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Eugène Boudin

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Paris, musée Jacquemart-André, du 22 mars au 22 juillet 2013.

Corot l’aurait, dit-on, le premier surnommé « le Roi des ciels » – une formule que reprendra en citation Monet dans une lettre à Geffroy du 8 mai 1920 –, Baudelaire évoquera dans le Salon de 1859 ses « beautés météorologiques », Zola vantera « son originalité exquise » et les Goncourt s’inspireront de ses scènes de plage pour décrire celles peintes par Coriolis dans Manette Salomon (1867). Pourtant il ne fut longtemps considéré, selon ses propres termes, que comme « un peintre de commerce » – il reconnaissait d’ailleurs peu avant sa mort qu’il faudrait trier dans sa production, « en montrer très peu… et seulement des meilleurs », car ajoutait-il dans un billet à Durand-Ruel, « à la fin je pourrais lasser l’attention de mon public ». La présentation du musée Jacquemart-André (la première consacrée à Paris au peintre honfleurois depuis… 1899), avec ses 65 numéros dont quelques-uns peu connus du public, répond au vœu de Boudin quant au choix des œuvres accrochées et, par la diversité des sujets abordés, brise l’image de peintre des plages et des ports qui lui colle à la peau, ne « lassant » ainsi jamais le visiteur.

1. Eugène Boudin (1824-1898)
La Côte de Grâce, 1890
Huile sur panneau - 20,4 x 25,5 cm
Collection particulière
Photo : Daniel Couty
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Et si l’on commençait par cette superbe Côte de Grâce (ill. 1) qui résume, bien que tardive (1890), l’attachement de Boudin à sa ville, son entourage, qu’il souhaite faire partager à travers ces trois femmes tournées vers l’estuaire de la Seine : un ciel nuageux, une eau fluvio-maritime qui en est le strict reflet, un sol herbeux, des arbres occupant toute la partie droite de cette huile sur panneau – tout l’univers intime de Boudin est retranscrit dans ce paysage. Outre le sujet, les couleurs s’imbriquant les unes dans les autres de manière à saturer l’espace, laissant seulement à travers une barrière de bois blanc, la place minimale au bas de la composition, à ce vert normand, tout traduit un paysage à la fois extérieur et parfaitement intériorisé. Au pied de la côte de Grâce, la Ferme Saint-Siméon, à l’époque (mais les temps changent vite en ces années où le chemin de fer relie Paris à la Normandie) une auberge simplette pour pêcheurs et artistes. C’est là que Monet fut converti par Boudin à « aller sur nature ». [1]. Boudin-Monet et la Ferme : début d’une amitié commencée peu avant (c’est sans doute en 1858, au Havre, chez Gravier, ancien associé de Boudin, que le jeune Oscar-Claude Monet, qui exposait ses premières caricatures à côté des marines de l’Honfleurais, fit la connaissance de ce dernier qui lui conseilla de changer de style et de technique : « Etudiez, apprenez à voir et à peindre, faites du paysage. ») [2].


2. Eugène Boudin (1824-1898)
Honfleur, le clocher Sainte-Catherine, vers 1897
Huile sur panneau - 55 x 43 cm
Honfleur, musée Eugène Boudin
Photo : Daniel Couty
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3. Eugène Boudin…

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