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Jouvenet 1644-1717 et la peinture d’histoire à Paris

Auteur : Antoine Schnapper, édition complétée par Christine Gouzi

Dans la lignée maintenant longue (et heureusement !) des monographies Arthena, la réédition du Jean Jouvenet (1644-1717) et la peinture d’histoire en France d’Antoine Schnapper fera date, comme avait marqué sa première publication en 1974, chez Léonce Laget, dans une éphémère collection « Artistes français ». Non qu’il s’agisse d’une des rares rééditions de la collection, mais parce qu’elle constitue un triple exploit.

Monographie et histoire

Le premier exploit, celui sans lequel Arthena même n’existerait sans doute pas, c’est naturellement le texte de base, l’ouvrage d’Antoine Schnapper publié en 1974, et rapidement épuisé. Souvent cité comme l’étude fondamentale sur la peinture en France dans la seconde moitié du règne de Louis XIV [1], il constitue en effet une monographie exemplaire.
Une monographie exemplaire car, sous son apparence simple, elle renouvelle de fond en comble un sujet.

Il fallait un certain courage pour, entre mai 1968 et la fondation de Beaubourg, s’attaquer à la peinture sous la monarchie Louis XIV, dresser le catalogue d’un peintre religieux, et s’intéresser à une période considérée comme de transition, ces trente années (1685-1715) que Blunt appelle le « déclin du règne de Louis XIV » [2]. Mais on sait que, au nom de l’histoire de l’art et de la recherche, Antoine Schnapper n’hésitait pas à froisser les tutelles et à bousculer les idées reçues ou faciles, contre une « conception aristocratique et antihistorique de l’art, qui nous vaut ce Panthéon squelettique où, dans un air raréfié, dialoguent les géants du visible ou les voix du silence » (p. 35). Dans son avant-propos, l’auteur justifie l’utilité et la nécessité de s’intéresser à des peintres qui sont loin d’être aussi célèbres que La Tour ou Le Brun, et met en avant le cas Jouvenet : son œuvre était estimé de son vivant, et il importe de l’étudier pour ce fait historique ; sa production est assez importante pour reconstituer des séries et établir un catalogue en s’appuyant sur des reproductions photographiques, aussi le texte ne sera-t-il pas une « gerbe d’opinions » (p. 37), mais une étude d’histoire de l’art, en donnant un sens plein à ces deux termes (et Schnapper revendique le jugement sur la qualité de l’œuvre, p. 36) ; dresser le catalogue des tableaux d’autels à l’époque où l’Eglise et le Musée préfèrent suivre le diktat du goût moderne et reléguer à l’oubli, c’est-à-dire à une mort immatérielle (puis souvent une fin matérielle) les témoignages de leur histoire et de leurs valeurs et lutter pour sauvegarder « la part humaine de la beauté du monde » (p. 37).
En dressant finement un panorama de la situation artistique autour de 1690-1700 dans l’introduction (pour autant que l’on pouvait en savoir en 1974), Schnapper remettait tout de suite en cause les deux principales caractéristiques qui avaient été assignées à la peinture de cette période par son dernier historien, Pierre Marcel (dans un ouvrage qui remonte à 1906 !) [3]: une peinture de transition…

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