses effectifs - de nouvelles missions pour la sécurité des JO de 2024 et du métro du Grand Paris » a effectivement privé la Bibliothèque nationale de ces pompiers dont la BnF payait pourtant une partie du coût, « rembours[ant] à l’État les salaires et les charges de ses 15 pompiers - soit 715 000 € par an » lit-on dans cet article.

Ne pouvant rester sans protection, la BnF a donc dû recruter des pompiers privés, en réalité des agents de sécurité. Et cette nouvelle organisation, toujours selon le Canard, lui coûtera 1,06 millions d’euros annuels, soit 350 000 euros de plus, qu’elle devra financer sur ses fonds propres, forcément au détriment de ses missions de conservation, de communication de documents ou - plus probablement encore - d’acquisitions.

Nous ne pouvons que citer ici ce que nous écrivions dans l’article publié en 2019, où nous annoncions déjà ce qui arrive aujourd’hui : « Pour maintenir la sécurité des lieux (et cela semble plus nécessaire que jamais à la suite de l’exemple de Notre-Dame), la BnF devrait alors faire appel à des sociétés privées. Si des formations (le diplôme SSIAP, service de sécurité incendie et d’assistance à personnes) garantit, au moins pour le niveau 3, des compétences proches de celles des pompiers, cela pose plusieurs questions. D’une part la présence de pompiers à demeure, qui peuvent rester en poste longtemps et bien connaître le monument qu’ils sont en charge de protéger, est certainement plus sûre que la prise en charge de cette fonction par des agents privés dont le turn-over peut être beaucoup plus rapide. Ensuite parce que le coût en sera plus important pour la BnF. Enfin, est-il raisonnable de privatiser la sécurité de nos grands musées et monuments ? »

Des agents de sécurité plus chers que des pompiers, diminuant le budget de la Bibliothèque nationale, et une sécurité moins bien assurée pour un des fleurons des collections patrimoniales françaises, voilà donc l’une des conséquences des Jeux Olympiques et de l’indifférence - au mieux - que le président de la République porte à ce tout ce qui peut ressembler à la culture française - qui n’existe pas comme il le déclarait avant son élection. Tous les jours ou presque il s’efforce de prouver que ce n’était pas une parole en l’air.

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