Grave incident au Musée d’Art Ancien de Bruxelles

28/1/09 – Patrimoine – Bruxelles, Musée d’Art Ancien – Environ 150 œuvres sur panneau du Musée d’Art Ancien de Bruxelles ont été victimes d’une panne d’hygrométrie restée non détectée pendant une vingtaine de jours. L’affaire a été révélée par le journal Télé Moustique qui lui a consacré aujourd’hui un article détaillé et très bien fait.

Ce grave incident a eu lieu dans une salle transformée en réserve temporaire, durant les travaux de désamiantage et de création du « Musée Magritte » qui ont contraint à fermer une partie des Musées Royaux des Beaux-Arts (dont le Musée d’Art Ancien est en réalité un département). Les responsabilités ne sont pas encore parfaitement identifiées. Il faut savoir qu’en Belgique l’entretien des bâtiments publics est géré par la Régie des bâtiments de l’Etat, une administration dont les budgets diminuent d’année en année. Il est possible que l’origine du problème soit à rechercher dans cette direction. Il nous a été confirmé que, lorsqu’un appareil de climatisation tombe en panne, par exemple, il faut parfois plusieurs jours pour qu’il soit réparé. Notons aussi que cette réserve avait été aménagée par une société extérieure.
Le musée ne peut cependant pas être exonéré de toute responsabilité car le problème aurait dû été détecté plus tôt. Il est surtout anormal que l’information ait été révélée par la presse alors qu’une grande opacité était entretenue par l’établissement depuis que le désastre a été découvert, il y a deux semaines. Les accidents que subissent les œuvres font partie de leur histoire, et on ne devrait jamais les cacher. L’affaire étant maintenant largement médiatisée, le musée organise demain une conférence de presse, avec visite des réserves, à laquelle nous avons été convié sans pouvoir malheureusement nous y rendre. Si nous n’avons pas encore d’informations précises sur les tableaux concernés, les dégâts qui nous ont été rapportés sont essentiellement des fissurations et des soulèvements d’importances diverses.

Au-delà de cette triste affaire, on peut se demander si, parfois, l’excès de précaution n’est pas nuisible à des œuvres qui avaient traversé sans trop de dommages des siècles où l’on ne connaissait pas la climatisation. On s’interroge aussi sur la nécessité de créer un « Musée Magritte » au sein des Musées Royaux, une initiative qualifiée de « bling-bling » par Télé Moustique (une expression qui connaît donc un succès international), et surtout une opération très coûteuse dans une période de restriction budgétaire. La multiplication des travaux et des déplacements d’œuvres dans le musée, la création de réserves temporaires sont aussi dues à ces aménagements.
Il est regrettable que les Musées d’Art Ancien soient la victime d’un tel incident, alors que son équipe de conservation fait preuve d’une véritable éthique dans la gestion des œuvres, s’opposant en général aux déplacements inutiles des collections (notons toutefois que le directeur, Michel Draguet, avait pris fait et cause pour l’opération du Louvre Abou Dhabi et s’est récemment déclaré partisan de la possibilité d’aliéner certaines œuvres, un débat qui resurgit en Belgique - quelques mois après que la France y a renoncé [1]).

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