L’avancée de l’enquête sur l’incendie de Notre-Dame de Paris

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Notre-Dame le 20 mai 2019
Photo : Didier Rykner
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26/6/19 - Patrimoine - Incendie de Notre-Dame - Alors que l’Assemblée nationale débattra à nouveau mercredi prochain de la loi d’exception voulue par le gouvernement pour la restauration de Notre-Dame (nous y reviendrons), le procureur de la République a publié aujourd’hui un communiqué assez court indiquant que l’enquête préliminaire était close.

Sans surprise, et nous l’avons déjà maintes fois écrit, celle-ci a conclu qu’«aucun élément ne permet d’accréditer l’hypothèse d’une origine criminelle». L’incendie n’est hélas qu’un de plus dans la longue série de ceux causés par des chantiers de restauration qui constituent l’origine des sinistres sur monument historique dans 90 % des cas. Il y a quelques jours, comme nous l’avons écrit (voir la brève du 22/6/19), un chantier était à nouveau la cause d’un départ de feu heureusement assez vite maîtrisé - bien qu’il ait fait des dégâts dans les combles - à l’hôtel de Ville de Rouen [1].

Si la cause directe du sinistre n’a pas encore été identifiée, ce qui est normal car ce type d’enquête peut être très long, surtout pour un incendie de cette dimension, deux hypothèses sont citées, parmi d’autres : un dysfonctionnement du système électrique ou un départ de feu occasionné par une cigarette mal éteinte. Notons qu’un certain nombre de voix autorisées (notamment un pompier et un architecte du patrimoine) nous ont confié que les travaux d’enlèvement des sculptures qui avaient eu lieu quatre jours avant l’incendie, avec l’utilisation probable de chalumeaux et de scies électriques notamment pour désocler les sculptures et enlever leurs têtes, devraient être également envisagés comme cause possible du sinistre, sachant que le feu peut couver plusieurs jours dans des poutres avant de se déclarer.
Quoi qu’il en soit, le communiqué écrit clairement que des défaillances ont été mises en évidence qui ont pu avoir comme conséquence « l’ampleur du sinistre ». En effet, celui-ci aurait peut-être été moins dramatique notamment si la première alerte avait permis d’appeler les pompiers plutôt que d’attendre une demi-heure pour rien, et si des bras élévateurs de taille suffisante avaient été disponibles à Paris plutôt que de devoir les faire venir de Versailles.

Une information judiciaire contre X, « du chef de dégradations involontaires par incendie par violation manifestement délibérée d’une obligation de prudence ou de sécurité imposée par la loi ou le règlement, intervenue dans des conditions de nature à exposer les personnes à un dommage corporel » va être confiée à trois magistrats instructeurs.
On espère - sans trop y croire - que cette instruction ne se contentera pas de mettre en cause des lampistes. Sans qu’elles relèvent forcément du pénal, les responsabilités dans cette tragédie se situent, comme nous l’avons déjà écrit, au plus haut niveau de l’État.

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