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Gaspare Traversi

Auteur : Gianluca Forgione

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Ses scènes théâtrales, à coup sûr reconnaissables avec leurs trognes, leur cadrage resserré et leur minutie de surface, lui ont assuré une place de peintre de genre parmi les plus caractéristiques du XVIIIe italien. Gaspare Traversi (1722-1770) ne saurait toutefois être réduit à cette production, certes séduisante et originale. L’inimitable artiste de la société italienne du Settecento cache un peintre religieux capable de belles inventions et surtout un portraitiste sobre, majestueux, parmi les plus doués de sa génération. Ce profil aussi riche que passionnant a été progressivement affiné depuis les travaux fondateurs en 1927 de Roberto Longhi, voyant à très juste titre en Traversi l’un des derniers et vigoureux porte-flambeaux du naturalisme insufflé par Caravage. Depuis, dans le sillage de la grande manifestation Civiltà del’700 a Napoli (1979-1980), l’artiste a bénéficié d’un ouvrage [1] en 1980, de deux expositions [2] en 2003-2004 ainsi que de deux essais [3] en 2011-2012. La monographie de Gianluca Forgione, publiée par les exigeantes et courageuses Edizioni del Soncino à la ligne éditoriale comparable à celle d’Arthena en France, propose désormais une vision exhaustive de l’œuvre de Traversi avec un catalogue raisonné de 155 peintures et 25 dessins. Avec pas moins de dix toiles et deux dessins retenus autographes, les collections publiques françaises [4] conservent d’ailleurs le fonds le plus conséquent en dehors d’Italie.

La carrière de Traversi peut être décomposée en deux grandes phases, soit la formation napolitaine et la maturité romaine. Encore sommes-nous mal renseignés, fautes d’archives spécifiques et de témoignages anciens, sur des pans entiers de la vie de l’artiste. Seule l’édition des Pitture di Bologna établie par Carlo Bianconi en 1782 établit de façon assez probante que Traversi comptait parmi les élèves de Francesco Solimena (1657-1747), chef de file de la peinture d’histoire à Naples après la disparition de Luca Giordano en 1705. L’assertion de Bianconi trouve apparemment confirmation dans la plus ancienne œuvre connue de Traversi, une Crucifixion signée et datée 1748 (Rome, collection Escalar), avec son éclairage tranché et ses anatomies vraisemblables, encore tributaires de la tradition caravagesque du Seicento largement entretenue par Solimena jusque tard dans le XVIIIe siècle. Si la toile affiche clairement quelques maladresses et un relatif manque d’indépendance esthétique, il n’en demeure pas moins que Traversi affirme dès le départ une tendance à un réalisme sans concession, qui se démarque de la manière décorative privilégiée par des élèves de Solimena aussi talentueux et estimés que Francesco de’Mura, Sebastiano Conca et bien sûr Corrado Giaquinto. Ou, pour le dire autrement, il faut voir en Traversi l’un des ultimes héritiers du ténébrisme du temps de Ribera plutôt qu’un héraut enthousiaste d’un rococo autrement plus international et dans l’air du temps.

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